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SIDIC Periodical III - 1970/3
La question de l’identité juive (Pages 37 - 43)

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Chroniques
Les éditeurs

 

Oberammergau

Jamais le Jeu de la Passion d'Oberammergau n'a rencontré autant de critiques que cette année. Depuis plusieurs années, des organisations juives et catholiques se sont efforcées de faire changer le texte du Jeu de la Passion. Pendant deux ans, le Père Schaller, bénédictin de l'Abbaye d'Ettal, a travaillé un nouveau texte, qui finalement n'a pas été accepté. Il avait éliminé tous les passages de tendance anti-juive et considérablement changé l'ensemble du Jeu.

En 1970 on a utilisé le texte de 1960 sauf quelques petits changements, d'ailleurs incohérents. La critique venue de beaucoup de côtés n'a pas cessé de se faire entendre.

Les documents les plus importants sont à cet égard:

— La prédication d'inauguration par le Cardinal Dcepfner de Munich, dans laquelle il déclare, tout en rejetant l'accusation d'antisémitisme: « dans le cours des siècles le texte a continuellement été changé, afin qu'il soit adapté au langage et aux conceptions des hommes. Le récit de la Passion du Nouveau Testament en est toujours resté la base. Nous sommes tous d'accord, qu'en notre temps aussi, le texte du Jeu de la Passion doit être renouvelé » (voir KNA n° 113, 19 mai 1970.)

— L'article de Soeur Louis Gabriel « Oberammergau: the Gospel Distorted » (Oberammergau: « l'Evangile altéré »), publié dans The Tablet, 29 nov. 1969, dans lequel elle constate des différences fondamentales entre le texte de l'Evangile et celui d'Oberammergau, différences qui trouvent leur origine dans certaines conceptions antisémites du Moyen Age.
Parmi les nombreuses protestations nous mentionnons la déclaration publiée le 14 juillet 1970 par le Rév. Edward H. Flannery, secrétaire du Secrétariat pour les Relations entre catholiques et juifs aux Etats-Unis (c/o Seton Hall University, South Orange, N.J., 07079) et la lettre de six professeurs américains — parmi lesquels Markus Barth et Krister Stendahl — qui demande une révision immédiate du texte du Jeu de la Passion (voir NC News Service, 5 mai 1970).

— Une étude approfondie du texte par l' American Jewish Committee. Cette étude, qui s'intitule « Summary of Findings of Content Analysis of Official Texts of 1960 and 1970 Oberammergau Passion Plays presented in Oberammergau, Germany » fait la comparaison entre les textes de 1960 et 1970 et analyse leur contenu. La conclusion en est que les deux textes reflètent la tradition chrétienne de l'enseignement négatif concernant les juifs et le judaïsme et qu'ainsi le Jeu de la Passion est en opposition avec le Concile Vatican II.

— Au mois de juillet 1970, le même American Jewish Committee (165 East 56 Street, New York, N.Y. 10022) a publié un rapport complet de cette étude sous le titre « Oberammergau 1960 and 1970. A Study in Religious Anti-Semitism ». Le livret (24 pp.) comprend trois chapitres: « The Passion Play, 1634-1970 », « The 1960 and 1970 Passion Plays Compared » et « Thoughts for 1980

— and Beyond ».

— Le document le plus important est la déclaration faite par la Arbeitsgemeinschaft Œkumenischer Kreise in Delaschland (Groupe de travail des cercles oecuméniques en Allemagne). Délégué par ce groupe de travail et en collaboration avec le Deutscher Koordinierungsrat dar Gesellschaften fuir christlich-jiidische Zusammenarbeit, un groupe d'étude, comprenant deux juifs, deux protestants et deux catholiques, s'est rendu à Oberammergau du 20 au 27 mai 1970 pour étudier sur place le texte, le contenu, la forme du Jeu de la Passion et les réactions du public. Son résultat, qui est exprimé dans une « Prise de position à l'égard du Jeu de la Passion d'Oberammergau », est extrêmement clair: on ne peut pas reprocher aux habitants d'Oberammergau de représenter ce qu'une prédication a enseigné depuis des siècles, d'autant plus que beaucoup de ces habitants se sont montrés tout à fait prêts à suivre les nouvelles directives de l'Eglise à cet égard et que personne ne les a aidés dans la compréhension des changements dans ce sens. La critique du groupe se concentre sur le contenu, sur la forme et sur les réactions. En ce qui concerne le contenu, elle constate dans la présentation une falsification historique et théologique, surtout dangereuse là, où on persiste dans les clichés médiévaux de l'image du juif (désir d'argent, envie, vengeance, soif de sang, trahison, fanatisme, etc.). Cela se manifeste aussi dans les symboles, le langage, les vêtements, etc.

