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Propos d’évêques
La rédaction
Le 28 octobre 1965 -sept ans exactement après l'election de Jean XXIII à la papauté- la hiérarchie de l'Eglise Catholique Romaine a accepté la Déclaration sur les Relations de l'Eglise avec les Religions non-chrétiennes ; elle était solennellement promulguée le même jour par le Pape Paul VI.
Après le Concile du Vatican, de nombreux évêques, dans leur propre diocèse, firent mention de la Déclaration et des relations spéciales entre l'Eglise et le peuple juif. Nous en donnons quelques extraits.
1. Discours d'ouverture au CONCILE du Pape JEAN XXIII, le 11 octobre 1962.
"Dans le cours actuel des événements, alors que la société humaine semble à un tournant, il vaut mieux reconnaître les desseins mystérieux de la Providence divine qui, à travers la succession des temps et les travaux des hommes, la plupart du temps contre toute attente, atteignent leur, fin et disposent tout avec sagesse pour le bien de l'Eglise, même les événements contraires.
Vénérables frères, voilà ce que propose le IIe Concile oecuménique du Vatican. En unissant les forces majeures de l'Eglise, et en tra vaillant à ce que l'annonce du Salut soit accueillie plus favorablement par les hommes, il prépare en quelque sorte et il appianit la voie menant à l'unité du genre humain, fondement nécessaire pour faire que la cité terrestre soit à l'image de la cité céleste "qui a pour roi la vérité, pour loi, la charité et pour mesure, l'éternité". (St Augustin, Ep. 138, 3)"
2. Discours du Pape PAUL VI, prononcé le 28 octobre 1965, date de la pramul,gation de la Déclaration des Relations de l'Eglise avec les Religions non-chrétiennes.
"Que nos chers frères chrétiens encore séparés de la pleine communion de l'Eglise... veuillent bien contempler cette manifestation de son visage embelli. Que veuillent également le contempler les disciples des autres religions et, parmi eux, ceux qu'une même parenté en Abraham nous unit, les juifs spécialement, objets non certes de réprobation et de défiance, mais de respect, d'amour et d'espérance".
3. Cardinal AUGUSTIN BEA, Chef du Secrétariat pour l'Unité des Chrétiens.
"Personne ne peut refuser au peuple juif l'honneur dû au rôle qu'il a joué par le passé dans les étapes préparatoires de l'oeuvre de la Rédemption. Il est, d'autre part, incontestable que l'Eglise a été fondée dans ce peuple et sur quelques-uns de ses membres. Le Christ, chef de l'Eglise, était l'illustre descendant d'Abraham. De la souche d'Abraham est venue aussi sa Mère bénie, les apôtres qui furent les fondements de de l'Eglise, et les premiers chrétiens juifs qui constituèrent ses premières communautés. En vérité, la fondation de l'Eglise a constitué un commencement tout à fait nouveau, entièrement dû à Jésus-Christ qui le fonda sur ses apôtres, choisis et instruits par lui. Ce nouveau départ fut manifesté au monde par la descente de l'Esprit-Saint le jour de la Pentecôte. Néanmoins, ce renouveau est venu du peuple de l'Ancienne Alliance. Les apôtres étaient si juifs -et se reconnaissaient comme tels- que, bien qu'ils aient eu une liturgie embryonnaire personnelle dans la "fraction du pain" et "l'enseignement des apôtres", ils continuaient à aller au temple et à y prier et, comme nous l'avons vu, pendant des décennies, ils prêchèrent aux juifs dans les, synagogues. (cf. Act. 2:46 ,-3:18 ; 5:20 s ; 21:26 ; 24:12 ; 22:17). Ainsi, le peuple juif est et demeure "l'olivier franc" sur lequel les autres peuples du monde ont eté greffés afin de pouvoir participer aux divines promesses faites à Abraham et à sa postérité. Tout cela est vrai et restera vrai pour toujours et pour toute l'éternité...
