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SIDIC Periodical IV - 1971/2
Jérusalem, ville de la paix (Pages 22 - 23)

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Rencontre entre arabes et juifs
Traduit de l'Osservatore Romano

 

Depuis octobre 1967, les soeurs de Sion du Couvent de l'Ecce Homo (de la via Dolorosa dans la vieille Jérusalem) réalisent, avec un vrai esprit apostolique, une oeuvre importante pour un rapprochement entre israëliens et arabes. Elles ont ouvert, en effet, des oulpanim, c'est-à-dire des cours intensifs d'hébreu, pour les arabes, et des cours semblables d'arabe pour les juifs. Récemment, deux cents étudiants arabes et cinquante élèves juifs qui avaient participé dans le couvent aux programmes culturels et sociaux arabohébreux, sous les auspices du Centre d'éducation pour adultes de l'Université de Jérusalem, ont reçu leur diplôme.

Tout cela commença au mois de juillet 1967. La supérieure, Soeur Aline, des soeurs de Sion, rentrait alors de France; elle y avait soutenu en Sorbonne sa thèse sur le lieu probable de la résidence de Ponce Pilate à Jérusalem. Ce serait le lieu sur lequel est bâti le couvent actuellement.

« Un jour, pendant la célébration de la messe, dit-elle, j'eus une inspiration : j'avais fait le voeu, selon ma vocation, de travailler au rapprochement des juifs et des chrétiens. Après réflexion, je décidai que mon oeuvre devait être utile à Jérusalem et que toute mon intelligence et mon énergie devaient servir à établir la paix entre juifs et arabes. Mais comment faire? Je pensai à la fondation d'un Centre culturel où les arabes auraient appris d'hébreu : cela aurait amélioré leurs relations avec les juifs et ils auraient pu collaborer avec eux. »

Ce même jour, à midi, quelqu'un frappa à la porte : c'était le P. Bruno Hussar, un dominicain, alors supérieur de la Maison St Isaïe de la Jérusalem occidentale. « Ma Soeur, dit-il, un de mes amis juifs, professeur à l'Université hébraïque, désire depuis de nombreuses années promouvoir des rencontres entre juifs et arabes. Il cherche quelqu'un qui puisse l'aider dans cette initiative.

J'ai pensé à vous... » Quelques heures plus tard Soeur Aline se trouvait devant le professeur Cal-man Yaron et il fut décidé d'inaugurer un cours le lundi de la semaine suivante. « Essayez de me trouver dix élèves, » dit le Prof. Yaron.

La religieuse réussit à en réunir trente six. Dès le début, ils obtinrent vraiment l'atmosphère favorable souhaitée, et à la fin du mois il y eut cinq classes de trente élèves chacune, dont la majorité était formée d'hommes et de femmes.

Toutefois la supérieure avait dit au professeur : « Si nous voulons jeter un pont entre les deux communautés, notre travail doit être bilatéral : nous devons enseigner aussi l'arabe aux juifs », et avec l'aide d'un prêtre syrien on ouvrit une seconde série de classes.

Pendant les pauses, élèves et professeurs se rencontrent en prenant le thé. Ils échangent leurs adresses et se rendent visite les uns aux autres. Un architecte juif très connu et un dentiste arabe sont allés camper ensemble. De plus le prof. Yaron a organisé une visite à Tel Aviv et à Césarée selon le désir des étudiants arabes dont certains voyaient la mer pour la première fois. Ils mangèrent avecquelques émigrants juifs qui apprenaient aussi l'hébreu; au retour l'un des étudiants arabes s'exclama : « Et dire que l'on ne cesse de nous crier de jeter à la mer tous ces gens! »

Récemment les jeunes d'un kibboutz ont invité beaucoup de jeunes arabes des oulpanim à passer un samedi avec eux, et les arabes, à leur tour, invitèrent leurs amis juifs de Jérusalem pour un week-end.

Au commencement de chaque année scolaire les israéliens et les arabes se rencontrent pour chanter et danser ensemble. Cette année plus de deux cents élèves travaillent sous la direction de huit professeurs juifs et de deux professeurs arabes. Les étudiants arabes sont chrétiens et musulmans en nombre presque égal. Le prof. Yaron en faisant le point du travail accompli, a dit récemment: « Notre activité ne nous amènera probablement pas à la paix, mais certainement nous avons réussi à établir des relations amicales entre juifs et arabes et à préparer ainsi les conditions d'une coexistence. »

{Traduit de l'Osservatore Romano 10 juin, 1971.)

 

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