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SIDIC Periodical II - 1969/1
L’enseignement chrétien et les juifs (Pages 22 - 29)

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Chroniques
La rédaction

 

Rencontre entre Juifs et Chrétiens – Bogotà

Pour la première fois dans les pays latino-américains, tout au moins à ce niveau, a eu lieu à Bogotà les 20 et 21 août derniers une rencontre judéo-chrétienne. Presque tous les pays de l'Amérique Latine y étaient représentés. Sur l'initiative du B'rith (*) de New York le CELAM a assuré sa collaboration. Des rabbins et des laïcs des trois grands courants du judaïsme, conservateur, orthodoxe et réformé et, du côté chrétien, des prêtres, des religieuses, des laïcs et plusieurs évêques parmi lesquels le Cardinal Henriquez de Santiago y participèrent.

Le Rabbin L. Klenicki d'Argentine ouvrit la séance par un exposé historique des relations judéo-chrétiennes dont les débuts sont malheureusement fertiles en disputes théologiques, récriminations, violences ou silences devant les injustices et le manque de respect de l'être humain. Ce passé ne peut être ni oublié, ni ignoré car l'antisémitisme sévit toujours en Amérique Latine. Le problème ne se résoudra que dans le dialogue; il faut se situer, au delà des faciles polarisations..., dans la manière de comprendre nos racines communes » que sont la Torah, la Halakha et Jérusalem, ainsi que « dans l'action sociale concertée pour essayer de résoudre d'angoissants problèmes d'aujourd'hui ». Ce qui, du côté juif, caractérise les dialogues des pionniers comme Franz Rosenzweig, Leo Baeck et Martin Buber c'est d'avoir essayé de remettre la foi chrétienne dans le contexte de l'histoire et du plan divin. Pour la première fois le juif n'est pas contraint à se défendre des attaques dialectiques. Dans une atmosphère de liberté religieuse, le dialogue devient plutot un désir de se comprendre. Jean XXIII a redonné à notre temps l'espérance d'un dialogue de cette envergure et si la tâche est dure et difficile, elle n'est pas impossible car, enfin, conclut le Rabbin Klenicki, « la foi en un Dieu unique, ... en la réalité d'un univers spirituel, ... en la valeur de chaque être ... et la foi messianique en un futur meilleur » nous unissent déjà, malgré l'ignorance que l'bn a encore du judaïsme et les préjugés dont reste préoccupée la communauté israélite.

Le Père J. Mejfa du CELAM souligna à son tour l'importance de cette rencontre sur le continent latino-américain. Il examina du point de vue catholique ce que signifie le dialogue judéo-chrétien, ce qu'il exige des deux interlocuteurs, et comment il se situe dans le programme général de l'activité de l'Eglise. Avec une sincérité d'expression dont l'auditoire fut ému, il exposa ce programme:

— Catholicisme et judaïsme doivent, pour dialoguer, s'accepter mutuellement comme religions: le dialogue doit donc être religieux.

— Ce dialogue sera structuré par les données mêmes de la Révélation et de la Tradition chrétienne qui n'ont aucun sens si elles ne sont pas dans la continuité de l'histoire religieuse d'Israël et du Tanakh.

— Il est donc nécessaire que l'Eglise et le judaïsme reconnaissent leurs rôles réciproques dans l'histoire du Salut.

Ainsi, exposer sa propre foi l'un à l'autre, apprendre à se connaître dans la vie concrète de chaque jour, étudier la liturgie de l'autre puisque nous célébrons les mêmes fêtes et suivons un schéma liturgique symétrique: cela serait profitable aux deux confessions et nous fortifierait l'un et l'autre dans la lutte contre l'athéisme qu'alimente le scandale de nos divisions. Enfin, conclut le P. Mejia, nous devons prendre maintenant des décisions concrètes sur ce que notre communauté respective demande à l'autre car « tout dialogue qui n'aboutit pas à des réformes court le risque de se convertir en mensonge ».

