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Documents sur les Rélations juifs-chrétiens

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Directives pour les relations entre catholiques et juifs

Sous-Commission des Evêques catholiques américains pour les affaires judéo-catholiques
États-Unis (1967/03)

 

En mars 1967, la Sous-Commission des Evêques catholiques américains pour les affaires judéo-catholiques présidée par Mgr Francis P. Leipzig de Baker (Oregon) a publié dix principes généraux et dix suggestions de programmes par lesquels les catholiques peuvent répondre à la Déclaration conciliaire Nostra Aetate.

Perspectives

Dans la « Déclaration sur l'attitude de l'Eglise à l'égard des religions non-chrétiennes » de 1965, le Concile Vatican II promulgua un décret historique sur les juifs, et exhorta les catholiques à réviser leur attitude envers ce peuple, ainsi que leurs relations avec lui.

Ce décret était effectivement le point culminant de l'initiative et des déclarations des récents Pontifes, comme aussi des nombreuses tentatives faites dans l'Eglise en faveur d'une entente harmonieuse des vues pénétrantes présentées par l'encyclique du Pape Paul VI: Ecclesiam suam, et par les textes concilaires: « la Constitution de l'Eglise » et « le Décret sur l'OEcuménisme ».

L'appel du Concile à une rencontre fraternelle avec les juifs, peut être considéré comme l'un des fruits les plus importants de cet esprit de « renouveau » engendré par le Concile dans ses délibérations et décrets. N'était-ce pas là, en vérité, la réponse donnée aux célèbres paroles d'accueil du Pape Jean XXIII, dans lesquelles il embrassait tout le peuple juif: « Je suis Joseph votre frère » (Gn 45, 4).

Plus spécifiquement, l'appel du Concile prouve que l'Eglise reconnaît les conflits et tensions qui ont séparé chrétiens et juifs depuis des siècles, et sa décision de les faire disparaître. Par cet appel, enparole et action, l'Eglise admet que de multiples souffrances et injustices ont été infligées au peuple juif par les chrétiens, tant de nos jours que dans le passé. Ce décret établit, de par l'autorité la plus haute de l'Eglise, « que toute injustice commise envers les juifs, de quelque source qu'elle provienne et à n'importe quel moment, ne sera jamais approuvée ni soutenue par l'Eglise catholique ».

Le message du décret conciliaire est clair. Evoquant en termes émouvants « le lien qui relie spirituellement le peuple du Nouveau Testament avec la lignée d'Abraham », les Pères du Concile nous rappellent la place spéciale que tiennent les juifs dans la perspective chrétienne car « aujourd' hui comme jadis les juifs restent très chers à Dieu, à cause de leurs pères, et ses dons et son appel sont sans repentance ». Les Pères nous avertissent que, par conséquent, « il ne faut pas présenter les juifs comme réprouvés par Dieu, ni maudits, comme si cela découlait de la Sainte Ecriture ». La Passion de Jésus « ne peut être imputée ni indistinctement à tous les juifs vivant alors, ni à ceux de notre temps ». Le décret déclare que « l'Eglise déplore les haines, les persécutions et toutes les manifestations d'antisémitisme, qui, quels que soient leur époque et leurs auteurs, ont été dirigées contre les juifs ».

A la lumière de ces principes, les Pères du Concile demandent « que tous aient soin dans la catéchèse et la prédication de la Parole de Dieu, de n'enseigner quoi que ce soit qui ne soit conforme à la vérité de l'Evangile et à l'esprit du Christ ».

Le Concile veut « encourager entre juifs et chrétiens la connaissance et l'estime mutuelles, qui naîtront surtout d'études bibliques et théologiques, ainsi que d'un dialogue fraternel ».

Répondant au pressant appel du décret conciliaire sur les juifs la Conférence épiscopale des Etats-Unis a créé, au sein de sa Commission pour les questions oecuméniques, une Sous-Commission pour les relations avec les juifs, dont le président est Mgr Francis Leipzig, évêque de Baker; le vice-président: Mgr Aloysius Wycislo, évêque auxiliaire de Chicago, et le Secrétaire, le Révérend George Higgins. Cette Sous-Commission entend se donner exclusivement aux affaires judéo-chrétiennes. Les directives suivantes, composées par la Sous-Commission épiscopale, visent à encourager et à aider les divers diocèses du pays dans leurs efforts pour rendre effectif, à tous les niveaux de l'Eglise, l'enseignement du Concile.

