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Revue SIDIC V - 1972/3
Les jeunes, juifs et chrétiens: leur recherche de Dieu (Pag. 22 - 24)

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Recherche religieuse des jeunes en Israël
Benjamim Yaffe

 

Il est bien difficile de généraliser en parlant de la jeunesse d'Israël. Quand on dit « Jeunesse » on parle de l'âge (moins de vingt ans), mais il faut tenir compte du fait qu'Israël est composé de Juifs venant de soixante dix nations. La plupart des jeunes sont nés en Israël, mais un bon nombre d'entre eux son arrivés en bas âge avec leurs parents. Il y a entre eux des différences dans leur passé, dans les appartenances culturelles et religieuses de leurs parents. Les familles venant de pays musulmans sont différentes de celles qui viennent d'Europe Occidentale; les Juifs de Russie ne sont pas comme ceux qui viennent des U.S.A. ou de l'Amérique du Sud. Chaque pays a une influence différente sur une famille juive. Dans certains pays les Juifs sont vraiment_ religieux, ailleurs ils sont traditionnels pourrait-on dire, sans être très orthodoxes. Un grand nombre de Juifs venant de l'Ouest ont tout un passé d'assimilation et s'efforcent de s'intégrer complètement, dans un contexte culturel et social, à la population du pays correspondant.

En ce qui concerne l'éducation, le système scolaire en Israël dans la Communauté juive est réparti en trois espèces d'écoles: le système général de l'école publique; les écoles religieuses d'Etat (c'est le cas d'environ 40% des écoles); et les écoles religieuses indépendantes pour les milieux ultra-orthodoxes qui sont une petite minorité. Dans ce système les parents décident de l'école à laquelle ils veulent envoyer leurs enfants; mais il faudrait souligner ici qu'un bon nombre d'élèves du système général d'éducation viennent de familles religieuses ou traditionnelles. Ce qui fait la différence entre le système général et les écoles religieuses, c'est que dans celles-ci on prie à l'école, les maîtres sont généralement orthodoxes et l'on demande aux élèves d'observer les prescriptions religieuses. De plus, dans ces écoles religieuses, on donne davantage de temps et d'importance aux matières religieuses. Par ailleurs, dans les écoles générales, la Bible et le Talmud ont une place de choix dans le programme, mais on n'insiste par sur l'aspect religieux des idées. L'école générale ne plaide pas pour les idées athées ni pour essayer d'influencer les élèves de quelque façon, les empêcher de croire ou leur faire rejeter la religion. Le Ministre de l'Education est très attentif à cela, et si cela se produisait, le professeur en question serait censuré. L'idée sous-jacente au système général est celle-ci: donner à l'élève la possibilité d'une formation à la foi s'il le désire, mais alors ceci ne dépend pas de l'école mais des parents.

Or, l'influence de la famille diminue partout, bien que dans les communautés orientales (qui comprennent des Juifs de pays musulmans) l'influence du père soit encore grande. De nos jours, très souvent, l'influence des rues, des amis, des mass-media, etc... est au détriment de la transmission des traditions; et l'influence de la sécularisation sur tous les groupes de la Communauté ne saurait être minimisée.

Pour la présentation de cette analyse, il il semble convenable pour cerner les grands traits de la conjoncture actuelle, de dire qu'il y a plusieurs courants principaux dans la société israélienne: le premier groupe s'efforce d'approfondir l'étude religieuse dans l'optique des directives traditionnelles et orthodoxes; le second est à la recherche de nouvelles formes de religion juive, et le troisième est indifférent à l'expérience religieuse. Il n'y a guère que de très petits groupes qui développent une certaine hostilité ou qui rejettent la religion pour plusieurs motifs: pression des parents, révolte contre eux, manque de connaissance ou d'intelligence de la question, ou influence de la société séculière.

Du premier groupe, nous pouvons dire qu'il est en croissance. La jeunesse religieuse actuelle d'Israël poursuit ses études dans un grand nombre d'écoles spéciales, les Yeshivot (Instituts pour l'étude du Talmud) où l'on étudie également les matières profanes. Tandis qu'à l'école — et ceci est vrai surtout dans le système religieux — on trouve des membres de mouvements scouts religieux, après le « high school », beaucoup d'entre eux entrent dans les groupes du « Nahal » (soldats agriculteurs). Ils sont installés dans des kibbutz religieux spéciaux. Ces dernièrs années, un bon nombre de jeunes du système général, qui sont filles et garçons de familles non-orthodoxes; ont rejoint les rangs de la jeunesse religieuse et mettent en oeuvre un nouveau style de vie qui n'était pas habituel dans leur maison paternelle. Nous avons connaissance également d'un très petit nombre de jeunes, nés et élevés dans des kibbutzim non-religieux, qui sont revenus à l'orthodoxie et sont devenus leaders de la jeune génération de religieux. Une excellente illustration de ceci est Rabbi Steinsaltz, qui, né dans un kibbutz de gauche, élevé là, est maintenant l'un des dirigeants parmi les savants talmudistes; il exerce une large influence sur la jeunesse juive. Un autre cas bien connu est celui de Zvi Luz, fils d'un ancien président de la Knesset; il a été élevé dans un kibbutz non-religieux, Deganya B, et il mène aujourd'hui une vie complètement orthodoxe. Il occupe une chaire de littérature à l'Université religieuse de Bar Ilan.