Après ces deux exposés, une première hésitation vaincue, les participants exprimèrent leur pensée profonde sur la possibilité d'un dialogue franc et cordial, même sur un plan religieux, sans ignorer cependant les difficultés réelles, conséquence de l'histoire des rapports du peuple juif avec l'Eglise catholique. Tout cela fut dit sans amertume ni rancune de la part des juifs, bien que l'on sentît dans leurs paroles une grande souffrance et beaucoup d'inquiétude face à l'avenir.

Les conférences furent claires, loyales, exigeantes, un bon point de départ. Durant la marche du travail le climat devint de plus en plus ouvert et fut même empreint d'une entière confiance réciproque. Dans ce contexte on a franchement reconnu que les mêmes problèmes existent de part et d'autre, par exemple au sujet de la jeunesse. On cherche sa propre identité, la signification vivante et vivifiante de la foi, de nouvelles formes de vie. Ceci évoque un désir et en même temps une crainte du dialogue, et le désir aussi d'aller en Israël. Les uns disaient: « Il est nécessaire de ramener la jeunesse juive au judaïsme ». D'autres, « Il faut étudier à fond ce qui constitue le vrai dialogue ». Et encore: « Nous sommes de la génération dont les parents nous ont légué la foi mais non la pratique religieuse, et nous ne pouvons pas répondre aux inquiétudes de nos jeunes, car nous n'avons pas eu l'opportunité ou pas senti le besoin de l'approfondir ».

La question: « Quelle relation y a-t-il entre le judaïsme et l'Etat d'Israël? » qui n'apparaissait pas dans le programme de travail, a cependant suscité beaucoup d'intérêt et des discussions de la part de tous, et une certaine inquiétude chez ceux qui ne conçoivent l'idéal messianique juif que dans la réalisation de l'Etat d'Israël pour tous.

A la suite de cette discussion, en réponse à une demande concernant le Synode Pastoral du Chili, le Cardinal a avoué que le témoignage d'un rabbin, observateur au synode, a provoqué la déclaration synodale sur l'attitude des chrétiens envers les juifs.

Ceci a été suivi par une intervention très révélatrice de Mr Oscar Cohen de la B'nai B'rith de New York, au sujet des préjugés aux U.S.A. Fondant ses remarques sur des études faites pendant six ans, Mr Cohen a démontré que les préjugés antisémites ont leur origine ou sont renforcés, en grande partie, dans l'enseignement religieux, par les fausses interprétations du dogme catholique. Un autre point qu'il fit ressortir rejoint ce que l'on signale en divers pays, c'est-à-dire qu'il faut aller à la racine des préjugés antisémites, antichrétiens et « anti-tout » en renouvelant les programmes d'enseignement religieux dans tous les aspects de la catéchèse.

Un large éventail de questions furent ensuite soulevées et étudiées par les participants de la rencontre, divisés en quatre commissions de travail: service de la communauté, études et échanges culturels, éliminations des préjugés mutuels, participation à des actes religieux en commun.

Quelques-unes des nombreuses décisions de ces commissions sont:

— « Proposer au CELAM et aux institutions juives intéressées, de favoriser la création de cours et séminaires, dans les facultés théologiques du continent, sur des thèmes ou sujets spécifiques.

— « D'agir dans les écoles, les séminaires, les familles pour détecter les préjugés mutuels existants.

— « De faire une révision des textes d'études, de catéchèse et de culte, ainsi que des dictionnaires et encyclopédies, afin d'en éliminer toute espèce de préjugés mutuels ». (Prises du rapport sur la réunion).

[Un communiqué (oct. 1968) du Conselho de Fraternidade Cristào-Judaica de Sào Paulo, Brésil, signale un début de réalisations de projets semblables: « projections de films et emploi de méthodes audio-visuelles pour faciliter et accélérer le rapprochement fraternel entre juifs et chrétiens; publication d'un dictionnaire sur la pensée juive' destiné aux écoles, aux séminaires, aux leaders chrétiens; divulgation de textes et de commentaires ayant pour but un éclaircissement mutuel ».]

Malheureusement le temps, beaucoup trop court, n'a pas permis un travail en toute profondeur, face à un programme assez étendu. Tout cela est trop vaste... ». On a senti que ce n'était qu'une première vue des problèmes et que loin de se satisfaire d'une seule réunion il était nécessaire de se rencontrer à nouveau pour poursuivre le travail.

