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SIDIC Periodical I - 1968/1
Les études bibliques (Pages 13 - 16)

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Cours bibliques dans divers pays
La rédaction; L. Poulin

 

«Qu'ils (les fidèles) approchent donc de tout leur coeur le texte sacré lui-même,... soit par une pieuse lecture, soit par des cours faits pour cela ou par d'autres méthodes qui... se répandent de manière louable partout de notre temps ».
Dei Verbum No 25

Dans plusieurs universités d'Angleterre, des cours de Bible de niveau supérieur sont donnés depuis de nombreuses années déjà. A ces cours il faut ajouter des conférences, des cours de vacances, les uns interconfessionnels, les autres, anglicans, protestants ou juifs.

Du côté catholique, sans parler des cours dans les séminaires, le Père H. Richards prit l'initiative, il y a une dizaine d'années, d'organiser un cours du soir hebdomadaire, pour laïcs et religieuses. Actuellement il existe plusieurs de ces cours hebdomadaires, ainsi que des sessions d'été en divers points du pays. Ceux-ci sont généralement très suivis. Mais — comme l'écrit un correspondant d'Angleterre — « ils ne sont pas encore assez bibliques » et n'atteignent pas un public assez large. C'est ce qu'illustre le fait suivant:

L'automne dernier à Londres, à une réunion entre catholiques et méthodistes, une soeur proposa que l'on étudie l'unité visible du Peuple de Dieu, d'abord dans l'Ancien Testament, puis dans le Nouveau. Un catholique objecta que ce serait « pure perte de temps après la venue du Christ », et un méthodiste ajouta, « de toute façon, l'Ancien Testament n'est que l'annonce symbolique de la réalité contenue dans le Nouveau ».

Aux Etats-Unis, les Old and New Testament Reading Guides (Guides de lecture de l'Ancien et du Nouveau Testament), publiés par le « Liturgical Press » à Collegeville depuis 1960, ont initié un grand nombre de lecteurs à une compréhension plus profonde et vraie de la Bible. Ecrits par divers exégètes bibliques, ces fascicules portent la marque de l'érudition, sans être trop techniques. Edités en un format pratique et attrayant, chacun des 14 fascicules de la série des New Testament Guides comprend le texte d'un ou de plusieurs livres du N.T. accompagné de notes brèves et excellentes.

Cependant, certaines lacunes sont à signaler. Bien qu'écrits plus de quinze ans après « Divino Afflante Spiritu », une attention insuffisante est prêtée aux genres littéraires. Quant à la question des relations judéo-chrétiennes, il faut tenir compte que ces Reading Guides furent écrits avant le Concile. Les auteurs n'ont manifestement pas en vue le cadre juif du Nouveau Testament. Dans l'Introduction, en particulier, la question est à peine mentionnée. Il faut regretter également les généralisations et les simplifications excessives, par exemple dans l'introduction à l'Evangile de St Matthieu, où l'auteur parle des « espérances terrestres des contemporains de Jésus » et de « son (Israël) rejet par Dieu » (p. 8, voir aussi n° 7, pp. 67, 68, 75). Dans les notes sur l'Evangile selon Matthieu, revient la caricature bien connue des Pharisiens (pp. 24, 41, 73), preuve d'une méconnaissance du milieu juif au temps de Jésus. Ces exemples — entre beaucoup d'autres — montrent que les auteurs n'ont pas senti le tort que peut faire à la compréhension mutuelle entre juifs et chrétiens, une explication inexacte et unilatérale de certains textes du N.T. Une édition revue dans l'esprit de Vatican II viendra sans aucun doute y porter remède.

Au Canada une équipe de prêtres de Montréal publie un feuillet biblique: Parole Dimanche, qui a dépassé largement les 15 millions d'exemplaires, avec un tirage hebdomadaire de 36.845 dont 12.000 en langue anglaise. Répandu non seulement à Montréal mais encore à travers le Canada et les Etats-Unis, c'est un « instrument populaire d'initiation et de culture biblique » qui, depuis sa parution, il y a huit ans, a dû indiscutablement propager l'intérêt, la connaissance et l'amour de la Parole de Dieu. Dans un texte dense et très agréablement présenté, nous pourrions relever de multiples citations de commentaires excellents. Ainsi au n° 324, un rapprochement est fait entre Pâques chrétiennes et Pâque juive. L'auteur relève tout ce qui fait la beauté de celle-ci, la magnifique entr'aide qui groupe autour de la table familiale du Seder l'étranger et le nécessiteux; il cite enfin de très belles prières extraites de la Hagadah, le rituel de cette fête. Nous nous sentons concernés et unis à nos frères juifs dans la bénédiction de « Celui qui a fait pour nos pères et pour nous, toutes ces merveilles ».

De même au n° 308, très bon commentaire du Prologue de l'Evangile selon St Jean: « Et le Verbe est venu chez les siens, et les siens ne l'ont pas reçu ».

