Other articles from this issue | Version in English | Version in French
Yad La Yeled
Les Editeurs
Il est en Galilée, un lieu de mémoire dédié au million et demi d’enfants juifs assassinés pendant la Shoah. “Yad la Yeled n’est pas un musée comme les autres, ni un mémorial de plus”1. Son propos est d’introduire sans traumatisme des enfants à partir de 10 ans dans l’univers de la Shoah. Construit par l’architecte Ram Carmi à Lohamei ha Ghettaot, le kibboutz des résistants des ghettos, inauguré en mai 1995, c’est un cône blanc tronqué qui s’enfonce en spirale dans la terre.
La pédagogie déployée par Yad la Yeled met l’accent sur:
Raconter par des voix d’enfants
Raconter vrai par des récits authentiques
Raconter la vie telle qu’un enfant l’a vécue
Raconter aujourd’hui par des techniques modernes de mise en scène
Raconter pour demain afin d’inviter les jeunes visiteurs à en savoir plus, et à commencer d’introduire leur questionnememt dans le maillon d’une mémoire.
La visite se déroule en deux temps. Le parcours du trajet au rythme personnel des enfants, et, après une pause, des animations en ateliers – dessin, écriture, expression corporelle, dramatique ou musicale – dirigées par des éducateurs qui “travaillent avec les enfants sur les émotions et les réflexions provoquées par la visite”.
Une classe d’enfants juifs de l’école Ganénou2 à Paris a visité en 1997 le musée de Yad ha Yeled. Nous avons été aimablement autorisés à reproduire ici une photo et quelques-unes de leurs réflexions.
“Ce musée m’a beaucoup marquée car il concerne une époque terrible et que ce sont des enfants de mon âge qui racontent leur histoire, celle de la Shoah et qui aurait pu m’arriver... C’est important de se souvenir, pour connaître les étapes et les mécanismes, afin d’éviter que cela ne se reproduise.” – Sarah
“C’est important de ressentir pour comprendre”. – Jennifer
“Comment en est-on arrivé là? Pourquoi ce manque de pitié? – Alice
“C’est aller contre le respect de l’être humain”. – Rachel
“Les êtres humains sont tous de la même race, c’est injuste de les tuer”. – Micou
“On se met à la place des gens et on se dit qu’est-ce que j’aurais fait si j’avais été à leur place? Est-ce que j’aurais pu courir et me sauver?
C’est pour ça qu’il ne faut pas que ça recommence”. – Léa
“Je me suis demandée pourquoi le musée avait cette forme? Peut-être pour ressembler aux cheminées des camps, pour montrer l’horreur des camps? J’ai été très émue et plus tard il faudra que j’apprenne à mes enfants ce que le musée m’a appris. On a tué des milliers d’enfants qui pouvaient jouer, dessiner, avoir un papa et une maman... Il ne faut plus que cela recommence. Aucun enfant quelque soit sa religion, sa race ou sa couleur ne doit plus souffrir. C’est de notre devoir à nous, juifs, de lutter contre tous les massacres qui peuvent survenir.” – Déborah