Sr. M. CARIDAD
E. PARIENTE

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Au cours de son voyage au congrès eucharistique de Bogota, Colombie, du 22 au 24 août, le Pape Paul VI a parlé brièvement à la communauté juive locale. Le texte dit: « Vous savez que le 2e Concile du Vatican a étudié d'une façon approfondie les rapports entre l'Eglise catholique et le Judaïsme. Le texte de la déclaration Nostra Aetate... affirme à bon droit: 'Du fait d'un si grand patrimoine spirituel, commun aux chrétiens et au juifs, le Concile veut encourager et recommander entre eux la connaissance et l'estime mutuelles, qui naîtront surtout d'études bibliques et théologiques, ainsi que d'un dialogue fraternel'. Parmi les richesses de ce grand patrimoine commun, nous voudrions aujourd'hui rappeler la foi en un seul Dieu qui transcende toutes les catégories humaines et qui s'est en même temps révélé comme Père (Is. 63, 16). Il a créé l'homme à son image (Gen. 1, 26-28) et ensemble nous croyons que nous sommes appelés — selon le grand commandement de l'amour de Dieu et du prochain (Deut. 6, 5; Lév. 19, 18), concrétisé dans le Décalogue et dans les autres règles de vie (Deut. 5 et Lév. 19) — à accomplir la volonté de Dieu et à nous mettre au service les uns des autres. Dieu veuille qu'ainsi nous parvenions tous à participer un jour à la plénitude de sa gloire dans un ciel nouveau et une terre nouvelle (Is. 65, 17). Nous demandons à Dieu de bénir nos efforts de fructueuse collaboration pour le bien de l'humanité tout entière afin qu'arrive le jour où tous les peuples invoqueront le Seigneur d'une seule voix et le serviront ensemble (Soph.3, 9) ». (Traduction de la Documentation Catholique du 15 septembre 1968, d'après le texte italien de l'Osservatore Romano, 25 août).

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Une réunion internationale et l'éducation.

En septembre dernier eut lieu sur le campus de York University de Toronto une réunion internationale organisée conjcintement par le Canadian Council of Christians and Jews et la National Conference of Christians and Jews des Etats-Unis.

Parmi plus de 200 participants se trouvait un certain nombre de délégués d'Europe et d'Israël. Le thème général était: « Gomment surmonter les obstacles à la communication ». Il fut discuté en petits groupes après avoir été réparti en plusieurs sujets: Personne et communication, Education, Arts et media, Groupes ethniques et systèmes de valeurs, Dialogue interreligieux, Différences religieuses et préjugés, Economie et politique. Nous ne parlerons ici que de quelques points relatifs à l'éducation.

La commission 2, qui traitait de la communication en éducation, étudia les images transmises par les livres, les films, la radio et la télévision au sujet des groupes majoritaires et minoritaires, notant l'influence croissante des massmedia.

La neutralité, même si beaucoup d'Américains la préconisent en éducation, semble impossible puisqu'on ne peut inculquer des connaissances sans parler en même temps de leur valeur. C'est donc à chacun qu'il appartient d'assurer l'authenticité de ces valeurs. Les rapports entre l'Eglise et l'Etat et leur responsabilité respective dans les contextes américain et canadien furent l'objet de très importantes discussions.

On demanda qu'un groupe de personnes intéressées entreprenne des recherches sur la valeur des impressions produites par les mass-media et en publie le résultat avec des suggestions positives. Puisque les attitudes négatives causées par les mass-media sont inconscientes, il est nécessaire de les interpréter et de les clarifier dès leur origine.

Sous le titre « Différences religieuses et préjugés religieux », la commission 6 discuta les problèmes des textes bibliques et de leur emploi en éducation et en liturgie. Etant donné que ces textes ont alimenté certains préjugés, on a suggéré une nouvelle traduction. La difficulté d'un tel travail rend plus importante la formation de chrétiens qui pourraient corriger l'attitude actuelle envers les juifs par l'homélie, et l'insertion de ces textes aux temps liturgiques propices à leur juste compréhension.