Hélas! Pourquoi devons-nous aussi rencontrer par-ci, par-là, quelques lieux communs de l'ancienne théologie sur Israël! Par exemple, au n° 296 nous trouvons:

« Les juifs considéraient le pardon des péchés comme prérogative divine. ...Ce pouvoir de " juger " cependant, Jésus le transforme en pouvoir de " pardonner ". Alors que dans la croyance juive, le Fils de l'homme devait séparer les saints des pécheurs (Dn 7), le jugement du Christ consiste à justifier les pécheurs pour les faire passer du côté des saints ».

C'est là fausser à la fois le judaïsme et le christianisme. En effet, Jésus n'a jamais voulu contredire les Ecritures (ici Dn 7 justement cité). De plus la Tradition juive nous dit par exemple que, à Roch Hachana, lorsque Dieu juge ses créatures, il abandonne son trône de justice pour s'asseoir sur celui de la miséricorde. Par ailleurs nous pouvons constater que, dans Matthieu 25, il nous est bien dit qu'au jugement dernier, les saints seront séparés des pécheurs. D'autres exemples pourraient être discutés: ils utilisent des généralisa-tions que l'exégèse biblique d'admet plus. Nous espérons qu'on y remédiera et que la grande influence de ces Feuillets Bibliques contribuera toujours plus à créer une mentalité de fraternité entre le chrétien et tous ses frères.

Depuis des années, le travail biblique en Autriche est stimulé par la revue Bibel und Liturgie, éditée par les Clercs Augustiniens de Klosterneuburg. Pendant cette dernière année, son influence a été élargie grâce à l'activité de l'association « Oesterreichisches Katholisches Bibelwerk » dont le secrétariat se trouve dans la même ville.

Le Comité de Direction de « Bibelwerk » a récemment émis le projet d'un programme de formation en 5 années pour théologiens, prêtres et laïcs pour leur faire connaître les courants actuels de la recherche biblique. Parmi ses membres, le Comité compte le Pr Schubert, bien connu pour son travail positif pour les relations judéo-chrétiennes. (Le Pr Schubert est directeur de l'Institut de Judaïsme à l'Université de Vienne.) Sa participation nous est une garantie que ces cours et ces rencontres ne peuvent que promouvoir une juste compréhension des juifs dans le contexte de la Sainte Ecriture.

Le centre « Ut unum sint » à Rome organise des cours bibliques par correspondance abondamment répandus dans toute l'Italie. Ceux-ci se composent de deux « Cours d'Introduction à la Bible » et trois cours spécialisés: « Le Message religieux de la Bible », « Bible - Famille - Liturgie » et « Bible et Liturgie ».

Ces cours sont de publication récente puisqu'ils citent souvent la Constitution « Dei Verbum » du Concile Vatican II. Mais dans le dépliant qui les présente nous trouvons malheureusement cette phrase: « Puisqu'Israël, dans son ensemble, a manqué à sa vocation missionnaire, Dieu a élu un petit " Reste " qui se réduira a un seul, Notre Seigneur Jésus-Christ ». C'est là simplifier l'origine du christianisme, origine largement et profondément juive, et oublier l'histoire complexe de son début.

Les cours cependant sont d'une tout autre envergure que ne le laisserait supposer cette introduction. Ce qui est surtout fortement à souligner dans ces travaux très complets et très documentés, c'est le souci constant des auteurs de donner l'interprétation des textes dans la Tradition des rabbins et du Talmud. Souvent aussi l'étymologie des mots hébreux fournit le sens véritable et profond d'un texte; son insertion dans la liturgie synagogale en montre l'importance et révèle les harmoniques que la piété des juifs a su lui donner. Ainsi la magnifique prière quotidienne du rituel séphardite est citée après la leçon sur Abraham (p. 63-64 de « Bible - Famille - Liturgie »); toute la liturgie familiale est rappelée (p. 37 idem) pour montrer l'estime que la société hébraïque avait pour la femme, contrastant en cela avec le monde oriental et même avec le monde grec. A la page 77 du même cours l'auteur met en relief ce que les nations doivent à l'Israélite (foi en Dieu et sagesse humaine).

Après un travail si propre à donner une solide et profonde culture biblique, nous ne pouvons que regretter quelques pages qui nous reportent encore à l'esprit anté-conciliaire. Ainsi pourquoi donner toute l'interprétation de la lèpre de Marie, soeur de Moïse, par Origène qui voit dans ce murmure contre Dieu et dans son châtiment, le type « des juifs et des hérétiques qui refusent le Christ »? Est-ce vrai aussi que la Tradition hébraïque, qui voit Israël dans l'épouse du Cantique, prétende que « les autres nations n'ont pas droit à l'amour du Seigneur »? Et que dire de cette phrase: « Les juifs étaient des hommes concrets et facilement portés à préférer les biens matériels à la recherche des biens spirituels. Il paraît qu'aujourd'hui encore leur nature n'a pas beaucoup changé »!

Ceci nous étonne d'autant plus que le contexte est en général d'une haute tenue scientifique autant que spirituelle. Nous souhaitons que ces concessions à une certaine interprétation traditionnelle des textes bibliques soient révisées dans les prochaines éditions de ces cours qui méritent pour ce qu'ils ont de meilleur une large diffusion.

