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SIDIC Periodical XXVIII - 1995/1
Les Psaumes: expérience humaine de l'union à Dieu (Pages 17 - 21)

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Les multiples aspects des Etudes juives à Rome
Joseph Sievers

 

Il n'est pas exagéré de dire que les Etudes juives se trouvent à Rome dans une situation unique. La communauté juive a eu une existence continue à Rome depuis plus de 2.000 ans, et elle est la plus ancienne communauté de la diaspora. Elle est relativement petite actuellement, mais très active, avec ses 15.000 membres environ. A Rome, se trouve aussi le plus ancien séminaire rabbinique, offrant des cours qui sont actuellement reconnus académiquement. Le "Collegio Rabbinico Italiano" a débuté à Padoue le 10 novembre 1829 sous le nom de "Istituto Convitto Rabbinico", et cela bien avant les séminaires de Breslau, Berlin ou New York.

Ce qui n'est sans doute pas très étonnant, il y a à Rome une densité de séminaires et d'universités catholiques plus grande qu'en toute autre ville. Il y existe environ 20 instituts théologiques de ce genre, et leur nombre ne fait que grandir. Il y a aussi un séminaire protestant, la Faculté théologique vaudoise, qui n'a aucun cours régulier de Sciences juives, mais qui est activement engagée dans les relations entre juifs et chrétiens et accueille dans ses locaux les conférences les plus importantes de l'Amitié judéo-chrétienne locale, ainsi que d'autres conférences publiques de même inspiration. Il existe aussi à Rome trois Universités d'Etat, la plus importante étant "La Sapienza" qui compte plus de 150.000 étudiants inscrits.

Je me propose de décrire d'abord les cours d'Etudes juives post-bibliques offertes à Rome dans le contexte des diverses institutions, en me basant sur une étude que j'ai faite entre mai 93 et juin 94. Il me faut noter immédiatement que la liste des cours que j'ai établie n'est en aucune manière complète. Je n'y ai pas inclus les cours d'hébreu ou d'araméen; il y manque aussi d'autres cours dont j'ai entendu parler, mais pour lesquels je n'ai pu me procurer des informations de première main.

Je voudrais faire ensuite une analyse de ces données et relever les faiblesses et les forces de la situation actuelle, une situation qui est évidemment assez complexe en ce qui regarde les Etudes juives et qui varie selon les instituts.


I. ETAT DES ETUDES JUIVES À ROME

AU COLLEGE RABBINIQUE ITALIEN

Il s'agit là sans doute du plus petit des instituts romains. En dépit des difficultés, il a survécu en différents lieux et avec diverses interruptions dont la dernière, pendant les années finales de la Shoa, a été bien sûr la plus dramatique. En 1988 encore, il ne comptait qu'un seul étudiant inscrit pour le programme d'études rabbiniques supérieures, mais depuis lors il y a eu cinq nouveaux diplômés et en ce moment cinq étudiants sont inscrits pour ce programme. Il pourvoit plus des deux tiers des postes de rabbins en Italie. Ses diplômes ont été récemment reconnus par le gouvernement italien comme équivalents des diplômes universitaires. Le programme en est modeste, avec un seul professeur à plein temps et quatre autres à mi-temps, dont le Grand Rabbin. Il met fortement l'accent sur les connaissances rabbiniques pratiques. La littérature des "responsa" a une place prépondérante dans le programme. Pour l'admission, on exige non seulement la connaissance de l'hébreu, mais aussi d'être membre de la communauté juive; cependant quelques exceptions à cette règle ont été faites dans le passé. Certains membres du corps professoral enseignent ou ont enseigné aussi dans des institutions chrétiennes, et l'un d'eux enseigne même la physique à la plus grande Université d'Etat de Rome.

