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Présentation
Les editeurs
Nous trouvons dans la Bible (Dt 31,15-20) un appel pressant à « choisir la vie ». Mais comment le faire de nos jours, en cette période difficile où s'enfante le monde de demain (et que nous décrit si bien E. Balducci en son article p. 4-10), en cette période de changements où nous guettent la violence et la peur, sinon en oeuvrant de toutes nos forces à l'instauration de la paix?
La paix cependant, telle que nous la décrit A. Abecassis sous l'image du fleuve (p. 12), celle qui rassemble, partage, enrichit et permet à la vie de s'épanouir, cette paix-là ne se bâtit pas sans peine. Elle est fragile, toujours à refaire. Elle exige que nous surmontions la violence qui est en nous, indivi duellement et en groupes, ou plutôt J'aspect destructif de cette violence, car celle-ci peut être créatrice, elle aussi, et contribuer à l'instauration du Royaume de Dieu, comme le dit Jésus dans l'Evangile (Lc 16,16; Mt 11,12).
Comment bâtirons-nous la paix? La Bible a-t-elle encore quelque chose à nous dire et peut-elle guider notre chemin, alors que nous allons vers un monde tout différent, et que les mutations s'accompagnent de déséquilibres et d'affrontements? Le message même de la ~Bible n'est-il pas marqué par une mentalité belliqueuse, celle d'époques où la violence semblait une loi de l'histoire, où elle était acceptée, parfois même justifiée? C'est une question grave qui se pose de nos jours et que l'interview de G:L. Prato (p. 15-17) ne fait qu'aborder.
A.J. Muste a écrit: « II n'y a pas de chemin vers la paix, mais c'est la paix qui est le chemin». Cela s'applique à tous les aspects, à tous les âges de la vie, et nous tous qui nous réclamons de la tradition biblique, nous avons l'obligation impérieuse de poursuivre cette paix sans cesse, selon la parole du psaume (34,15): « Recherche la paix et poursuis-la ». Et pourquoi cela? C'est qu'au coeur de cette paix, Dieu se révèle, un Dieu incompréhensible, plus fort que le mal, capable de rendre la vie aux morts eux-mêmes; un Dieu qui éveille l'espérance au coeur des humains, une espérance qui est ellemême immortelle, capable de patienter et de souffrir pour que naisse enfin une création nouvelle.
Où en sommes-nous, de nos jours, sur la voie du Shalom entre nos Eglises et le peuple juif, sur le chemin de cette paix « fondamentale » ou « radicale », pour laquelle tant d'entre nous souffrent et travaillent dans l'espérance? Nous avons vu des signes, certes, des réalisations... mais les événements de ces derniers mois ont montré combien cette paix est fragile: elle ne coule pas encore « comme un fleuve » entre nous. 11 nous faut continuer le chemin dans la confiance, car la tâche qui nous est confiée n'est pas seulement nôtre, elle est celle de Dieu et concerne l'ensemble de l'humanité. Comme le disait récemment le Pape Jean Paul II:
« Enfants d'Abraham, juifs et chrétiens sont appelés à être bénédiction pour le monde (Gn 12,2...) en s'engageant ensemble pour la paix et la justice entre tous... » (Mayence 1980).