Selon cette commission, professeurs et étudiants ont besoin d'une rééducation. Bien qu'on puisse déjà apprécier que le judaïsme soit une matière à option dans les institutions chrétiennes, on souhaite qu'il soit inséré dans le programme de base, afin d'atteindre tous les étudiants. Il faut poursuivre aussi la révision des manuels déjà commencée, spécialement sur les points suivants: « La Bible hébraïque et les sources juives du christianisme, la reconnaissance du judaïsme comme une foi vivante aujourd'hui, et les terrains de conflits entre l'Eglise et la Synagogue ». Ces idées furent complétées par celles de la commission 6B: « Il est extrêmement important de comprendre les conséquences inhérentes à l'émergence du christianisme du sein de la Synagogue, d'encourager de part et d'autre l'étude de l'histoire des deux premiers siècles, des textes talmudiques et des écrits des Pères. Le fruit de telles études doit se refléter dans les commentaires de la Bible, l'enseignement des séminaires, la littérature scolaire et les positions doctrinales que l'Eglise et la Synagogue prendront dans l'avenir ». On suggéra aussi une étude approfondie du Pharisaïsme plutôt qu'un effort pour « redresser » les distorsions du Nouveau Testament.

Une révision scientifique des concepts doctrinaux et des idées historiques, a-t-on affirmé, serait très nécessaire pour tarir les sources des malentendus, tels que la doctrine de la Révélation exclusive, et du Salut exclusif (selon laquelle les chrétiens ne considèrent plus les juifs comme peuple choisi de Dieu) et la mise en question de la validité des religions autres que la sienne et de leur rôle et de leur destinée dans l'histoire ». Selon beaucoup de participants de la réunion un grand nombre de chrétiens agissent comme si leur religion était supérieure à toutes les autres, spécialement au judaïsme. Certains pensent que dans le Nouveau Testament lui-même, on peut trouver quelle est la nouvelle attitude des chrétiens envers les religions non-chrétiennes, alors que d'autres la considèrent comme le produit du pluralisme religieux moderne. Tous cependant sont d'iaccord que le fait de ré-examiner cette attitude conduira à une étude plus approfondie en d'importants domaines tels que la Christologie et l'Ecclésiologie.

L'enseignement chrétien n'était pas seul pris à parti. Les membres juifs des différents groupes reconnurent que leur matériel d'enseignement contenait des images déformées du christianisme. Ainsi chrétiens et juifs partagent la responsabilité de développer des attitudes bienséantes dans la société. Leur tâche commune est de donner un stimulant pour « créer ensemble une communauté » comme le suggère la conclusion des rapports de la commission:

« Il n'est pas toujours utile d'affronter directement les préjugés religieux. Nous ne devrions pas penser uniquement à nous défendre contre les expressions péjoratives des manuels scolaires, etc..., mais il faudrait chercher d'une manière positive à créer une communauté... ». Pour le meilleur et pour le pire, juifs et chrétiens sont partenaires dans le monde moderne et ses dilemmes. Rien ne pourrait être plus regrettable que de refuser ou négliger cette association ».

Comme s'il s'agissait d'une confrontation directe, les membres de la session conclurent:
« Pour atteindre ce but [une connaissance exacte de la Tradition juive] il faudrait évidemment de la part des éducateurs chrétiens un enrichissement et un remaniement de leur enseignement. Une union des institutions chrétiennes répondrait admirablement à ce besoin. Des instituts supérieurs d'études religieuses par exemple pourraient être développés sous les auspices ou de religion ou de fondation, ou bien à l'intérieur même de nos grandes universités.

De tels instituts seraient d'une immense valeur à des points de vue divers: 1) compréhension de la situation contemporaine du point de vue religieux; 2) projets en commun sur l'histoire des juifs; 3) ré-évaluation judéo-chrétienne du Moyen-âge, du siècle des lumières etc.; 4) recherche en commun sur le Nouveau Testament, les Pharisiens, la liturgie.

Les moyens de l'Eglise et de la Synagogue, des organisations d'orientation religieuse, pour mener à bien ce développement, peuvent être limités. Aujourd'hui c'est dans le milieu universitaire qu'un tel développement peut le mieux trouver sa place ».

