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Notes explicatives
La rédaction
Vu la réalité complexe de la vie d'un peuple, du peuple juif en particulier — réalité changeante et en quelque sorte insaisissable — et la fluidité du langage qui reflète ce phénomène, nous croyons utile, à titre de référence et pour amorcer une éventuelle recherche du lecteur, de publier ces quelques notes explicatives élaborées à partir de la « Encyclopaedia juclaica » de Jérusalem, édition anglaise, Keter Publishing House, Jerusalem, Israel, 1971.
« HASIDIM »
Le terme « hasid » (pluriel « hasidim ») se trouve déjà dans la bible hébraïque et est employé fréquemment dans la littérature rabbinique. La signification de ce terme varie avec le temps et les milieux, et la date de l'apparition des hassidim comme groupe distinct dans la société juive ne peut être déterminée avec précision.
La signification de base de ce terme est celle de « pieux » et les hasidim de la période rabbinique étaient des hommes qui se distinguaient par leur fidélité au mitzvot, leur grande sollicitude pour leurs frères, et une crainte du péché qui les poussait à la pénitence et à un désir de purification constante. Ils formaient un groupe spécifique dans le judaïsme avec une doctrine spéciale, basée sur la tradition des « premiers hasidim » (hasidim ha-rishonim).
PHARISIENS
Parti (ou secte) politique et religieux de la période du Second Temple qui émergea sous sa forme distincte peu après la révolte hasmonéenne (165-160 av. J.-C.).
Les pharisiens se considéraient disciples d'Ezra qu'ils vénéraient après Moïse, comme fondateur du judaïsme. Ils soutenaient le principe de l'égalité de la loi orale et de la Torah comme sources de la religion. Ils essayaient d'adapter les anciens codes de la loi aux nouvelles conditions de vie. Ils admettaient le principe du libre arbitre en coordination avec celui de la prédestination; Ils croyaient à la resurrection des morts et à une vie future où celle d'ici-las serait récompensée.
Peu nombreux au début, les pharisiens en vinrent, vers le ler siècle après Jésus-Christ à représenter, les croyances, les pratiques religieuses et les attitudes sociales de la vaste majorité des juifs. Ils s'efforçaient d'imprégner les masses d'un esprit desainteté en transmettant fidèlement la tradition d'Israël. Chez les pharisiens les valeurs religieuses prévalaient sur les idéaux politiques au point de leur faire accepter une domination étrangère, respectueuse de leur mode de vie, de préférence à un gouvernement national, mais impie.
Les pharisiens visèrent pour la première fois à s'emparer effectivement du pouvoir à une date qui remonte environ à deux cents ans après l'exil de Babylone, par la lutte au pouvoir sur le Temple et la vie religieuse du pays que, jusqu'alors, les Saducéens détenaient seuls. La coutume de célébrer la liturgie à la synagogue, date probablement de cette époque et, selon toute vraisemblance, tire son origine de la tentative des pharisiens de miner l'autorité privilégiée des saducéens. Un certain nombre de cérémonies qui, à l'origine, se célébraient au Temple, furent transférées dans les synagogues et les maisons privées, et des hommes doctes mais non de descendance sacerdotale, commencèrent à jouer un rôle important dans les affaires religieuses et nationales. Tandis que la caste sacerdotale s'épuisait à vaquer aux actes rituels du Temple, les pharisiens découvraient leur rôle essentiel: l'enseignement et la prédication.
Le conflit qui surgissait entre les factions laïque et sacerdotale du Conseil et Tribunal suprême, le Sanhédrin, chaque fois qu'il était question d'interpréter la Torah pour résoudre les problèmes de la vie quotidienne, offrit aux pharisiens l'occasion d'incorporer les usages et les traditions populaires dans la vie religieuse du peuple juif et le rituel du Temple. Avec le temps, la rivalité entre pharisiens et saducéens dégénéra en un conflit sérieux qui les opposa en deux partis adverses ayant chacun leur théologie entremêlée de théories politiques. Du temps de Jean Hyrcan, les pharisiens furent expulsés du Sanhédrin et prirent le nom de Perushim, «les séparés ». Ils adoptèrent ce nom mais l'employèrent dans son sens alternatif d'« interprètes » de la loi. Des Centres importants d'enseignement pharisien furent plus tard fondés par des hommes tels que Shammaï, Hillel, Ishmael, et Akiva.
Au temps de la révolte hasmonéenne, il était évident que les doctrines théologiques pharisiennes, indiquées plus haut, soutenaient l'espérance des masses opprimées et influençaient la vie entière des juifs.
