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SIDIC Periodical XXIII - 1990/3
25 ans de Nostra Aetate: Peuples de l’Alliance (Pages 01)

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La Déclaration Nostra Aetate a marqué un tournant dans les relations de l'Eglise avec le judaïsme, et un changement d'attitude commence à se manifester chez beaucoup de chrétiens. Nous célébrons cette année le 25ème anniversaire de cette Déclaration, 25 années de réflexion, d'efforts, qui ont déjà transformé les relations entre l'Eglise et le peuple juif. Les problèmes n'ont pas manqué, certes, et nous avons vécu des temps de crise ... mais cela n'a rien de surprenant. II faudra bien plus de 25 ans pour tirer les conséquences de cette attitude nouvelle, dans tous les domaines de la vie chrétienne. C'est un travail de longue haleine qu'il nous faut poursuivre avec énergie et esprit créatif.
Un moment important sur le chemin de la rencontre a été la reconnaissance, par l'Eglise, du peuple juif comme "peuple de Dieu, de l'Ancienne alliance qui n'a jamais été révoquée". De plus en plus, les chrétiens sont appelés à comprendre les juifs tels qu'ils se définissent eux-mêmes, à respecter leur identité. Le but du dialogue n'est pas de modifier la personnalité d'autrui; au contraire, lorsque l'amitié se développe, elle tend à affermir l'Autre dans son identité propre. Peu à peu les craintes s'évanouissent et la confiance grandit. Comme le disait le Pape Jean-Paul II en 1985 à une délégation de l'American Jewish Committee: "L'amour existe entre nous .... cette sorte d'amour qui, pour nos deux traditions, est un précepte fondamental".
C'est au niveau même de son identité que l'Eglise est liée au peuple juif; aussi ne devons-nous pas nous étonner si, au fur et à mesure que s'approfondit son dialogue avec le judaïsme, la conception qu'elle a d'elle-même évolue, se modifie. Cette évolution ne lui est pas imposée: elle vient de l'intérieur, et on ne peut l'ignorer. Plus les chrétiens s'engageront dans ce processus (et les juifs ont aussi, de leur côté, à répondre aux exigences du dialogue), plus le Règne de Dieu pourra s'instaurer concrètement parmi nous.
Là où l'Eglise a surtout besoin d'approfondir sa réflexion, c'est dans le domaine théologique: l'attitude nouvelle qu'elle a prise face au judaïsme remet en question sa théologie traditionnelle. Le propos de cette revue est, avec l'aide d'amis juifs et chrétiens, de contribuer un peu à cette réflexion sur un thème qui est essentiel pour nos deux communautés, celui de l'alliance. Colette Kessler présente ici la conception juive fondamentale de l'alliance, une alliance appelée à toujours se renouveler. Dans un article émouvant, Léon Klenicki réfléchit sur ce que signifie pour lui l'appartenance au Peuple élu, après la Shoa et dans le contexte du pluralisme américain. Eugène Fisher donne une réaction chrétienne à cette réflexion. John McDade, lui, montre les difficultés rencontrées par la théologie chrétienne devant l'affirmation que "l'Ancienne alliance n'a jamais été révoquée", et il tente d'ouvrir à la pensée chrétienne des voies nouvelles. Dans un prochain numéro nous espérons pouvoir faire partager à nos lecteurs la réflexion d'un petit groupe international qui se réunira en janvier 91 en Angleterre et qui abordera ce même thème de l'Alliance.

 

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