(Toutes les citations sont tirées des « Official Commission reports », 1968 International Conference of Christians and Jews; Toronto, Canada; Sept. 2-7, 1968.)

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Le National Community Relations Advisory Galina des Etats-Unis s'est réuni du 14 au 16 septembre, pour examiner son programme de lutte contre l'antisémitisme. (Le NCRAC travaille pour atténuer des tensions raciales et religieuses dans les communautés). Dans les groupes de travail certaines questions ont été discutées, telles que: « Quelle est la condition présente de l'antisémitisme aux Etats-Unis, et quels sont les courants? Quelle est la portée des méthodes courantes pour lutter contre l'antisémitisme et dans quelle mesure sont-elles efficaces? Quels sont les changements à introduire dans les programmes et quelles nouvelles méthodes faudrait-il employer actuellement et dans les années à venir? » Cette réunion a été suggérée par le NCRAC Commission on Individual Freedom and Jewish Security, car pendant des années il n'y a eu aucune étude sur l'antisémitisme. Le document de travail des sessions a dit que « l'antisémitisme visible qui sévit aux Etats-Unis est en régression ». Cependant « on l'a trouvé, plus ou mains dissimulé, dans les réactions à propos des hostilités israélo-arabes en juin 1967 ». Néanmoins « celles-ci et d'autres manifestations analogues doivent tenir compte du fait que des juifs sont acceptés dans les communautés... Il faut considérer l'attitude antisémite et les extravagances des extrémistes comme des failles et non comme des fautes ou des menaces ».

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Au Center for Continuing Education de Princeton Theological Seminary (protestant) aux Etats-Unis, vingt-quatre savants juifs et chrétiens se sont rencontrés pour étudier le rapport et le sens de la Torah, de la grâce et du messianisme dans les deux traditions, pour examiner leurs racines historiques et leur importance actuelle (27-28 octobre).

Parmi les participants on pouvait remarquer les professeurs de Princeton et les représentants de deux Hebrew Union Colleges (facultés théologiques du judaïsme réformé) — Cincinnati et New York —, le Père Raymond Brown, professeur du Nouveau Testament au seminaire de Baltimore, le Père Roland Murphy, professeur d'Ancien Testament à la Catholic University (Washington), le Rabbin Lean Jick, directeur du centre d'études juives à Brandeis University, et le Professeur A. Roy Eckardt de Lehigh University.

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Le 17 novembre l'Amitié judéo-chrétienne de France a célébré son 20e anniversaire par un congrès, à Paris, sur le sujet: « Judaïsme et Terre d'Israël ». M. B. Grass, directeur de l'école Aquiba de Strasbourg, a parlé « du lien qui unit le Judaïsme en tant que religion avec la Terre d'Israël ». Au moment de l'élection d'Abraham, il a reçu « comme première parole, une parole qui concerne la Terre ». Cependant le peuple juif n'est pas né en Israël mais en Egypte, en exil, d'où toute l'importance du couple Terre-Exil, l'exil étant « la possibilité pour le peuple de mériter sa Terre ». M. Grass a continué en disant que « l'assimilation ne peut résoudre aucun des problèmes du Judaïsme », et que « tout nationalisme juif coupé de ses racines spirituelles est voué à l'échec ». Répondant à M. Gross le Père Kurt Hruby, professeur à l'Institut catholique de Paris, a noté qu'« il s'agit pour la chrétienté de découvrir la place, la fonction et la mission du peuple juif, y compris l'Etat d'Israël, et ceci dans une vision biblique ». Il a ajouté que cela est loin d'être réalisé dans l'Eglise catholique, car « il faut en tout premier lieu se débarrasser d'une certaine mentalité qui consiste à arrêter l'histoire juive à la naissance du christianisme ». (Le Monde, 19 novembre- 1968, p. 23).

