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A propos d’une priere pour les juifs approuvée par Benoit XVI
Amitié Judéo-Chrétienne de France
France (2008/02/08)
Le retour au rituel de St Pie V (la messe en latin), exceptionnellement concédé aux quelques fidèles qui lui demeurent attachés, ne doit pas nous faire oublier que la liturgie de Paul VI élaborée après le concile Vatican II demeure le rituel ordinaire pour l’ensemble des catholiques. De plus, dans le cadre de l’autorisation de revenir au rituel antérieur, un décret récent du Vatican modifie dans le rite traditionnel la prière pour les juifs du Vendredi saint afin de lui enlever ce qu’elle avait d’offensant. C’est la rédaction de cette correction qui fait aujourd’hui débat.
Le « perfidis » appliqué aux juifs avait été supprimé par Jean XXIII, aujourd’hui Benoît XVI enlève la mention de leur « aveuglement ». Malheureusement, une des deux phrases qui composent cette prière mentionne l’intention que le peuple d’Israël reconnaisse Jésus comme « sauveur de tous les hommes ». Ceci peut être compris comme enveloppant le prosélytisme tragique du passé, lui donnant a posteriori un fondement. Le risque est de susciter chez les juifs un doute à l’égard des catholiques et un scepticisme quant au dialogue avec eux.
Dans ces conditions, il est indispensable de se reporter au texte qui, lors de l’élaboration de la déclaration Nostra Aetate §4, a été pour les Pères du Concile la référence essentielle, la lettre de saint Paul aux Romains. Quand l’apôtre parle de « l’endurcissement » d’Israël (Rm 11, 23...), il le fait par rapport à la reconnaissance de Jésus comme Messie, ce qui est un fait, mais il ne nous appelle pas à convertir les juifs, il dit que la question de leur endurcissement sera résolue quand la « totalité des païens (sera) entrée ». C’est donc de notre propre conversion et de notre mission dans le monde comme chrétiens que dépend l’issue d’une rupture ressentie par lui comme un drame et un « mystère » dont le sens ultime n’apparaîtra que dans la plénitude des temps. Lisant cette épître, les chrétiens deviennent conscients de ce qu’ils oublient trop souvent : la dimension eschatologique de leur foi qui les place dans une perspective d’avenir où la foi juive et la foi chrétienne sont pleinement respectées. Comme le disait en 1985 la Commission du Saint Siège pour les relations religieuses avec le Judaïsme dans ses « Notes pour une correcte présentation des juifs et du judaïsme dans la catéchèse et la prédication de l’Eglise catholique » au 2ème paragraphe N°10 : « Lorsqu’il considère l’avenir, le peuple de Dieu de l’Ancienne et de la Nouvelle Alliance tend vers des buts analogues [...] même si c’est à partir de deux points de vue différents », l’attente de la venue du Messie (point de vue juif)... l’attente de son retour (point de vue chrétien). Selon la foi chrétienne, juifs et chrétiens vivant en plénitude leur foi « se rencontrent dans une espérance fondée sur une même promesse faite à Abraham (Gn 12, 1-3, Heb 6, 13-18) ».
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