L'Eglise d'Amérique se trouve devant l'occasion unique de faire avancer dans le monde entier la cause favorable à l'entente judéo-chrétienne, de continuer la direction prise dans cette voie par les Evêques américains lors du grand débat qui eut lieu au Concile à propos de ce décret.

Aux Etats-Unis se trouve la plus importante communauté juive du monde. Dans cette terre d'accueil pour les immigrants et les réfugiés fuyant la persécution, l'Eglise s'est engagée sans réserve à partager l'idéal américain d'une justice et d'une chance égales pour tous. Par une telle attitude, l'Eglise d'Amérique de notre temps est providentiellement placée pour se distinguer dans la poursuite des intentions du décret conciliaire.

Nous avons le pieux espoir que les normes et recommandations des directives suivantes aideront les catholiques américains à atteindre ce noble objectif.

Principes généraux

1. Il est recommandé que dans chaque diocèse où vivent des juifs et des chrétiens, une Commission, un Secrétariat ou une personne soient chargés des questions relatives aux juifs.

2. Dans l'esprit de la déclaration du Concile sur l'oecuménisme, les catholiques devraient prendre l'initiative non seulement dans les relations avec les protestants et les orthodoxes, mais aussi pour créer une meilleure compréhension entre catholiques et juifs. Les initiatives publiques et officielles doivent cependant être approuvées par l'Ordinaire du diocèse.

3. L'objectif général de toutes les rencontres entre juifs et catholiques est une meilleure compréhension et du judaïsme et de la foi catholique, l'élimination des sources de tension et de mésentente, l'établissement de dialogues ou de conversations à différents niveaux, ainsi que de nombreuses réunions de groupes entre catholiques et juifs, et le développement de la coopération sur le plan de l'action sociale.

4. Ces rencontres doivent se faire dans un esprit d'authentique respect pour les personnes, en laissant toute liberté à tous les participants, et en étant disposé à apprendre en écoutant les autres. Elles doivent être organisées d'un commun accord.

5. Afin d'éviter d'éventuelles appréhensions au sujet des objectifs de ces rencontres, leurs intentions et leurs limitations doivent être établies à l'avance d'un commun accord.

6. Pour maintenir le dialogue au niveau le plus élevé possible, il est souhaitable de consulter les personnes expérimentées en ce qui concerne l'organisation, la valeur doctrinale et les autres qualités personnelles requises pour le dialogue.

7. Il va de soi que, dans le dialogue, le prosélytisme doit être banni, car le dialogue, a dit le cardinal Bea, « porte non pas tant sur les différences entre le christianisme et les autres religions, c'est-à-dire sur les caractéristiques du christianisme, que sur ce qu'il a en commun avec les autres croyances ». (The Church and the Jewish People).

8. La prière commune avec les juifs, spécialement pour des préoccupations communes comme la paix, le bien de la communauté, doit être encouragée chaque fois qu'elle est possible. Inutile de dire que ces prières doivent correspondre à la sensibilité spirituelle des deux parties, en trouvant leur inspiration dans notre foi commune en un seul Dieu.

Programmes recommandés

1. Les relations entre ;catholiques et juifs doivent s'établir à tous les niveaux: clérical et laïc, cultivé et populaire, religieux et social.

2. Un excellent instrument est fourni par le dialogue sous forme de conversation de groupe où des participants compétents discutent avec franchise, simplicité et amitié les questions prévues. Ceux qui ne sont pas bien au courant des questions interconfessionnelles courent le risque de blesser inconsciemment s'ils se font une image inexacte de la doctrine ou des coutumes des autres.

3. Les organisations diocésaines et paroissiales, les écoles, collèges, Universités, et spécialement les séminaires, doivent mettre sur pied des programmes pour l'application de la Déclaration conciliaire.

4. La Déclaration conciliaire doit être exposée en chaire, en exhortant à participer à des programmes adaptés au niveau paroissial.