DANS LES INSTITUTIONS D'ETAT
En dehors du Séminaire Rabbinique, l'Italie n'a pratiquement pas de programmes d'Etudes juives conduisant à des diplômes. Dans une récente publication sur les Etudes juives en Europe, on affirmait qu'il existait en Italie dix chaires d'Etudes juives. Je ne sais sur quoi se basent de tels chiffres. Il y a sûrement plus de dix personnes enseignant les Etudes juives sous différentes aspects: à Rome seulement, j'en ai découvert plus de vingt; mais la seule chaire universitaire d'Etudes juives se trouve à Udine, au Nord de l'Italie. A part cela, il existe un poste de "professore associato" (qui ne permet pas d'être promu au rang de professeur) dans la section de Littérature juive hellénistique du département des études de Grec et Latin de l'Université "La Sapienza" à Rome. Le professeur chargé de ce poste prend sa retraite cette année, et on ne sait pas encore clairement si cette ligne d'études sera poursuivie. Dans les autres sections de cette énorme Université, les Etudes juives sont encore dans une situation précaire. Dans le département de Philosophie, il existe un groupe de jeunes chercheurs, aucun d'entre eux n'ayant le rang de professeur, qui s'intéresse à divers aspects de la pensée juive, de Rashi à Hannah Arendt. Ils ont attiré une foule d'étudiants. Le cadre dans lequel ces cours et séminaires sont organisés est cependant celui de la Philosophie de l'histoire ou de la Philosophie théorétique, mais non pas des Etudes juives.

En ce qui concerne l'Histoire juive pré-moderne et moderne, la situation est à peu près similaire. Même si, l'an dernier, un professeur a donné un cours en cette matière, c'est une seule personne surtout qui enseigne en ce domaine à l'Université "La Sapienza". Comme celle-ci n'a que le titre de "chargée de recherches", elle enseigne actuellement surtout des séminaires liés à des cours - en dehors du domaine des Etudes juives - d'un autre professeur. Autant que je sache, il n'y a aucun cours commun entre le département de Grec et Latin où l'on donne un cours sur Philon et quelque autre chaire de philosophie, ou entre l'Histoire juive moderne et, par exemple, la Philosophie juive des 19 et 20èmes siècles. De ce fait, il est rare qu'un étudiant découvre plus d'un de ces aspects de la civilisation juive.

A la seconde Université d'Etat de Rome, le professeur qui tient la chaire d'Histoire de la Chrétienté est aussi l'ancien président de l'Association italienne pour les Etudes juives. Il donne, à l'occasion, un cours sur la Judée au premier siècle de notre ère. A la même Université, un professeur de philosophie travaille sur Heschel, Buber et Rosenzweig mais, évidemment, dans un département complètement distinct. Il est difficile de donner une vue rapide de la situation dans le système universitaire public, mais sans doute ne se tromperait-on pas complètement si l'on parlait de fragmentation et d'un manque de reconnaissance des Etudes juives en tant que discipline propre.

DANS LES INSTITUTIONS ECCLESIASTIQUES
Là, la situation est un peu différente mais, au moins à Rome et d'après moi dans toute l'Italie, il n'y a pas non plus de poste à plein temps pour les Etudes juives en tant que telles, même si cette affirmation devra être clarifiée par la suite. Une des différences importantes est, bien sûr, dans le corps étudiant. La plupart des écoles théologiques de Rome ont un caractère très international. Elles préparent toutes plus ou moins les futurs leaders de l'Eglise, non seulement en Italie, mais pour les pays du monde entier, ceux de l'Europe de l'Est inclus maintenant. Récemment, j'ai donné un cours d'un semestre à 45 étudiants, de 24 pays différents, dont la plupart retourneront dans leur pays d'origine pour y enseigner les Etudes bibliques après avoir obtenu leur diplôme. Il leur était facile de comprendre ce que représentaient, dans la Palestine romaine, les différences culturelles et les difficultés de langage.
Bon nombre des institutions ecclésiastiques ont débuté en tant que séminaires d'ordres religieux particuliers, avec un programme de base en théologie (plus deux ans de philosophie). A un niveau plus élevé, cependant, chacune de ces institutions se spécialise dans un ou dans plusieurs domaines de la théologie. Le corps enseignant est composé là surtout de membres d'un ordre particulier avec, en plus, des professeurs "visiteurs" ou adjoints, venant d'autres institutions.

L'Augustinianum, par exemple, institut de Patristique tenu par l'ordre des Augustiniens, offre régulièrement un cours sur la Littérature juive hellénistique, qui est donné par le professeur enseignant ce sujet à l'Université d'Etat. Cet institut n'a pas de cours réguliers d'Etudes rabbiniques, mais il fait place à des conférences sur ce sujet, données par des spécialistes israéliens ou étrangers, lors de ses colloques annuels de Patristique.