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Une longue annonce de presse du Secrétariat pour l'Unité des Chrétiens parue dans l'Osservatore Romano (18-19 novembre), relatait sa récente session plénière (4-14 novembre). Une phrase surtout: « Les membres et consulteurs du secrétariat ont pris en considération et étudié certains programmes futurs pour intensifier le dialogue entre chrétiens et juifs » a été retenue et mise en évidence par certains journaux d'Europe. Par exemple, Le Monde (19 novembre) a intitulé son bref article, « Pour un dialogue plus fréquent entre chrétiens et juifs ».

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Réunion d'enseignants à Zurich.

La International Conference of Educationalisrs a eu lieu à Zurich les 19 et 20 novembre 1968 organisée par le International Consultative Committee of Organizations for Jewish-Christian
Co-operation. La conférence réunissait des délégués de différents pays, spécialement d'Europe: Allemagne, Angleterre, Autriche, Belgique, Danemark, Hollande, France et Suisse. Le Pr C. A. Rijk représentait le Bureau du Vatican pour les Relations judéo-catholiques, le Rév. R. C. Dodds, Directeur des Affaires Oecuméniques, le National Council of Churches des U.S.A. et le Pr F. L. Brassloff, le World Jewish Congress de Genève.

La journée du mardi 19 fut consacrée aux rapports sur la situation actuelle des différents pays, et celle du mercredi aux plans possibles pour une marche en avant vers une compréhension mutuelle toujours plus profonde.

En général, les efforts ont porté jusqu'à maintenant sur les manuels d'enseignement religieux qui, selon l'opinion de beaucoup, sont les principaux agents des germes d'antisémitisme. A la demande de la Commission épiscopale en Allemagne, il y a quelques années, le P. Theodor Filthaut avait commencé la révision de l'enseignement catéchétique. Le même travail a été entrepris en Autriche, sous la présidence du Cardinal Koenig, culminant avec les résultats positifs dont parle le P. Clemens Thoma à la page 19 de cette publication. L'Université Pro Deo de Rome a examiné les livres d'enseignement religieux d'Italie et d'Espagne. Au Centre de Recherches socioreligieuses de Louvain, le même travail a été accompli selon les méthodes scientifiques sur les manuels de religion des écoles secondaires pour les pays de langue française: Belgique, Canada français, France et Suisse.

Ces recherches ont abouti à des degrés divers, au même résultat: la nécessité de réformer l'enseignement religieux, de le débarrasser des vieux stéréotypes du passé et, en respectant la vérité, de présenter les juifs et le judaïsme d'une manière plus positive. Les résultats de ces différentes études seront bientôt accessibles en s'adressant au I.C.C. de Zurich.

Cependant les manuels de religion ne sont pas seuls à véhiculer l'antisémitisme. L'enfant reçoit aussi l'influence de son milieu familial, de ses professeurs, de son environnement humain et de la mentalité du pays. C'est donc vers un contexte plus large et plus profond qu'il faut orienter les recherches et les activités.

Etant donné que le mot « juif » évoque à la fois religion et appartenance à un peuple bien défini, on peut grouper les données des rapports et des diverses suggestions sous trois aspects différents, même si, parfois, ils se recoupent: théologique, historique et sociologique. La conclusion de la discussion sur ces sujets peut se résumer ainsi: les efforts qui ont été faits dans le domaine de l'éducation par la revision de manuels de religion doivent se poursuivre par: 1) la formation de professeurs (facultés de théologie, séminaires, conférences, éducation des adultes); 2) la préparation de maîtres des classes élémentaires; 3) la révision des autres matières (Histoire, Instruction civique); 4) l'élargissement du problème dans l'étude des préjugés en général; 5) l'introduction de l'histoire des juifs dans l'histoire du monde et de leur contribution à la civilisation et au progrès de l'humanité.

C'est le rôle des comités de chaque pays de voir ce qui lui convient plus particulièrement. Le problème se pose avec plus ou moins d'acuité selon la situation du pays, l'importance de la communauté juive et les facteurs politiques, sociaux ou religieux de la région.

La prochaine réunion du I.C.C. aura lieu à Munich du 30 avril au 2 mai 1969.

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Mise en question de certaines dévotions.

