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Présentation
La rédaction
La conscience de plus en plus claire du bienfait qu'apporte au chrétien la connaissance de l'interprétation juive de la sainte Écriture incite les exégètes à l'appréciation objective de cette littérature que constitue le Talmud, les Targums et le Midrash (voir SIDIC n° 3 - 1973, « Le Talmud » et n° 2 - 1976, « Targumim et Midrashim »). Pour quoi ceci? Parce que le christianisme s'enracine non seulement dans la Bible mais aussi dans la Tradition juive. Le nouveau Testament fut écrit dans le contexte du judaïsme rabbinique, ce judaïsme qui a donné son expression dans le Midrash, la Halakha, et l'abondante littérature haggadique, fruit de recherches scripturaires séculaires.
Vue sous cet angle, l'approche de Jérôme dans sa traduction de la Bible hébraïque et ses Commentaires constituent un témoignage important de ce que les premiers écrivains chrétiens durent à l'interprétation juive de la Bible; Jérôme s'appuyait largement sur l'exégèse juive et, étant donné que la Vulgate fut, pendant des siècles, la traduction canonique employée dans l'Église pour l'interprétation de la Bible, cette influence mérite d'être étudiée. Cette étude est si vaste que nous avons décidé de consacrer un numéro de SIDIC au personnage biblique de Daniel et nous sommes heureux que plusieurs auteurs partagent avec nous le fruit de leurs recherches et de leurs réflexions.
Jérôme était convaincu que le texte hébreu de la Bible était le texte authentique et par conséquent il poussait sa recherche en direction de la « veritas hebraica ». Ceci montre qu'en dépit de son tour d'esprit théologique, Jérôme voyait à quel point il était nécessaire de recourir à l'exégèse juive pour éclairer le contexte de la Parole divine.
Mais s'appuyer uniquement sur le savoir académique des commentaires juifs antiques_ serait perdre de vue la richesse qu'apporte le contact avec l'attitude vivante des juifs à l'égard de l'Écriture et leur manière de l'étudier. Il est indubitable que le chrétien ne doit pas se borner à connaître l'interprétation juive de l'Écriture, mais qu'il doit aussi l'étudier à la lumière du judaïsme contemporain, car la tradition juive est quelque chose de vivant, les juifs continuent à s'en nourrir, à la porter dans leur coeur, à la transmettre.
C'est donc avec espérance que nous présentons les pages suivantes, confiants qu'elles peuvent, non seulement inciter les exégètes à poursuivre leurs recherches, mais aussi ouvrir la voie à une meilleure compréhension de la signification de ces études pour l'exégèse chrétienne, la théologie, la spiritualité et, en vérité, la vie entière.