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SIDIC Periodical XV - 1982/1
Abraham, Père des croyants (Pages 03)

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Présentation

 

Qu'avons-nous à faire d'Abraham en ce 20e siècle? Nous vivons dans un contexte culturel et social si différent du sien. Et pourtant, encore de nos jours, la grande majorité des croyants de notre globe se réclament de lui: pour le peuple juif, il est le « Père » (Avraham Avinou), celui dont les mérites sont assez grands pour couvrir, devant Dieu, les fautes de ses descendants; les chrétiens, de leur côté, dès les lers siècles, se considèrent comme ses fils, ainsi que nous le constatons chez les Evangélistes (Mt 1,1 par ex.), Paul et Jacques, puis chez les Pères de l'Eglise; enfin les musulmans, à la suite de Mohammed, voient en lui le fondateur du culte de la Mekke et le « père des musulmans » (Sour. 22, 78).
Une lecture attentive de la « Déclaration du Concile Vatican II sur les relations de l'Eglise avec les religions non chrétiennes » met pour nous en évidence l'importance de ce Patriarche: il est nommé déjà dans le n° 3 comme « celui qui s'est soumis à Dieu », puis au n° 4 sa figure est évoquée 6 fois, qu'il soit nommé explicitement (2 fois) ou qu'il s'agisse de termes plus généraux comme « Patriarche » ou « Père » (selon l'expression juive). Le Concile veut rappeler « le lien qui relie spirituellement le peuple de l'A.T. avec la lignée d'Abraham » (« stirpe »... mot qu'on peut traduire plus concrètement par « souche »).
Quel est ce lien mystérieux qui nous relie tous, comme croyants, à Abraham? Ne serait-ce pas qu'à travers le temps la foi demeure, qu'elle se vit encore aujourd'hui, que les appels et les réponses d'Abraham, ses démarches, doivent être en quelque sorte encore les nôtres?
En lui nous nous reconnaissons, nous nous sentons comme les membres de son peuple, le peuple immense des croyants. En lui nous voyons comme l'archétype, une sorte de symbole, une de ces figures dans lesquelles s'expriment les aspirations conscientes ou inconscientes qui, comme le dit Jung,
se transmettent de génération en génération. Du coup, la dimension historique s'estompe: il est pour nous le modèle de la foi, celui qui brise toutes les idoles et s'abandonne au Dieu unique, celui qui rompt les liens les plus chers (la patrie... le fils unique) pour passer de la possession au don, de l'asservissement à « la liberté des enfants de Dieu. »
Briseur d'idoles, homme libre et même audacieux dans son dialogue avec Dieu (cf. Gen. 18, 22-33) Abraham, et à sa suite tous ses « enfants » les croyants, est encore porteur d'un message précieux pour notre temps. En notre monde de la technique où la machine, les biens de consommation, le travail et l'efficacité tendent à devenir des idoles, où prolifèrent des systèmes opprimant des milliers d'êtres humains, les croyants des 3 grandes religions monothéistes, avec les autres, n'ont-ils pas à retrouver pour eux-mêmes cette liberté qui fut celle d'Abraham le nomade et à travailler à la libération de leurs frères et soeurs écrasés par l'injustice? N'est-ce pas ainsi qu'ils maintiendront vivante et efficace la Promesse faite au Patriarche et qu'ils pourront être vraiment les fils de celui « en qui se béniront toutes les nations de toute la terre » (Gen. 12, 7)?

 

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