Quant à la forme, s'il est vrai qu'on ne vise pas de discrimination, on doit montrer que tous les participants du drame — sauf les Romains —sont des juifs. Pilate ne peut pas être caractérisé comme « ami des hommes ». Quant aux réactions du public interviewé, personne ne considérait le Jeu de la Passion comme discriminatoire à l'égard des juifs. Cela n'empêche pourtant pas que l'influence inconsciente peut être très dangereuse.

Le groupe d'étude constate que l'enseignement récent du Concile Vatican II sur le judaïsme et les juifs est complètement absent à Oberammergau et que le Jeu de la Passion est exemplaire pour la situation pastorale de la chrétienté.
Les participants du groupe d'étude expriment finalement le voeu qu'une commission de révision soit créée le plus vite possible, et ils se sont déclarés prêts à y collaborer. (Adresse de la Documentation: Arbeitsgemeinschaft CEkumenischer Kreise in Deutschland, Duisburgerstrasse 470, Mühlheim 433). Le texte de la « Prise de position » avec plusieurs réflexions de détail a été publié par un des participants du groupe d'étude, le Rév. Wilm Sanders, sous le titre « Antisemitismus bei den Christen? » (Antisémitisme chez les chrétiens?), Johannes-Verlag, Leutesdorf am Rhein, 1970, 46 pp.

Marina di Massa (Italie), « l'histoire d'un crime rituel »

Le culte de saint Dominguito del Val (diocèse de Saragosse), soi-disant victime d'un crime rituel, pour l'abolition duquel oeuvre avec succès l'Amistad Judéo-Cristiana de Madrid, s'est transporté de l'Espagne en Italie.

En fait le jeune saint, patron des enfants de choeur et patron d'une petite église à Marina di Massa, s'appelle ici San Domenichino del Val. Pour répandre le culte du saint et pour ramasser des fonds pour la construction d'une nouvelle église on distribue et on vend des images, des anneaux et d'autres objets avec l'image du saint, tous d'un goût très douteux. Le livret, intitulé « Il piccolo martire, S. Domenichino del Val », de 1960, toujours largement diffusé, contient des textes et des images qui continuent la triste tradition antisémite séculaire.

Deux articles de Tullia Zevi (« Marina still worships Saint Domenichino » dans Jewish Chronide, 27 mars 1970, et « Storia di un sacrificio rituale », dans Shalom, maggio 1970, pp. 6-7) donnent l'histoire et les détails de ce culte. Plusieurs démarches ont été faites, le Vatican Office for Catholic-Jewish Relations a été interpelé. D'après les dernières informations, il semble qu'une nouvelle édition du livret, dans laquelle les passages antisémites sont éliminés, est en préparation.

Beyrouth « Conférence mondiale des chrétiens pour la Palestine » 7.10 mai, 1970
Quoique la presse internationale — sauf en France — n'ait pas donné beaucoup de publicité à cette conférence, le fait est connu dans les milieux intéressés. L'événement même et l'« appel de Beyrouth » ont provoqué des réactions tant du côté chrétien que du côté juif. Plusieurs de ces documents ont été publiés dans La Documentation Catholique, n° 1566, du 5 juillet 1970, pp. 610- 613 .

Ici nous reproduisons deux textes, un du côté chrétien, l'autre du côté juif, qui touchent quelques aspects fondamentaux de la question.

Fraternité oecuménique de Recherche théologique en Israël

« Nous, chrétiens habitant Jérusalem et Israël, nous nous sentons directement concernés par la déclaration de la "Conférence Mondiale des Chrétiens pour la Palestine", particulièrement par la résolution finale intitulée "L'Appel de Beyrouth".

Nous ne pouvons dissimuler notre inquiétude en songeant à l'effet produit par une telle déclaration sur les peuples du Moyen Orient. Nous considérons comme un affront à la justice et à la paix le fait de n'avoir été invité en aucune manière à nous exprimer au sujet de la Palestine.

Nous contestons la prétention du congrès de Beyrouth à vouloir représenter le sentiment chrétien universel. Nous considérons que les chrétiens devraient promouvoir la • paix et non encourager la haine. En particulier nous protestons contre l'emploi "du mot chrétien" pour justifier une lutte nationaliste violente.