La seconde catégorie est beaucoup moins nombreuse, mais èn croissance: c'est la jeunesse des villes, des kibbutz et des villages; on peut les désigner par la dénomination dont ils se servent pour eux-mêmes: « Les jeunes en quête d'une nouvelle forme de vie ». Tous sont de familles non-religieuses, ils sont insatisfaits du statut orthodoxe traditionnel. Ils veulent de nouvelles formes, de nouvelles synagogues, et ils ont une approche plus intellectuelle des problèmes religieux. Certains de ces jeunes sont en relation avec la Réforme américaine et les rabbins conservateurs qui ont fondé et inauguré en Israël de petites congrégations. Ils publient un périodique spécial qui donne à cette nouvelle tendance la possibilité de mettre au jour d'une façon nouvelle sa « recherche de Dieu ». Ces jeunes ne sont pas limités par les traditions de leurs parents comme dans la première catégorie; ils pensent qu'ils se révoltent contre le rejet de la religion par leurs parents, et que, sauf si c'est pour une nouvelle expression du Judaïsme et pour son développement spirituel, la création de l'Etat d'Israël a bien peu de sens. En somme, nous pouvons dire que ce groupe est encore dans sa phase de définition et qu'il a une optique plus intellectuelle que celle que l'on voit dans le premier groupe.

La troisième catégorie est celle des indifférents à la religion. Certains d'entre eux sont de familles religieuses et, parfois, c'est la raison de leur indifférence. Après tout, la tendance des jeunes est de rejeter le style de vie des parents. Dans bien des cas, c'est une période à passer. Quand ils deviennent adultes, ils ont tendance à revenir à la forme traditionnelle, à fréquenter la synagogue et à élever leurs enfants dans la tradition de leurs ancêtres.

Comme cela a été dit plus haut, il y a des cas extrêmes qui rejettent la religion et les formes orthodoxes, qui tendent à appartenir à des groupes de gauche, à rejeter le style de vie et les traditions des générations passées. Ceci est un phénomène mondial vérifiable dans de nombreux pays. Il n'y a guère que le temps, l'éducation et l'âge qui peuvent liquider quelque peu ce contentieux.

La connaissance de la Bible et une étude intense du Judaïsme sont de puissants éléments de sauvegarde pour la transmission des traditions, mais il faut tenir compte du fait que le déracinement de communautés juives traditionnelles pour émigrer dans un nouveau pays comporte de soi des éléments de « révolution » et de changement pour les personnes. Un phénomène très intéressant dans l'Israël d'aujourd'hui est l'arrivée de milliers de gens arrivant de Russie avec leurs parents. En Russie, depuis près de soixante ans, existait un rejet de la religion et la connaissance du Judaïsme dans un sens plus large était très réduite. Ces jeunes arrivent donc sans aucun fondement spirituel juif. C'est seulement maintenantqu'ils font une nouvelle expérience et quelques-uns sont à la recherche d'une expérience religieuse qu'ils n'ont jamais pu faire. Le processus d'enseignement prend du temps et d'autre part l'atmosphère de sécularisation ne rend pas cet effort plus facile, mais malgré tout nous découvrons des résultats surprenants à partir de ce premier contact avec le Judaïsme et ses traditions. Ces jeunes nouveaux immigrants sont beaucoup plus réceptifs aux nouveaux aspects de la religion- et du judaïsme.

Dans l'ensemble nous pouvons être optimistes à propos de la jeunesse et de l'actuelle nouveauté de style de vie, mais tout progrès demande du temps et un long cheminement. Dans un pays dynamique comme Israël rien ne reste stagnant et toute chose se fait à la hâte. Nous pouvons donc prévoir bien des développements spirituels encore plus positifs.

Théodore Herzl, le père du Sionisme politique, disait que le retour à l'Etat d'Israël précède le retour au Judaïsme. Nous pensons que c'est ce qui arrive aujourd'hui.

 

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