Le Teresianum, tenu par les Carmes Déchaussés et tirant son nom de Ste Thérèse d'Avila, la grande réformatrice de l'Ordre et l'un des plus grands maîtres de spiritualité chrétienne, est spécialisé avant tout dans la spiritualité au niveau des cours préparant aux diplômes. On y a institué récemment un cours optionnel de spiritualité juive, où l'on donne aux étudiants un certain sens de la vitalité spirituelle du judaïsme de l'époque du Second Temple et du judaïsme rabbinique primitif, mais où on donne aussi des cours sur différentes figures de la spiritualité juive du 20ème siècle, comme Habad et Heschel, Etty Hillesum et le mouvement de la Havurah. Malheureusement, il ne reste guère de temps pour les siècles intermédiaires. Un moment important de ce cours est aussi la visite faite à la grande synagogue de Rome. Certains étudiants d'Amérique Latine ont dit que, grâce à ce cours, ils avaient acquis un sens absolument nouveau du judaïsme en tant que réalité vivante et source de ferveur.

Sant' Anselmo, est un institut bénédictin. Comme on le sait, les bénédictins ont toujours mis fortement l'accent sur la liturgie et ont été à l'avant-garde du renouveau liturgique dans l'Eglise catholique déjà bien avant Vatican II. Ils préparent donc aux diplômes les plus élevés pour les études liturgiques, et ils ont récemment ajouté à leur programme une série de cours sur la liturgie juive. Même si beaucoup d'étudiants viennent pour y trouver surtout les origines de la liturgie chrétienne primitive, ils apprennent à connaître en même temps une tradition liturgique différente, ancienne et moderne, qui a des éléments communs importants avec la liturgie chrétienne certes, mais qui doit être d'abord et avant tout comprise en ses termes propres.

A l'Université Pontificale Urbaniana, qui est orientée surtout vers la formation de futures responsables ecclésiastiques pour les pays du troisième monde, des cours sur les racines juives du christianisme sont une rubrique regulière. Ceci inclut des cours sur "Targumim et le Nouveau Testament", "La Haggadah de Pâques et le Repas Eucharistique", "Jésus et les premiers chrétiens dans le Talmud et le Midrash" et des cours de lecture de divers Pseudepigraphes.

Les Salésiens, congrégation fondée au 19ème siècle avec le souci particulier des jeunes abandonnés et de leur éducation, ont une Université dont le domaine propre est surtout celui de l'éducation. Ils ont aussi, dans leur programme, des cours de Bible et ont récemment ajouté une section d'Exégèse juive au cours d'Interprétation de "l'Ancien Testament".
Ainsi, alors que le système universitaire d'Etat semble caractérisé par la fragmentation et la dispersion des ressources, la caractéristique de ces bien plus petits Instituts d'Eglise est de se concentrer sur un seul aspect de la civilisation juive, là où celle-ci rejoint la spécialisation propre de l'institut.

A l'Université Grégorienne, institution plus connue dont les jésuites ont la propriété et la direction, la situation est quelque peu différente. Plus de 3.000 étudiants y sont inscrits, pour différentes branches de la théologie ou certaines disciplines annexes, et ils viennent d'un grand nombre de pays divers. Il y a là un programme inter-facultés d'Etudes juives qui traite de nombreux aspects de la civilisation juive. Malheureusement, ce programme n'a pas de corps enseignant à plein temps: il lui faut donc compter soit sur des professeurs "visiteurs" venant d'Israël (ou Etats Unis) pour enseigner pendant un trimestre leur spécialité, soit sur des personnes disponibles à Rome. Il y a quelques années, un cours (qui s'est transformé ensuite en un livre) a été donné par un Israélien d'origine italienne sur l'Histoire de l'anti-sémitisme moderne. Un autre Israélien d'origine italienne a donné un cours sur l'Histoire juive après 1492, cours pour lequel il a reçu une sorte de prix de "Meilleur enseignant de l'année". Récemment, un professeur de l'Université Bar-Ilan, qui est aussi le fils du grand rabbin de Rome, a donné un cours sur l'Histoire du judaïsme italien. Presque chaque année, un cours est donné sur l'Eglise catholique et le judaïsme, comportant une introduction à l'évolution de la pensée depuis Vatican II et des conférences sur bon nombre d'aspects différents du judaïsme et de l'histoire des relations entre catholiques et juifs. Ce cours est donné en collaboration avec des personnes spécialisées en divers domaines, qui assurent entre deux et dix heures de cours et attirent un assez grand nombre d'étudiants (il n'est pas rare d'en avoir jusqu'à 100). A part cela, un professeur spécialisé en Philosophie du 20ème siècle introduit dans ses conférences et séminaires une discussion sur la pensée de Rosenzweig, Buber et Levinas. L'Université Grégorienne a récemment institué un programme de bourses pour permettre aux étudiants de la faculté de théologie de participer au cours d'été en Hébreu Biblique à l'Institut Martin Buber de l'Université Hébraique de Jérusalem. Ainsi, la Grégorienne semble offrir de grandes possibilités pour élaborer un réel programme d'Etudes de la civilisation juive, et cela particulièrement si l'on tient compte de certains cours communs avec l'Institut Biblique Pontifical qui se trouve en face.