5. Les manuels scolaires, les recueils de prières, etc., doivent être examinés par des personnes compétentes pour en écarter non seulement ce qui ne concorde pas avec le texte et l'esprit de la Déclaration du Concile, mais aussi ce qui ne met pas dans une lumière positive le rôle du judaïsme dans l'histoire du salut.

6. Il est recommandé de travailler d'une façon effective à une meilleure compréhension entre juifs et catholiques dans les milieux populaires au moyen de ce qu'on appelle les « open houses » dans les lieux de culte, des visites réciproquesaux écoles, de l'action sociale commune et des conversations amicales.

7. On doit encourager la coopération entre juifs et catholiques dans le domaine de l'action sociale au service du bien commun et de la moralité publique.

8. Les ressources pour l'application de ces recommandations pourront être trouvées auprès des différentes organisations catholiques et juives qui se préoccupent des relations judéo-chrétiennes. On peut aussi entrer en contact avec des organisations protestantes et des experts.

9. Si les programmes destinés à améliorer les relations entre juifs et chrétiens sur le plan populaire doivent être mis en oeuvre sans délai, la priorité doit aussi être donnée à des recherches plus lentes et plus profondes entreprises par des intellectuels catholiques et juifs. Etant donné que bon nombre des problèmes relatifs aux relations entre catholiques et juifs sont d'ordre intellectuel, on doit vivement recommander les recherches individuelles ou collectives entreprises par des intellectuels juifs et catholiques sur le plan de l'histoire, de la sociologie, de la psychologie et de la Bible.

10. Les thèmes suivants qui, entre autres, sont considérés par les spécialistes chrétiens et juifs comme importants pour les relations entre juifs et chrétiens, méritent de retenir spécialement l'attention des éducateurs et des intellectuels catholiques:

a) Les études et les efforts pédagogiques destinés à montrer l'héritage commun des catholiques et des juifs, ainsi que leurs différences, sur le plan historique, biblique, doctrinal et liturgique.

b) Une présentation du récit de la Passion qui n'implique pas que tous les juifs du temps de Jésus et d'aujourd'hui soient collectivement coupables de sa crucifixion, ainsi que cela est demandé par la Déclaration du Concile.

c) Une présentation franche et honnête dans nos livres d'histoire et nos manuels scolaires de l'histoire de l'antisémitisme chrétien, en tenant compte de la façon radicale dont la Déclaration du Concile rejette l'antisémitisme.

d) Une étude de la vie de Jésus et de l'Eglise primitive placée dans le cadre religieux, social et culturel de la vie juive au ler siècle.

e) Un rejet explicite de la conception historiquement inexacte selon laquelle le judaïsme de cette époque, spécialement celui des pharisiens, n'était qu'hypocrisie et formalisme décadent, à l'exemple des ennemis de Jésus.

f) La prise de conscience, chez les intellectuels catholiques, de la vie et de la réalité complexe du judaïsme après le Christ, ainsi que de la permanence de l'élection d'Israël, à laquelle fait allusion saint Paul (Rm 9, 29), et l'insertion de leurs conclusions dans la doctrine catholique.

g) Une explication exhaustive et précise de l'expression « les juifs » chez saint Jean
et dans les autres écrits du Nouveau Testament qui semblent présenter tous les juifs sous un jour négatif. (Ces expressions et références devraient être pleinement clarifiées dans l'esprit indiqué par la Déclaration conciliaire lorsqu'elle dit que « les juifs ne doivent pas être présentés comme réprouvés par Dieu ni maudits, comme si cela découlait de la Sainte Ecriture ».)

Cette Sous-Commission pour les relations entre catholiques et juifs reste à la disposition des individus ou groupes des différents diocèses qui désirent un supplément d'information, une aide pratique ou des suggestions pour leurs efforts dans le domaine des rapports entre juifs et catholiques.



La correspondance devra être adressé au Rev. Edward H. Flannery, Executive Secretary, Secretariat for Catholic-Jewish Relations, c / o. Seton Hall University, South Orange, N. J., 07079.

(Pour les Principes généraux et les Programmes recommandés la traduction est empruntée à la Documentation catholique n. 1507).

 

 

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