Parce que nous partageons avec les chrétiens réunis à Beyrouth le désir de justice et de compassion envers tous ceux qui souffrent, nous déplorons avec eux les souffrances des Arabes, avec les Palestiniens, nous désirons un territoire national. Cependant nous regrettons le fait que, de leur côté, ils ne comprennent pas les souffrances du peuple juif et ne reconnaissent pas à Israël le droit légitime à l'existence.

Les théologiens de Beyrouth accusent Israël d'employer la Bible à des fins politiques. Nous sommes convaincus que l'emploi de la Bible pour justifier des événements contemporains ou des fins politiques est inadmissible. Mais nous sommes aussi convaincus que seule une opinion exagérée peut empêcher un chrétien de constater que pour les Juifs les concepts de peuple, terre, relation au Seigneur procèdent de leur lecture annuelle de la Bible.

De plus, nous pensons que la présence du peuple juif depuis son origine et à travers son histoire, dans sa Terre prouve qu'il y a toujours eu un lien entre le peuple juif et la terre d'Israël. Nous savons que si justice doit être faite aux juifs aussi bien qu'aux arabes, ce lien doit être pris en considération. »

Le Conseil synagogal d'Amérique

Des chrétiens assistant à la conférence de Beyrouth comme soutien des arabes palestiniens ont publié hier un « Appel de Beyrouth » qui, entre autres choses, proclame:
« ...nous refusons la manipulation de textes bibliques à des fins de puissance politique. Leur interprétation politique sioniste étant contraire à l'esprit du Christianisme, nous paraît aussi inacceptable pour les chrétiens que pour les juifs fidèles au message spirituel de l'Ancien Testament. » (L'Orient - Liban - 11 mai, 1970)

Le rabbin Solomon J. Sharfman, président du Conseil Synagogal d'Amérique, a publié la déclaration suivante en réponse à l'« Appel de Beyrouth »:
A une époque où l'on a pu constater de tels progrès dans la compréhension et la sensibilité entre les groupes religieux, il est effrayant d'être confronté à la présomption incroyable d'un groupe de chrétiens prétendant le peuple juif infidèle à lui-même dans sa compréhension et l'interprétation de la Bible hébraïque.

Il va sans dire que c'est aux chrétiens eux-mêmes à déterminer si les implications idéologiques du Sionisme, si profondément enracinées dans la foi biblique, sont en conformité avec l'interprétation chrétienne de la Bible. Heureusement, des exposés publiés récemment par des bureaux du Vatican et par un Comité sur l'Eglise et le peuple juif du Conseil Mondial des Eglises, ont reconnu que la fidélité à l'Alliance est liée à une terre « qui dans l'âme juive est reconnue comme l'objet d'une aspiration que les chrétiens devraient s'efforcer de comprendre. »

En aucune façon les chrétiens n'ont à déterminer eux-mêmes la signification de la relation du peuple à la terre. Cependant un groupe de chrétiens pro-arabes soutient que reconnaître un lien religieux entre la terre d'Israël et les juifs, comme central et profondément ressenti, relève d'un manque de fidélité au message de l'Ancien Testament. Là se trouve la manifestation la plus horrible et la plus équivoque du triomphalisme religieux.

Précisément, cette sorte de sentiment, prétendant imposer aux juifs eux-mêmes leur manière de demeurer fidèles à leur propre héritage, à d'autres époques et dans des conditions différentes, a conduit à des conversions forcées, autos de fe, et à des massacres de juifs sur une grande échelle.

Seule la grâce de Dieu a permis que les participants réunis à Beyrouth, n'aient pas à leur disposition les moyens dont se sont servis leurs ancêtres du Moyen Age pour « persuader » les juifs de rester fidèles à l'Ancien Testament, selon l'interprétation chrétienne.

Quelle que soit la signification religieuse du Sionisme pour les juifs, le peuple d'Israël n'a jamais cherché à rendre valides leurs prétentions politiques en les maintenant dans des catégories théologiques précises. Ils ont toujours utilisé les très vastes assises de l'histoire, la justice et la liberté, expressions acceptées par tout discours pluraliste universel. Au terme de ce discours, l'effort de quelques ecclésiastiques chrétiens à Beyrouth pour édicter à un état indépendant un changement dans ses institutions et structures politiques internes n'est rien que moins odieux. Jusqu'à un certain point cet effort a pour motif leur désir de maintenir fidèles les juifs au « message spirituel de l'Ancien Testament ». Ainsi se sont eux qui manipulent des textes bibliques « à des fins de puissance politique. »

Le Conseil Synagogal d'Amérique est l'organisme central qui coordonne aux Etats-Unis les six groupements nationaux de la synagogue et du rabbinat Orthodoxes, Conservateurs et Réformés.