L'Institut Biblique Pontifical, a été fondé par le Pape Pie X lui-même en 1909 et il a été confié, dès ses débuts, aux jésuites. Depuis 1928, il est associé à l'Université Grégorienne, mais il a une administration propre indépendante. La bibliothèque est l'une des meilleures d'Europe pour les études bibliques, et certainement la meilleure en Italie en de nombreux domaines des Etudes juives. Depuis 1927, l'Institut Biblique a une succursale à Jérusalem où étudiants et professeurs peuvent aller, soit pour de brefs séjours, soit pour un semestre; ses diplômes sont reconnus, l'organisation étant faite en coopération avec l'Université Hébraïque (programme existant déjà depuis 20 ans) ou avec l'Ecole Biblique. L'objectif de cet Institut a toujours été et demeure strictement biblique. De ce fait, même s'il existe un département entier consacré à l'enseignement des civilisations pré- et extra bibliques ("La Faculté d'études de l'Orient ancien"), il est considéré comme subordonné aux Etudes bibliques au sens large (on y trouve des cours de hittite, akkadien, arabe, à côté du copte, du géorgien et de l'arménien). De même, les Etudes juives post-bibliques sont considérées comme un background pour l'étude de l'Ancien et du Nouveau Testament. Ainsi, un spécialiste en littérature rabbinique donne-t-il un cours sur la Mishna sous le titre: "Le background historique et religieux du Nouveau Testament", ou un cours sur les interprétations rabbiniques de l'Akedah dans la section "Introduction à l'Ancien Testament". Dans ces cours, il met certes en relief la valeur de ces textes en eux-mêmes et il les situe dans leur contexte propre, celui du judaïsme rabbinique. En ce qui concerne l'enseignement de la littérature et de l'histoire de la période du Second Temple, la situation est similaire. Les cours sont accrédités en tant qu'introduction à "l'Ancien" ou au Nouveau Testament, ou en tant qu'histoire de la période du Nouveau Testament (en italien, l'expression "Antico Testamento" semble ne pas avoir la connotation négative que l'opposition "Ancien"/"Nouveau" peut avoir en d'autres langues.) Dans ces cours, tout en acquérant un meilleur background pour leurs études bibliques, les étudiants découvrent aussi certaines lignes de continuité et aussi des différences entre les divers groupes juifs et chrétiens.

C'est à l'Université Pontificale du Latran qu'on trouve le programme "le plus ancien", qui essaie de présenter la civilisation juive en elle-même et pas seulement dans sa relation au christianisme, et cela même si l'Université Grégorienne semble avoir de plus grandes potentialités. Autant que je le sache, ce programme a débuté au Latran peu après Vatican II à l'initiative du regretté Monseigneur Rossano, l'un des experts ayant travaillé à la rédaction de Nostra Aetate, la Déclaration conciliaire sur les relations de l'Eglise Catholique avec les religions non-chrétiennes. Il existe dans le programme une Introduction au judaïsme rabbinique donnée par un rabbin qui est le second à occuper ce poste. A cette même Université, un autre cours régulier est donné à la Faculté de Droit, sur la loi juive biblique et post-biblique.

Il ne s'agit nullement ici d'une présentation complète des cours d'Etudes juives. Peut-être que les exemples cités donnent une première impression de la varieté mais aussi des limitations de ce qui et offert.

II. ANALYSE DE CES DONNÉES

On pourrait noter, par ailleurs, qu'il existe dans ces Universités une immense richesse dans les cours offerts. Personne n'aurait pu prévoir, et moi moins que tout autre, que je découvrirais 40 cours d'Etudes juives dans la ville de Rome. Il y a là une augmentation significative par rapport à ce qui existait il y a trente ans, ou même seulement dix. Dans la grande majorité des cas, le professeur actuel est le premier à occuper ce poste. Il est vrai qu'un bon nombre de ces cours traitent du judaïsme du Second Temple dans le contexte des origines chrétiennes, mais beaucoup d'autres considèrent aussi d'autres aspects.

