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Présentation
Les editeurs
En offrant à nos -lecteurs ce numéro de la revue sur le « Témoignage », nous désirons apporter notre contribution au dialogue inter-religieux en montrant comment les deux religions, juive et chrétienne, chacune de 'la manière qui lui est propre, témoignent du Dieu Vivant.
Plus que jamais -notre monde, troublé par des conflits de tous genres, a besoin d'hommes et de femmes qui témoignent des valeurs permanentes de l'humanité, valeurs que la tradition judéo-chrétienne a contribué, au long des siècles, à affirmer et à développer. C'est souvent dans des périodes troublées de l'histoire que l'on a vu se lever des témoins qui, par leur foi inébranlable, ant affermi celle de leurs contemporains et ont su ranimer en eux l'espérance en un monde meilleur.
Nous découvrons, de nos jours, 1'invitation qui nous est faite à tous, juifs, chrétiens et musulmans, qui croyons au même Dieu d'Abraham, de témoigner ensemble, de porter au monde contemporain un message d'encouragement et ~de confiance. I1 était à peu près impensable, taut récemment encore, de concevoir le témoignage chrétien sans y inclure la notion de mission, de conversion. Croire en Jésus Christ semblait impliquer nécessairement le désir de convertir l'autre à ses propres convictions: on considérait que c'était le don le plus précieux qui puisse lui être fait. Nous savons bien que la mission a été marquée plus d'une fois par un zèle intempestif, qu'elle a pu être « agressive » et ne pas respecter -les consciences. Même si la notion de mission reste théologiquement bien fondée, elle a été associée si longtemps à celle de conversion au de prosélytisme, qu'elle paraît inadéquate à rendre toute la richesse de ce que nous exprimons aujourd'hui par le terme de «,témoignage ».
Ce que nous voulons, en effet, n'est-ce pas pouvoir rendre témoignage les uns devant les autres, de -ce qui est notre foi de chrét2ens ou de juifs dans sa profondeur, dans sa spécificité? N'est-ce pas aussi pouvoir rendre témoignage ensemble au Dieu unique, un témoignage dont nous recherchons, dans le dialogue, des modalités? Il n'y a pas de dialogue sans une certaine vulnérabilité, sans une écoute mutuelle qui permette d'apprendre sur l'autre et aussi de l'autre; et l'an ne peut apprendre d'e l'au-tre sans accepter de se laisser transformer par de nouveux paints de vue.
Si le mot « mission », dans -le contexte du dialogue, doit être débarrassé des connotations regrettables du passé qui l'ont rapproché de la notion de conversion, et s'il doit prendre une signification nouvelle, positive, le mot « conversion » devrait, lui aussi, prendre un sens nouveau. Qui, en effet, ai-je à convertir? N'est-ce pas moi, d'abord, qui suis engagé dans le dialogue et qui dois entrer dans un processus continuel de conversion intérieure pour pouvoir écouter ce que mon interlocuteur veut me dire de lui-même? Et ce que ce dernier, de son côté, apprendra de moi lui permettra de vair les chases sous un jour différent.
Si cette attitude d'écoute attentive, de franchise dans 1e dialogue, se développe dans nos rapports mutuels, chacun de nous se trouvera confirmé dans sa propre foi et nous pourrons alors rendre ensemble témoignage à ce Dieu unique que, les uns et des autres, nous adorons et servons. Ce témoi gnage sera celui que le monde actuel, plus ou moins consciemment, attend, un témoignage porté non pas en paroles seulement, mais par des actes manifestant dans la vie concrète notre fai commune. I1 s'agit donc, ensemble, de travailler pour la paix et la fraternité, de (lutter contre -1a !pauvreté et la faim dans le mande, de promouvoir le respect de la dignité humaine et de la vie. Ne craignons pas de prendre des risques et de chercher des voies nouvelles pour témoigner ensemble de l'espérance qui est en nous, laissant résonner en nos coeurs le message de joie du prophète Sophonie:
« Alors je donnerai aux peuples des lèvres pures, pour qu'ils invoquent haut le nom du Seigneur, pour qu'ils le servent dans un même effort ». (3,9)