Sidic - Inauguration du nouveau local, le 21 mai 1970

A cette occasion, Son Em. le Cardinal Jean Willebrands, Président du Secrétariat pour l'Unité, a prononcé le discours suivant:

Je suis très heureux de pouvoir inaugurer ce Centre et de saluer tous ceux qui, par leur présence, montrent qu'ils en comprennent et, l'on peut dire aussi, qu'ils en approuvent le but si important: vous avez voulu ainsi reconnaître officiellement cette oeuvre pleine de courage et d'esprit de sacrifice, et donner votre encouragement aux personnes qui ont pris cette initiative et qui en ont porté et en porteront le poids jour après jour durant de longues années encore.

Une comparaison me vient à l'esprit, qui, malgré ses limites, me semble pouvoir éclairer la signification et l'importance de cette fondation. Il y a quelques jours la seconde partie du Directoire OEcuménique a été présentée à la presse. Elle porte sur un seul sujet: l'OEcuménisme dans l'enseignement supérieur. C'est un document qui a été préparé par le Secrétariat pour l'Unité des Chrétiens en collaboration avec les conférences épiscopales et les Dicastères du gouvernement central de l'Eglise qui s'intéressent plus particulièrement au sujet. Un tel document a pour but de stimuler et d'adapter l'application pratique des principes catholiques de l'OEcuménisme au très vaste champ de l'enseignement universitaire. Eh bien, ce Centre, bien qu'étant une initiative privée, se propose, lui aussi, de stimuler et d'aider, surtout dans les milieux intellectuels, à la mise en pratique des dispositions prises par le Concile dans la Déclaration Nostra Aetate sur l'attitude de l'Eglise envers les religions non-chrétiennes, en ce qui regarde le dialogue avec le peuple juif.

Dans ce document l'Eglise a déclaré et solennellement affirmé l'importance fondamentale de ce dialogue ainsi que sa ferme volonté de le voir instaurer et développer par tous ses fils et à tous les niveaux. Une telle affirmation voit son importance encore accrue si on considère son contexte historique concret: que l'on se rappelle les difficultés qu'il fallut surmonter pour conduire à bon port ce bref mais si important document! On sait bien que, lorsque la Déclaration fut acceptée par le Concile, le Président du Secrétariat pour l'Unité, qui avait tant à coeur cette cause, déclara: « Si j'avais prévu toutes les difficultés et les obstacles que nous devions rencontrer, je ne sais si j'aurais eu le courage d'affronter ce problème ».

Aujourd'hui aussi il y a dans l'Eglise le même désir d'un dialogue, bien que, aujourd'hui aussi, l'Eglise se trouve le plus souvent dans la même situation que celle où se trouva notre Secrétariat durant le Concile. En effet, le douloureux conflit du Moyen-Orient rend très délicat et difficile le devoir de clarifier et de faire comprendre les motifs purement religieùx qui poussent l'Eglise à demander et à promouvoir le dialogue avec le peuple juif. C'est pour cela qu'en cette occasion il me semble important de souligner à la fois cette claire et ferme volonté de l'Eglise et les difficultés auxquelles elle se heurte et contre lesquelles elle doit lutter.

Déjà l'on voit, par tout ce que je viens de dire, l'importance du Centre que nous sommes en train d'inaugurer. Il veut, en effet, poser les bases nécessaires du dialogue et, ce qui est absolument indispensable, être au service des hommes qui assumeront la responsabilité de ce dialogue. C'est pour cela que l'Eglise est vraiment reconnaissante envers la Congrégation des Soeurs de Notre-Dame de Sion pour tout ce qu'elle a fait jusqu'à présent dans ce difficile domaine, de même que pour l'élargissement de son champ d'action qu'elle est en train d'entreprendre ici.