Quand nous considérons dans son ensemble le rapport entre la miséricorde aimante de Dieu et la faiblesse et l'opposition obstinée de sen créatures dotées du pouvoir terrifiant de libre arbitre, nous ne pouvons manquer de conclure par une réflexion semblable à celle qui termine l'étude de St Paul sur le même problème. Tout en restant convaincu que tous les hommes sont pécheurs et ont un extrême besoin de la miséricorde de Dieu, Paul insiste spécialement sur l'adorable mystère de la manière dont Dieu agit à l'intérieur de l'histoire du genre humain.
0 profondeur de richesse,de sagesse et de science de Dieu ! Que ses jugements sont indéchiffrables et ses voies impénétrables ! "Car, qui a connu la pensée du Seigneur ou qui a été son conseiller ? Car de Lui et pare Lui et pour Lui sont toutes choses. Que la gloire lui appartienne pour toujours. Amen". (Rom. 11:33-36)
L'Eglise et le peuple juif
Augustin Cardinal Bea
4. Cardinal RAUL SILVA HENRIQUEZ, Primat du CHILI
"Chers Amis, un groupe d'entre vous a eu la gentillesse de m'inviter à faire une allocution à la Cité juive de Santiago ; je vous suis très reconnaissant de cette marque d'amitié. Beaucoup pourrait trouver surprenant que le Cardinal Archevêque de. Santiago ait accepté cette invitation avec plaisir e-tqu'il soit disposé à faire une allocution à Une communauté non-chrétienne sur un sujet religieux qui a une importance particulière en netrè temps : "Le respect de la Personne Humaine dans l'Ancien Testament".
Au cours de son entretien, le Cardinal Henriquez a dit que "l'esprit oecuménique du Vatican correspondait à une compréhension des valeurs humaines et que tous les hommes avaient des attaches avec le Peuple de Dieu".
"Qu'en dépit de temps difficiles, Dieu n'avait pas oublié Son Peuple et qu'une aube d'espoir, de paix, de liberté, de fraternité et d'amour devait se lever aussi pour Israel".
Jewish Chronicle, 3/9/1965
5. Mgr HEINRICH PACHOWIAK, Evêque Auxiliaire de HILDESHEIM, Allemagne.
"La Déclaration fut adoptée contre l'avis de 88 votants. Cela pourrait paraître élevé par rapport aux autres schémas, mais il convient d'examiner avec plus d'attention ces 88 voix contraires. On y trouve certainement toute une série de voix qui auraient préféré la version antérieure de ce schéma. Il faut cependant tenir compte aussi des voix, qui, sur le fond, sont parfaitement d'accord, certes, comme l'un des'évêques qui siège à côté de moi au Concile -il vient d'Egypte- me l'a dit explici tement, mais Qui estiment que le moment est inopportun; On peut dire qu'un bon résultat a été obtenu, surtout si on se remémore toute l'histoire de ce schéma. Il faut constater aussi que le nombre de ceux qui se sont prononcés contre est devenu de plus en plus faible au fur et à mesure des scrutins.
Je voudrais dire d'emblée qu'il ne faut pas tomber maintenant dans l'erreur de croire que jusqu'à présent l'enseignement religieux a été hypothéqué par un traitement ignominieux du peuple juif Lorsque je. repense à mes leçons de religion à l'école, je constate que le lle chapitre de la lettre aux Romains y jouait déjà un rôle. Et l'on nous y a nettement expliqué qu'on ne devait pas parler d'un peuple rejeté ou condamné par Dieu. On peut donc accueillir avec satisfaction le fait que le terme de déicide n'apparaisse plus. Je crois que c'est le Cardinal Béa lui-même qui a déclaré qu'un tel terme ne devait absolument pas être mis en circulation et que, de ce fait, il n'est pas avantageux qu'il figure dans une déclaration officielle. Dans l'ensemble je suis d'avis qu'il existe maintenant une ligne de conduite nette pour l'instruction religieuse et pour tous les élèves du catéchisme On sait exactement à quoi il faut s'en tenir et comment s'oriente l'ensemble de la ligne Officielle de l'Eglise".
