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Présentation
La couverture de ce numéro représente deux nouvelles figures de Ecclesia et Synagoga. Les deux symbolisent leur foi respective et montrent comment elles tentent d’avancer ensemble, à égalité et en amitié.
Au seuil de ce millénaire, Sidic a voulu interroger quelques personnes engagées dans la relation entre juifs et chrétiens – relation qui peut aller jusqu’au dialogue – pour publier des miettes de leurs échanges.
Dans l’article du Rabbin Tony Bayfield nous les entendons vouloir regarder en avant plutôt qu’en arrière, dans une relation qui « entre dans la pensée et le cœur de son interlocuteur ». En parlant de la conférence du Millénaire au Centre Sternberg à Londres en mai 2000, le rabbin Bayfield souligne que le vrai dialogue doit comporter « l’engagement, la poursuite acharnée d’une argumentation ... le partage de ses intimes convictions et de ses propres hésitations ». Cela devrait être ainsi « spécialement entre ceux qui sont appelés à diriger l’Eglise et la Synagogue en véritables chefs religieux ».
Philip A. Cunningham décrit l’Eglise et la Synagogue luttant ensemble à Boston College dans un effort pour « établir un calendrier pour le vingt-et-unième siècle ». Dans la conférence pour une nouvelle étape dans le dialogue entre juifs et chrétiens, son survol panoramique donne l’impression qu’une nouvelle page est entrain de se tourner dans la théologie, la formation religieuse, les études bibliques, la liturgie, l’éthique et l’histoire. Il montre aussi que « l’intensité inhabituelle de ces rencontres...suscite naturellement des réactions opposées ; .... devant de tels sentiments, même ceux qui participent personnellement depuis des années au dialogue interreligieux se sentent obligés de consolider les frontières entre les deux traditions ».
Dans « Les tâches futures du dialogue entre juifs et chrétiens », le P. Jean Dujardin note que l’invitation faite aux Eglises « à purifier leur mémoire ne pouvait que réjouir les artisans du dialogue entre juifs et chrétiens ». Tout en saluant la liturgie de pénitence du 12 mars 2000 à Rome et les gestes symboliques du Pape à Jérusalem « comme des signes évidents d’un changement irréversible de l’Eglise », le P. Dujardin sait aussi que « la crainte et la méfiance n’ont pas totalement disparu dans la communauté juive ». Il note « le fossé culturel » en théologie où « les mêmes mots dans le judaïsme et le christianisme ne désignent pas forcément la même réalité ». Après avoir proposé plusieurs thèmes pour le dialogue futur, il conclut que l’itinéraire de l’avenir est imprévisible et que le dialogue demandera « courage, rigueur et lucidité » à l’Eglise et à la Synagogue.
En envisageant « l’avenir des relations entre juifs et chrétiens en Israël », des membres de l’Interreligious Coordinating Council in Israel (ICCI), expriment leur espoir que les efforts interreligieux d’une minorité en Israël aient un effet de « levain » dans leur contexte plus large et si complexe. Leur dialogue cherche à affronter le nouveau défi pour le christianisme contemporain par l’établissement de l’Etat d’Israël. Il illustre le lent processus de découverte et de soutien mutuels et « la nouvelle sensibilité aux préoccupations théologiques et politiques des chrétiens palestiniens ». La « ligne de démarcation théologique entre protestants » en Israël est prise en compte, ainsi que le détachement problématique du dialogue interreligieux de la politique. Ils expriment le désir de « donner plus d’ampleur à l’histoire et [de] mettre en valeur quelques-uns des moments rares, mais significatifs, où il y a eu des bons rapports entre juifs et chrétiens ».
Eglise et Synagogue réalisent selon les mots du P. Dujardin « qu’on n’efface pas en quelques décades un passé si chargé ». La « Lettre à la rédaction » de G. Riegner en donne un témoignage poignant. Ses paroles honnêtes et sans fard témoignent du courage et de l’intégrité qu’il faut pour que Eglise et Synagogue, en ce nouveau millénaire, marchent vraiment côte à côte au ras du sol.