Qu'il me soit permis de souligner encore quelques aspects de la nouvelle orientation de cette Congrégation, orientation à laquelle le Sidic doit son origine. Même avant que le Concile n'approuve et ne promulgue le Décret Nostra Aetate déjà mentionné, le Chapitre Général de la Congrégation s'était préoccupé de réexaminer sa position et sa mission dans l'Eglise à la lumière des orientations qui étaient en train de s'ébaucher au Concile comme à celle de son propre charisme hérité de son Fondateur. C'est pourquoi le Conseil Général avait prié le Cardinal Béa, qui était chargé de préparer le document conciliaire sur l'attitude de l'Eglise envers le peuple juif -- c'est ainsi que le schéma s'appelait alors —, d'exposer aux membres du Chapitre Général les orientations du Concile en cette matière et de donner une ébauche de programme pour la mise en pratique de ces orientations dans la vie et dans l'activité apostolique de la Congrégation, naturellement toujours à la lumière de son charisme original.

Le Cardinal Béa parla à la Congrégation le 15 janvier 1964: ce fut un jour mémorable! Après avoir étudié les suggestions du Cardinal Béa et leurs applications concrètes, le Chapitre établit les lignes maîtresses d'une nouvelle orientation, lignes qui furent ensuite approfondies par d'autres Chapitres et réunions diverses. C'est sur ce terrain fécond que naquit l'initiative providentielle du Sidic, Centre de Documentation et d'Information, avec ses membres préparés et formés pour cette tâche, Centre qui, aujourd'hui, descend de la lointaine rue Garibaldi sur le Janicule au plein centre de la ville, pour être plus proche et davantage à la disposition du plus grand nombre possible d'étudiants et de ceux qui, de toutes manières, s'occupent ou s'occuperont du dialogue religieux avec le peuple juif.

Il est à peine nécessaire de souligner l'importance de ce transfert au centre de la ville. Rome, centre de tourisme, de culture antique et moderne, où, de plus, se trouve la plus ancienne communauté juive de l'Occident, offre certainement d'immenses avantages pour un travail de ce genre, mais à la condition essentielle que l'on puisse facilement accéder à ce local. Aujourd'hui cela se trouve réalisé. Aujourd'hui le Centre est à portée de la main pour les nombreux chrétiens, catholiques ou non, qui, chaque année, visitent la Ville éternelle. Il me semble aussi qu'il est important que le Centre soit proche du quartier où de nombreux étudiants du monde entier viennent faire leurs études universitaires et ecclésiastiques. En étudiant soit l'histoire du salut, matière fondamentale de la théologie, soit la vie concrète de l'Eglise dans le monde, ils rencontreront nécessairement de bien des manières le peuple élu de l'Ancien Testament, dans son passé et dans sa vie présente. Eh bien, ici ils trouveront des informations, uniques dans leur genre, aussi bien sur le passé que sur le présent. Ajoutons encore que la présence au centre de la ville offre la possibilité de collaborer avec les Universités Pontificales de l'Urbs. Les informations spécialisées obtenues ici pourront compléter celles de l'université et réciproquement.

Tous les points que j'ai exposés brièvement constituent autant de raisons de féliciter la Congrégation des Soeurs de Notre-Dame de Sion et spécialement les soeurs chargées du Sidic pour l'heureuse initiative de cette installation au centre de la ville: il sera désormais impossible de ne pas se rendre compte de leur présence à Rome, car on les trouvera facilement et elles pourront se mettre à la disposition de tous.. . .

Aux félicitations j'ajoute mon voeu le plus vif — et ma prière au Seigneur — qu'en ce nouveau local le Centre puisse développer une activité, qui pour être silencieuse et cachée n'en sera pas moins féconde et efficace; qu'il forme peu à peu des hommes qui développeront un dialogue essentiel pour la vie de l'Eglise car il touche à sa racine même, comme il est dit dans la

Déclaration sur l'attitude envers les religions non-chrétiennes: « l'Eglise du Christ reconnaît que les prémices de sa foi et de son élection se trouvent, selon le mystère divin du salut, dans les patriarches, Moïse et les prophètes » (N° 4).

Ce souhait d'un fécond travail contient aussi le voeu que le Centre puisse trouver de nombreux collaborateurs bénévoles de tous genres: dans le champ intellectuel et scientifique, dans celui du soutien spirituel de la prière et, disons aussi, dans celui du soutien matériel. Il n'est pas difficile, eneffet, de comprendre combien de sacrifices quotidiens ont dû faire celles qui ont pris cette initiative. Le travail dans ce nouveau local en apportera certainement d'autres encore, assez lourds. Que le Centre puisse donc, avec l'aide du Seigneur, s'épanouir et trouver dans l'Eglise, de toutes manières, tout le soutien possible, car le dialogue avec le peuple juif, voulu par le Concile, est un devoir qui, d'une manière ou d'une autre, concerne tous les membres de l'Eglise.

 

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