Other articles from this issue | Version in English | Version in French
Jérusalem, ville de la paix universelle
La rédaction
Plus que jamais dans l'histoire, Jérusalem et la terre d'Israël attirent l'attention du monde entier. Tandis que dans la Bible, Jérusalem est le centre de l'histoire du salut, dans le temps moderne elle semble devenir de plus en plus le centre de l'histoire politique. Est-ce une nouvelle manière dont l'importance et la centralité de cette ville s'imposent au monde? Bien qu'à différents niveaux, Jérusalem est à l'origine des trois religions monothéistes qui se sont répandues dans le monde, et ont eu une influence considérable sur le déroulement de l'histoire et sur la culture d'une grande partie de l'humanité. Le lien avec Jérusalem, lieu central de la révélation divine, est ainsi entré dans le patrimoine culturel et religieux de beaucoup de nations. Pourtant la valeur de ce lien a été conçue de manières assez différentes. Pélerinages, vénération religieuse, intérêt politique, sont des formes dans lesquelles s'expriment l'attachement à cette ville et à ce pays, où l'orient et l'occident se rencontrent.
Dans le judaïsme, Jérusalem et la terre d'Israël sont toujours demeurées le centre de son existence. Pour le judaïsme seulement, Jéru salem a été la capitale et l'est devenue de nouveau. Pendant tous les siècles de diaspora, librement choisie ou imposée par la force, Jérusalem est restée le terme d'une profonde aspiration, qui s'est exprimée dans les fêtes liturgiques, les prières quotidiennes et une riche littérature.
Le fait que le judaïsme ne se considère pas exclusivement comme un peuple avec une religion mais comme un peuple qui a un lien de dimension religieuse avec une terre concrète, la terre d'Israël, a compliqué la question sur le plan international. Tandis que pour l'Islam et le christianisme Jérusalem a premièrement, et même exclusivement une valeur religieuse, pour le judaïsme elle a aussi une signification nationale.
Les multiples influences religieuses et politiques ont créé à travers le temps une situation extrêmement complexe en Terre Sainte et à Jéru salem. Les nombreuses luttes religieuses et les combats politiques et militaires ont été, certes, les signes d'un attachement à ces Lieux Saints, mais en même temps ils ont montré l'extrême difficulté de vivre dans la paix et l'harmonie ce lien commun avec Jérusalem.
D'après la conception biblique Jérusalem est la ville de la paix. Dans la tradition des trois religions monothéistes elle est demeurée l'idéal de la paix eschatologique et messianique. Cependant on doit bien dire que dans le christianisme cet idéal eschatologique est devenu le symbole de la paix universelle sans lien étroit avec la Jérusalem historique. Parfois ce symbole indique exclusivement la paix d'un autre monde, la paix du ciel, de l'au-delà. Mais en même temps le lien avec la Jérusalem historique et la Terre Sainte est maintenu avec vénération à cause des événements de l'histoire du salut qui s'y sont déroulés.
Quoiqu'il en soit, Jérusalem reste, pour les adhérents des trois religions monothéistes, l'expression de l'espérance de la paix.
Aujourd'hui nous nous trouvons dans une nouvelle situation, où l'on constate un retour aux sources bibliques et un approfondissement posi tif des relations entre le judaïsme, le christianisme et l'Islam. On découvre plus clairement les différences et les nuances des attitudes respectives envers Jérusalem dans sa signification religieuse autant qu'historique. Il y a évidemment un conflit de vues et de perspectives. Ce conflit ne pourra être surmonté qu'à la condition qu'on se rencontre, qu'on se respecte et qu'on commence à se comprendre dans l'identité propre et le lien spécifique de chacun avec Jérusalem et la Terre Sainte. Tous ceux, qui, dans leur religionou dans leur nation ont été influencés et formés - d'une manière ou d'une autre - par Jérusalem, ont la nouvelle responsibilité de s'engager dans la profonde recherche d'une entente autour de Jérusalem. Ainsi Jérusalem pourra vraiment devenir la Ville de la Paix, comme réalité historique et comme symbole de la Paix universelle et eschatologique. Beaucoup d'efforts de compréhension et de mise au point seront encore nécessaires pour créer cette nouvelle situation.
Le présent numéro de Sidic offre, entre autres, une étude du professeur F. Delpech, de l'université de Lyon, France, qui, par l'étude éclairante de l'arrière-fond historique de la situation actuelle, veut contribuer à la formation du climat, dans lequel Jérusalem peut, en fait, devenir la Ville de la Paix pour tous ceux qui croient au Dieu de la révélation historique.