Dans le Sidic d'octobre 1967, nous avons cité plusieurs exemples de crimes rituels et les dévotions qu'ils avaient fait naître. Ces dévotions entretenaient, consciemment ou non, certaines attitudes. Il est encourageant de noter que, dans plusieurs localités, des dispositions ont été prises pour dissiper leur « fondement » légendaire et mettre fin à leur pratique. En mars dernier, l'Allgemeine, journal juif allemand, annonçaitque « paraîtrait bientôt en Espagne une documentation mettant un terme aux légendes qui avaient servi de prétexte à l'expulsion des juifs d'Espagne en 1492... Elle démontrerait en particulier la fausseté de la légende rituelle de Nino de la Guardia ». Quant à la « Deggendorf Gnad », l'évêque de Regensburg a fait remplacer la peinture à l'huile du Moyen-Age, mangée par un parasite, par de nouveaux tableaux représentant le mystère de l'Eucharistie. Conformément à cela, le pélerinage annuel de pénitence sera transformé en une fête eucharistique.

En Autriche l'« Aktion gegen den Antisemitismus » a rapporté en novembre 1968 la nouvelle suivante: « une inscription près du maître-autel de l'église de Heiligenblut... rappelait le meurtre d'un chrétien par les mains d'un juif éhonté ». Ce texte explique maintenant: « par les mains d'un incroyant ». Le rapport continue en disant que l'action contre l'antisémitisme « continuera à faire tous ses efforts pour la suppression d'inscriptions et de représentations diffamatoires encore existantes ».

Ce qui peut très bien, peut-être par inadvertance, avoir donné cours à des sentiments antisémites est le fameux jeu de la Passion présenté tous les dix ans à Oberammergau. En novembre 1966, l'An-terican Jewish Congress émit une déclaration déplorant la passivité de ceux qui avaient des intérêts dans la production de la pièce fondée sur « le texte excessivement antisémite, en usage depuis cent ans ». L'AJC exprime sa déception envers les habitants d'Oberammergau qui ont rejeté le texte de 1750, 'allégorie écrite par un moine bénédictin et dépourvue de représentations antisémites, en faveur de celui de 1860. Ce dernier texte, écrit par un prêtre du lieu, représente, entre autres, les juifs comme un groupe « exclu du Royaume de Dieu ». C'est ce texte qui devait servir à la représentation de 1970. A l'annonce de cette décision l'un des principaux acteurs donna sa démission, acte fort applaudi par l'AJC. La déclaration n'avait pas été tout à fait vaine. De plus, le maire d'Oberammergau obtint l'approbation du Cardinal Doepfner, archevêque de Munich, pour faire réviser le manuscrit qui fut confié à l'abbaye d'Ettal. Dans une « Dokumentation » de l'abbaye, datée du 4 avril 1968, le professeur Stephan Schaller, OSB, fit savoir qu'il revoyait le texte traditionnel prenant spécialement en considération la nouvelle position du christianisme envers le judaïsme, présentée par Vatican II.

Un jeu de la Passion du même genre, représenté dans le New Jersey en mars dernier, marque des modifications très importantes aussi en réponse aux protestations de l'AJC. L'archevêque Boland de Newark confia l'examen minutieux du texte et la critique de la représentation au R. P. James Tours, professeur d'Hébreu et d'Ecriture sainte à l'Immaculée Conception, séminaire de Théologie de Darlington, N. J. Il remplit sa tâche « selon l'esprit de la déclaration de Vatican II sur les juifs ». (cf. American Jewish Congress news, 1/30/68 ).

Le « Memorandum » du 28 février 1968, publié par le secrétariat pour les relations entre juifs et catholiques des Etats-Unis, souligne l'attitude chrétienne que l'on doit adopter: « les jeux de la Passion, les sermons, et l'enseignement sur la Passion posent plus d'une question pour les relations entre juifs et catholiques. En vérité, ils mettent en cause le concept même d'une spiritualité authentiquement catholique. Les pasteurs et les éducateurs chrétiens... doivent essayer de faire croître dans le coeur de ceux qui les écoutent un plus grand amour de Dieu et des hommes, leur rappelant que ceux qui ont joué un rôle dans le drame de la Passion étaient, du point de vue chrétien, les représentants de nous tous tant que nous sommes ».

 

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