La rédaction




L'Etude de la Torah en Israël

La Bible — Pentateuque, Prophètes et Hagiographes — est la base de la vie religieuse et culturelle du peuple juif et, pour cette raison, constitue une part importante du programme d'enseignement en Israël. Dans les écoles d'enseignement général aussi bien que dans les écoles religieuses, 20 à 30% du programme est consacré à l'étude de l'un ou de l'autre aspect de la Bible. Dans les écoles religieuses, les commentaires talmudiques des rabbins célèbres de l'histoire accompagnent l'étude directe de la Torah dès les classes primaires. Quant aux écoles non-religieuses ou d'enseignement général, selon les paroles du Professeur Sinaï Ucko, « La Bible y est enseignée à tous les âges :les écoles élémentaires et secondaires ont 4 heures par semaine d'études bibliques. Seul un petit nombre de professeurs " religieusement doués " peuvent enseigner le contenu religieux de la Bible. Les autres professeurs, dans les écoles non-religieuses, reconnaissent le contenu religieux de la Bible, mais s'en tiennent à une présentation différente: ils l'étudient comme document pour l'archéologie et l'histoire, comme oeuvre d'art, comme information sur la géographie du pays. Une telle présentation exerce un attrait particulier sur les élèves du tous âges » (« Holy and Profane in Israel Today », Sinaï Ucko, European Judaism, 1/67, p. 26).

Au niveau universitaire, il existe des cours d'archéologie biblique, de géographie biblique, d'art biblique, etc... Les Yeshivoth (ou écoles talmudiques supérieures) se consacrent spécialement à l'étude de la Torah pour la formation des rabbins et autres spécialistes.
Dans de nombreuses villes et agglomérations d'Israël, cette étude fait aussi partie de la vie quotidienne ou hebdomadaire de la population. En groupes ou individuellement, les lectures de la Torah et de la Haftarah du Shabbat sont étudiées en certains endroits pendant toute la semaine précédente (quelquefois chaque jour entre les deux prières du soir ou à un autre moment pendant la journée), ailleurs, le jour du Shabbat seulement.

Pour ceux qui désirent approfondir un aspect de la Bible — tel que la charité, la liberté — le Département de l'Education des Adultes publie et distribue gratuitement un manuel sur les questions concernant le Pentateuque et ses commentaires. En maints endroits, le rabbin ou un autre professeur volontaire guide ces études, ou, s'il n'y a personne, le Département envoie quelqu'un. A la demande de l'un ou l'autre groupe, des conférenciers sont désignés pour parler de divers sujets bibliques. Ainsi, cette année, pour le 700e anniversaire du voyage de Nachmanides d'Espagne en Israël, de nombreuses conférences sont demandées sur sa vie et ses commentaires. Parfois, là où il n'existe pas d'institut de niveau supérieur, des sessions bibliques et talmudiques de deux ou trois mois sont organisées. Et comme dans les écoles, les professeurs sont choisis pour la présentation qui convient au groupe en question.

Pour les juifs de tout le pays, depuis le dernier arrivé jusqu'au « vattik » de la première « Aliya », la Bible est une réalité vivante: qu'elle soit vue comme le récit des merveilles de Dieu envers son peuple, ou comme le patrimoine historique et culturel de la nation, elle reprend vie dans ce pays de renouveau et de croissance.

L. Poulin



Professeurs juifs enseignant le Nouveau Testament

Le Professeur Zwi Werblowsky, Doyen du Département des Religions Comparées à l'Université Hébraïque de Jérusalem traite dans ses cours de la théologie et de la spiritualité chrétiennes du Moyen-Age. Dans ce contexte, il aborde l'interprétation chrétienne de la Bible.

Le Professeur David Flusser enseigne dans le même Département de l'Université Hébraïque. Pendant l'année 1967-68, les sujets traités seront les suivants: « Foi et Croyance de l'Eglise chrétienne primitive », « Lecture de l'Evangile de Matthieu », « Lecture de textes tirés des Pères grecs et latins ».

Le Professeur Stone donne des cours sur les textes de la littérature apocryphe juive et chrétienne.

C'est le Professeur Buber qui le premier introduisit des cours de Nouveau Testament au Département de Sociologie religieuse de l'Université de Jérusalem. Ce département a depuis été remplacé par celui des Religions comparées pour les questions religieuses, et celui de Sociologie générale.

Le Rabbin Samuel Sandmel, Professeur à l'Institut juif de Religion de l'Université de l'Union hébraïque à Cincinnati (U.S.A.) donne plusieurs cours de Nouveau Testament. Dans le Département de Bible et Littérature hellénistique, un de ses cours s'intitule « Introduction au N.T. » et trois séminaires ont respectivement pour sujet d'étude: 1) les Evangiles; 2) St Paul; 3) Philon et Paul. Juifs aussi bien que chrétiens sont inscrits à ces cours.

 

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