Mis à part le Collège Rabbinique, la littérature rabbinique est enseignée, dans des cours d'introduction au Latran, à l'Urbaniana et à La Sapienza. Des cours existent à un niveau un peu plus spécialisé (avec, du moins, un sérieux background en hébreu et araméen bibliques) à l'Institut Biblique Pontifical, centrés pendant un semestre entier sur un thème ou un ensemble de textes spécifiques.

Pour la période allant des Gaons aux débuts des temps modernes, il n'y a que peu de cours ou sections de cours, en fait surtout une section de cours sur Rashi dans une Université d'Etat. Cependant, on m'a demandé récemment si je connaissais une personne susceptible de donner un cours sur l'Histoire de l'exégèse juive médiévale dans un Institut ecclésiastique.

L'époque moderne est couverte par un seul historien et par au moins quatre professeurs de philosophie. Je n'ai pu découvrir aucun cours traitant actuellement directement de la Shoa, même si le cours sur l'Antisémitisme moderne que nous avons signalé plus haut, à l'Université Grégorienne, incluait forcément ce sujet. Autant que je le sache, il n'existe aucun cours sur Israël moderne (et cela concerne aussi bien l'école rabbinique que les institutions de l'Eglise et de l'Etat), même si le Droit israélien est abordé en certains cours sur la loi juive.

Certainement, de grands progrès ont été accomplis depuis les années 60. Il m'est difficile de juger de ces progrès dans les Universités d'Etat, car je ne les connais que de l'extérieur. Si quelques-uns au moins des jeunes chercheurs obtenaient une nomination comme professeur, au moins les domaines de la philosophie et, peut-être, de l'histoire pourraient être couverts beaucoup mieux que par le passé. Un problème presque général est celui de la formation de personnes compétentes en Etudes juives pour l'avenir. En dehors de l'école rabbinique dont le but premier est plutôt pratique qu'académique, il n'existe en Italie aucun institut ou département qui se consacre directement à donner une formation dans les Etudes juives, cela même si les départements de Langues sémitiques ou d'Etudes du Proche Orient ancien remplissent en partie cette fonction.

En ce qui concerne les institutions catholiques, l'ouverture y est générale de la part des administrations et de nombreux professeurs qui reconnaissent l'importance de divers aspects des Etudes juives pour un programme d'études théologiques chrétiennes. La richesse des propositions, et certains problèmes aussi, viennent de la spécialisation de la plupart des instituts qui abordent les Etudes juives sous un angle particulier seulement (liturgie, spiritualité, Bible, éducation, pensée hellénistique, histoire de l'exégèse). Le défi, pour le professeur, et aussi l'occasion qui lui est offerte, c'est de donner aux étudiants une vue correcte du judaïsme, cela même si on l'aborde sous un angle très limité. Les possibilités de toucher des étudiants du monde entier sont immenses. Si l'on pense que beaucoup d'entre eux seront les professeurs de séminaires de l'avenir dans des pays où sont encore bien répandues les images négatives des juifs et du judaïsme, une grave responsabilité pèse sur le professeur qui ne dispose que d'un cours pour changer la situation. Après une discussion que j'ai eue avec un rabbin du collège rabbinique sur ce sujet, nous nous sommes séparés sur les mots attribués à Rabbi Tarfon: "Loalecha hammelachah ligmor, welo attah ben-horin le hibbattel mimenah", ce qu'on pourrait traduire librement ainsi: "Ce n'est pas à toi de terminer le travail, mais tu n'es pas libre de t'en dispenser" (m. Abot 2:16) (1)

Notes
Dr. Joseph Sievers enseigne l'histoire et la littérature de l'époque du Second Temple à l'Institut Biblique Pontifical

1. Je voudrais remercier le staff du SIDIC pour leur encouragement et aide pratique pour ce projet. Je voudrais aussi remercier les nombreux professeurs qui ont répondu à mes questions et/ou ont proposé des corrections ou améliorations. Toutes les imperfections qui y sont encore, sont bien sûr uniquement de ma responsabilité.
Une version précédente de cet exposé a été donnée à Jérusalem pendant la session de 1994 du Continuing Workshop on Teaching Jewish Civilization in Christian Academic Settings, qui a été patronné également par le International Center for University Teaching of Jewish Civilization et l'Institut Oecuménique de Tantur. Ma participation dans cet atelier était rendue possible - en partie - par une bourse du Centre de Recherche de la Fédération internationale des Universités Catholiques.

 

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