Deutschland Berichte, n° 16, novembre 1965
6. L'évêque PEARSOWOF SINDA, Evêque auxiliaire.de,LANCASTER, Angleterre,
-le premier évêque catholique qui ait parlé dans uno synagogue-s'adressa à la Congrégation juive réformée de Blackpool, lors d'une réunion organisée par le Blackpool Council des chrétiens et des juifs.
L'évêque parla de ses expériences à Rome pendant le Concile et de la Déclaration traitant précisément des relations de l'Eglise catholique avec les non-chrétiens. Il ajouta ensuite : "Nous espérons continuer nos échanges oecuméniques dans cette voie. Il y a un grand élan d'enthousiasme dans la région".
Catholic Herald, 11 février 1966
En rapport avec le texte qui suit, il est bon de rappeler que le Cardinal ANGELO ROSSI, l'Archevêque de SAO PAULO, a fait une première visite au Rabbin Dr Pinkus à son domicile. Il s'y fit accompagner par son secrétaire particulier et par un haut dignitaire. Le lendemain, une délégation du Conseil des religions, dont les membres sont catholiques, protestants et juifs, fit visite au Cardinal et lui remit de la part du Dr Pinkus l'ouvrage en deux volume du Professeur Frikelstein : "Les juifs, leur histoire, leur culture et leur religion". Le Cardinal Rossi se dit prêt à assurer la Présidence d'honneur du Conseil.
7. Cardinal ANGELO ROSSI, Archevêque de SAO PAULO, Brésil.
"En tant qu'archevêque de cet archidiocèse, nous avons la tâche d'appliquer les documents conciliaires dernièrement promulgués par le Saint-Père, et parmi eux, la Déclaration sur les relations de l'Eglise avec les religions non-chrétiennes. En ce qui concerne la religion juive, cette déclaration donne déjà certaines directives pratiques :
1 - L'Eglise reconnaît qu'elle est "greffe" dans la racine du bon olivier qui est l'Ancient Testament ; elle croit que Jésus-Christ, notre paix par la Croix a réconcilié juifs et chrétiens ; elle a conscience que Jésus, sa Mère, les Apôtres et plusieurs de ses disciples naquirent du peuple juif. L'Eglise sait qu'un tel patrimoine commun doit nous inciter à promouvoir. .dans cet archidiocèse, l'estime et la connaissance mutuelles ; nous le ferons,:comme dit la Déclaration, principalement en stimulant les études bibliques et théologiques et encore par les dialogues fraternels, comme ceux qui existent déjà au Conselho de Fraternitade Cristo-Judaica.
2 - Dans l'enseignement sous toutes ses formes, nous nous efforcerons de souligner la désapprobation de l'Eglise vis-à-vis de toute forme et manifestation d'antisémitisme.
3 - Pour cela, nous aurons soin, dans cet archidiocèse, que dans la catéchèse et la prédication, rien ne soit enseigné qui soit en désaccord avec la vérité évangélique et la doctrine du Christ".
Brésil-Israel, Janv. Fev. Mars 1966
8. L'Evêque JOhW KING MUSSIO, s'adressant à une Congrégation juive, à STEUBENVITER, Ohio, U. S. A., affirme que la Déclaration du Concile du Vatican sur les juifs est une solide affirmation qui parle un language compréhensible pour tous les chrétiens...
Prenant la parole au Temple Beth El sur l'invitation du Rabbin Richard B. Safran, l'Evêque Mussio déclara que sa présence même au Temple, den ami reçu en ami", prouvait amplement que l'esprit du Concile faisait san oeuvre. Mgr Mussio souligna que le document est un document catholique et que le ressentiment de certaines zones juives à son sujet provenait de malentendus.