La période active des pharisiens s'étendit jusqu'à la fin du 2e siècle après Jésus-Christ et a profondément influencé le judaïsme orthodoxe en devenir. Après la destruction du Temple, en 70 après Jésus-Christ, les pharisiens consacrèrent leur énergie à l'activité éducative et ce sont les synagogues et les écoles pharisiennes qui prirent la relève dans la promotion du judaïsme.
RABBIN
Rabbin (Rabbi) dérivé du mot « rav •, signifie, en hébreu biblique, « grand ». Ce titre ne figure pas dans la bible hébraïque. Dans l'hébreu de la Mishna, « rav » est synonyme de maître, en opposition au terme « esclave »: « Un esclave se rebelle-t-il contre son maitre (rav)? » (Ber 10a). Ce n'est que durant la période tannaïque, au temps de la génération de Hillel, que le mot fut employé dans le sens de «Sage». Le passage du Nouveau Testament, (Mat. 23,7) dans lequel les scribes et les pharisiens sont critiqués parce qu'ils aiment se faire appeler « Rabbi », témoigne probablement de l'introduction récente du mot dans le vocabulaire courant. La parole « Rabbin » signifie littéralement « mon maître », mais avec le temps elle s'est transformée en titre accordé aux Sages. Ce titre n'était donné qu'à des personnes consacrées, les ordinations n'étant pas en usage, aux temps talmudiques, en dehors de Erez Israel, il ne pouvait être porté par les Sages de Babylone (les amoraim) qui adoptèrent le nom de « rav ». Dans le Talmud, le titre de Rabbin se réfère soit à un tanna, soit à un amora palestinien, tandis que le mot « Rav » se rapporte à l'amora babylonien. Le Rabbin du Talmud était avant tout un commentateur de la loi écrite et orale, et presque invariablement il exerçait une profession ou un métier qui lui permettaient de gagner sa vie. Avec le temps, surtout au Moyen-Age, le Rabbin devint principalement le chef spirituel d'une communauté.
SAGES
Terme employé pour désigner les personnalités qui ont modelé toute la vie du peuple juif et qui ont influé sur sa compréhension du passé et del'avenir, sur ses espoirs et ses orientations futures. La famille des Sages prospère depuis l'époque du Second Temple jusqu'au temps des conquêtes arabes (7e s. ap. J.-C.) cette période embrasse le gouvernement des Asmonéens, la domination de Rome, la révolte juive (66-70/73 ap. J.-C.), la destruction du second Temple, l'organisation autonome des Nesi'im en Erez Israël et l'apparition d'une diaspora puissante dans le monde gréco-romain et le milieu juif de Babylone. Le terme « Sages » regroupe différentes catégories de personnes: les membres de la Grande Synagogue, les scribes (soferim), les membres du Sanhédrin, les chefs des académies (nesi'im), les pharisiens, les hasidim, les mystiques et les haverim. Aucun de ces noms, celui de « pharisien » compris, n'est aussi approprié que celui de « Sages » pour évoquer la personnalité des animateurs spirituels et religieux de la période d'histoire juive dont il est question plus haut.
LA SYNAGOGUE
La synagogue, lieu de rencontre, de prière et d'éducation religieuse, est, avec le Temple, l'institution la plus importante du judaïsme. Elle a exercé une influence décisive, non seulement sur le judaïsme, mais aussi sur l'ensemble des religions organisées. Il n'existe cependant que très peu de sources historiques pour éclairer ses origines. Elle est née silencieusement et s'est développée dans l'ombre de l'histoire d'Israël pour faire son apparition définitive vers le 1er siècle après Jésus-Christ, comme institution adulte et fermement établie. Quoique certains persistent à faire remonter ses origines à la période du Premier Temple, c'est probablement l'époque de l'exil babylonien qu'il faut interroger pour comprendre le sens de cette institution: dans leur détresse, les Hébreux se réunissaient alors pour lire les Ecritures (Ez, 8,6; 14,1; 20,1). Il existait à Babylone une tradition fortement ancrée relative à la fameuse synagogue Shaf Ve-Yativ à Nehardea qui aurait été établie par les exilés de Jehoiachin. De toute façon, jusqu'au ter siècle après J.-C., les synagogues étaient plus nombreuses dans le pays de la Diaspora qu'en Erez Israël où le Temple demeurait le centre de la vie religieuse. Mais, même en Erez Israël, les Synagogues se multiplient et jouent leur rôle propre auprès du peuple juif (Voir les écrits de Josèphe et du Nouveau Testament). Après la destruction du Temple de Jérusalem et la fin du culte des sacrifices, la synagogue devient le foyer de la vie religieuse, intellectuelle et sociale du peuple juif.