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Revue SIDIC XXIX - 1996/1
Teshuvah et repentance (Pag. 18 - 19)

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La repentance envers Israël
Une interview du P. Bruno Hussar

 

Nous citons ici, avec l'aimable autorisation du Comité Oecuménique d'Unité chrétienne pour la Repentance envers le peuple juif (COEUR), la troisième partie de l'entretien d'un membre de l'association COEUR avec le P. Bruno Hussar, O.P., rappelé à Dieu en février dernier (cf.p..). Cet entretien a paru dans la revue de l'association intitulée Yerushalaïm, N.2 - 1994, p.15.

Père Bruno, comment entendez-vous la "repentance" à la lumière de votre expérience de chrétien vivant en Israël, en vue de la réalisation de son rêve de réconciliation entre les deux peuples?

e crois que la première chose pour la réconciliation, c'est de reconnaître la vérité des relations qui ont existé jusqu'à ce jour. Il ne faut pas s'arrêter là: il faut aller de l'avant. Mais il faut cheminer comme Paul VI l'avait fait après le Concile oecuménique Vatican II. Dans l'Eglise Saint-Paul-Hors-Les-Murs à Rome, il avait demandé pardon aux protestants pour tout le mal que les catholiques leur avaient fait, et pour la part qu'ils avaient prise dans les guerres de religion. Cela a rendu possible un véritable travail oecuménique dans l'Eglise, parce que l'Eglise a reconnu ses responsabilités dans la haine qu'il y avait entre catholiques et protestants. Il va falloir faire la même chose avec les juifs. Mais je dirais beaucoup plus encore, quand on connaît l'histoire. Evidemment, il y a peut-"être des gens qui diront: "Mais qu'avons-nous fait aux juifs?"

Quand on connaît l'histoire, l'histoire de la persécution des juifs par les chrétiens, par des évêques et des chefs d'Eglises, quand on sait ce que Jules Isaac appelle "l'enseignement du mépris" dans les catéchismes, quand on sait réellement ce qui s'est passé, je dirai: "Comment ne pas avoir honte que des personnes ayant la même foi que moi, appartenant à la même Eglise que moi, aient pu défigurer l'évangile de Jésus-Christ à ce point-là. Comment a-t-on pu vivre d'une façon tellement opposée à l'Evangile de Jésus-Christ.

Je sais que l'on dira: "Mais moi, personnellement, je n'ai rien fait!" D'abord, est-on bien sûr qu'aujourd'hui on ne fasse rien, qu'il n'y a plus d'antisémitisme plus ou moins larvé chez les chrétiens? Il y a encore beaucoup de mépris, d'idées préconçues à l'égard des juifs. Mais, admettons que je n'ai rien fait personnellement. Je connais de jeunes Allemands qui savent ce qu'on a fait sous Hitler contre les juifs. Ils reconnaissent la réalité de la Shoah, l'extermination de 6 millions d'hommes, de femmes et d'enfants d'un même peuple. Ils sont jeunes, ils n'ont aucune part là-dedans. Pourtant ils ont honte pour leur peuple, honte que cela ait pu se passer.

Je crois qu'il faut distinguer entre responsabilité et culpabilité. On peut ne pas être personnellement coupable en ce sens que l'on n'a pas vécu en ce temps-là; mais du fait que l'on appartient à un corps, je porte une part de la responsabilité de ce corps auquel j'appartiens. Je peux vouloir que ce corps que l'on appelle le corps mystique du Christ, l'Eglise, répare le mal qu'il a fait, que l'Eglise le reconnaisse au moins, que les chrétiens disent: "Nous avons péché" comme les juifs le disent à Yom Kippur...

Je crois que c'est la même chose pour les chrétiens à l'égard des juifs: nous sommes un corps qui n'a pas nécessairement la culpabilité personnelle, mais nous portons une part de la responsabilité collective. Nous sommes responsables. Nous voulons que ce corps auquel nous appartenons soit, d'une certaine façon, lavé de toutes ses taches du passé. Le vrai pardon peut laver.

Alors, une fois que l'on a reconnu le mal que l'on a fait, cela va être difficile pour le juif d'accepter cet aveu parce qu'il a trop souffert. On ne peut pas demander à un blessé de ne pas souffrir quand ses blessures sont exposées à l'air, cela sera donc difficile. Mais les générations passent. On se souviendra que l'Eglise a demandé pardon. Lorsque

 

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