D'autres articles de cet numéro | En anglais | En français
Le Cardinal Augustin Bea: Centenaire de sa naissance
Ramon Torrela
Le 28 mai 1981 était le jour du centième anniversaire du Cardinal Bea, SI., qui fut le premier Président du Secrétariat pour l'Unité des chrétiens, nommé par le pape Jean XXIIL Il exerça à ce poste une grande influence dans le domaine de l'oecuménisme, particulièrement pour tout ce qui touche les relations entre l'Eglise catholique et les juifs ainsi que la liberté religieuse. Face aux nombreux problèmes qu'il eut à affronter pendant le Concile Vatican II et jusqu'à sa mort, il resta fidèle à sa conviction que la réconciliation ne peut être fondée que y sur l'amour et le respect de la personne humaine ».
Cette même année 1981 est celle de trois autres centenaires (de naissance) importants: celui du Pape Jean XXIII, tant aimé, auquel nous devons la convocation du Concile Vatican II, celui de l'abbé Couturier, l'apôtre infatigable de l'oecuménisme et initiateur des semaines pour l'Unité, et celui du Père Teilhard de Chardin, cet éminent penseur qui a tenté, dans une vision globale, de réconcilier les exigences de la science et celles de la foi.
Pour commémorer le centenaire de la naissance du Cardinal Bea, Monseigneur Ramon Torella, Vice-président du Secrétariat pour l'Unité des chrétiens, a envoyé aux présidents de la commission oecuménique ou aux responsables pour l'oecuménisme des Conférences épiscopales la lettre circulaire que nous reproduisons ci-dessous, lettre issue du Vatican le 16 mars 1981 et publiée dans le Service d'Information » du Secrétariat pour l'unité des chrétiens N. 46, 1981/11.
Dans trois mois, le 28 mai de cette année 1981, cent ans seront écoulés depuis la naissance du Cardinal Augustin Bea.
C'est une coutume chrétienne vénérable que de remercier Dieu pour la vie de ses grands serviteurs. Beaucoup de gens très différents ont eu et ont encore des motifs de remercier Dieu pour la vie du Cardinal Bea. Bien des nations lui ont accordé honneurs et décorations au long de sa vie. Cependant, après ses 70 ans, alors que la plupart des hommes ont choisi de se retirer, il menait encore la vie calme et laborieuse d'un savant bibliste, écrivain et consulteur â Rome.
Le grand sommet de sa vie était encore à venir —on se souviendra de lui essentiellement pour ce qu'il fit après 80 ans.
Le 2ème Concile du Vatican a laissé une marque indélébile dans l'histoire de l'Eglise, et parmi ceux qui ont marqué ce concile, Augustin Bea a une place éminente.
Tout au long de ces années récentes, peu nombreuses, et d'importance capitale, aussi bien que lors des longues années pleines de quiétude, le cardinal rayonnait la paix, le calme, l'absence d'agitation. Un unique fil relie tous les grands problèmes auxquels il s'attacha inlassablement pendant le concile et jusqu'à sa mort: la réconciliation fondée sur l'amour et le respect de l'homme. Saint Paul situe la réconciliation au coeur du mystère chrétien: « Et le tout vient de Dieu, qui nous a réconciliés avec lui par le Christ et nous a confié le ministère de laréconciliation (2 Cor 5,18). Le cardinal Bea saisissait ce ministère de la réconciliation dans toute son étendue et avec un sérieux prophétique. Les Juifs, qui ont tant souffert de la haine déguisée en zèle; les autres non chrétiens également; et par-dessus tout, ceux qui ont été baptisés en Christ et que sépare encore de nous l'héritage de l'histoire: tous il les accueillit avec l'amour qui réconcilie.
Le centenaire de sa naissance est un moment opportun pour remercier Dieu de cette perspicacité du cardinal Bea et de ce qu'elle a déjà accompli. Mais c'est aussi le moment d'envisager, avec le réalisme qui était le sien, ce qui reste à accomplir; l'amertume, la bigoterie, le fanatisme, l'obstination, le soupçon, sont des fléaux toujours actuels qui invoquent souvent le nom de Dieu; les envisager avec réalisme, mais aussi avec courage, ténacité et espérance.
Ce centenaire sera célébré à Rome au cours de l'année par un symposium qui mettra en lumière son oeuvre et l'influence qu'il a exercée en ce qui concerne la liberté religieuse, les éléments fondamentaux de l'oecuménisme, et les relations entre catholiques et juifs. Mais ce qui a le plus de signification pour le monde en général, c'est la personne du Cardinal. Nous aimerions beaucoup que le 28 mai ou un jour convenable qui s'en rapproche. soit transformé en journée d'actions de grâces et de renouvellement de l'engagement dans la recherche de la réconciliation. Une messe et une homélie à laquelle les non catholiques seraient invités à participer d'une façon appropriée serait une manière de tendre grâces, mais d'autres peuvent être suggérées et être également adoptées. Dans l'élaboration de ces projets, on devrait se souvenir que les juifs, s'il en existe dans votre territoire, seraient sans doute particulièrement intéressés par le partage d'un tel acte de commémoration et d'actions de grâces.
Dans l'hémisphère sud, cet anniversaire prend place d'une manière spécialement favorable, au début de la période consacrée habituellement à la prière pour l'unité.
On peut rappeler que cette année est également le centenaire de la naissance du Pape Jean XXIII et de l'Abbé Paul Couturier; tout cela rend encore plus opportuns un bilan de l'oecuménisme et un renouvellement de notre engagement. Les jeunes, en particulier, peuvent avoir besoin d'entendre parler de l'impact que ces grands hommes ont eu sur l'histoire.
Dans les divers instituts d'enseignement supérieur, nous espérerions voir organiser un programme d'une ou deux journées, pendant lesquelles on parlerait aux étudiants du lien entre le cardinal Bea et le mouvementoecuménique dans l'Eglise catholique. A ce moment-là, on pourrait donner des conférences ou diriger des séminaires afin d'encourager la participation des étudiants à la discussion sur les buts et les méthodes de la recherche de l'unité chrétienne. Cette période serait aussi utile aux enseignants pour rénover leur propre dévouement à la cause de l'unité, comme l'ont inspiré le Pape Jean, en fondant le Secrétariat, et le cardinal Bea, qui fut son premier président.
Le cardinal Willebrands, président du Secrétariat pour l'unité des chrétiens et de la Commission pour les relations religieuses avec le judaïsme, a lu cette lettre et lui a donné son plein appui. Je suis sûr de pouvoir compter sur votre coopération pour la mise en application des suggestions exprimées ci-dessus, de la manière la plus adaptée aux circonstances locales de votre territoire.
Veuillez agréer l'expression des mes sentiments respectueux et fraternels.