"Nous catholiques, croyons en l'Incarnation de. Dieu dans la, personne du Christ. Nous croyons que le Christ est le Messie, prophétisé et attendu par les écrivains de l'Ancien Testament. Ce n'est pas une condamnation du fait que les juifs ont, de notre point de vue, méconnu le temps où ils ont été visités c'est un simple fait historique. Les juifs étaient convaincus que ce temps n'était pas venu. Il n'ont pas accepté l'Évangile parce qu'ils n'y ont pas cru. La liberté de conscience s'applique ici aux juifs comme à n'importe qui, à quelque époque que ce soit. C'est celui qui n'agit pas de bonne foi, qu'il soit juif ou Gentil; qui est en faute".
L'évêque, expliquant la suppression du mot "déicide" du texte de la déclaration, dit que c'était une expression technique qui aurait dépassé la compréhension de l'homme moyen.
" Le message serait perdu pour ceux qui ont le plus besoin d'être instruits. La nouvelle forme dit la même chose -car tous les chrétiens connaissent le sens de la Passion et de la mort du Christ- mais en termes plus compréhensibles. De plus, elle étend la Déclaration à l'adresse de tous les juifs, d'alors et de maintenant".
Social Action Notes for Priests mars 1966
9. L'Archevêque THOMAS CHAVEL, de PANAMA, s'adressant à une assemblée mixte de catholiques et de juifs, invité par Woodrow de Castro président de la Communauté juive :
"Deux religions qui ont une origine commune et_qui pnt subi en-semble de nombreuses persécutions ne doivent pas continuer une lutte fratricide".
Social Action Notes for Priests, mai 1966
10. Cardinal RICHARD CUSHING, Archevêque de BOSTON, U. S. A.
"La Déclaration n'est pour nous qu'un point de départ pour aller plus avant et ôter de la littérature chrétienne tout Ce qui porte atteinte au peuple juif. Après tout, nous sommes tous spirituellement des Sémites, parce que le Nouveau Testamant qui concerne la vie, la mission du Christ et l'Eglise qu'il a fondée, n'aurait pas beaucoup de sens sans l'Ancien Testament.
La Déclaration que nous avons n'est pas parfaite mais, à mon avis, c'est un bon commencement. Les gens oublieront cette Déclaration au fur et à mesure que les années passeront, mais nous ne devons pas oublier d'aller jusqu'au bout de ceci : que toutes les choses atroces dites au sujet des juift dans la littérature chrétienne ou toutes les méchantes insinuations contre eux soient déracinées".
The Dialogue, Le Concile du Vatican et les juifs, sept. 1966, Bulletin n° 311
11. Cardinal KONIG, VIENNE, Autriche.
Au cours de conversations avec le Président du Comité juif américain, Philip E. Hoffman, le Chancelier fédéral, Dr Klaus et le Cardinal Dr Konig.ont exprimé leur détermination de combattre les préjugés antisémites en Autriche. Le Cardinal Konig fit remarquer que l'Eglise est en train de réviser les textes théologiques et leurs interprétations de telle Sorte que soit éliminée toute conception fausse ou fondamentalement négative du judaIsme.
Volksblatt, 6/10/1966
12. Cardinal SPELTJ4AN, Archevêque de NEW-YORK.
Le 14 novembre 1966, à Washington, le Cardinal Spellman formula les voeux suivants à un groupe de leaders juifs américains, à l'occasion d'un échange de cadeaux -le Cardinal reçut un ensemble de deux tables des Dix Commandements et il offrit un manuscrit au Comité juif américain.
"Dans notre)pays, '1'Eglise catholique fera tout ce qu'elle peut pour mettre en pratique l'esprit aussi bien que la lettre de la Déclaration du Concile du Vatican sur les relations de l'Eglise avec les religions non-chrétiennes. (La Déclaration répudiait l'antisémitisme et l'ancienne accusation de la responsabilité collective juive de la mort de Jésus et lançait un appel au dialogue fraternel entre chrétiens et juifs).
Nous sommes profondément reconnaissants pour le dialogue patient et méritoire auquel tant de représentants de la foi juive ont participé pendant Vatican II. Ces rencontres personnelles, s'étendant sur quatre ans ont accentué la conscience chrétienne du patrimoine spirituel commun aux chrétiens et aux juifs, du commun héritage de salut dans l'Alliance faite entre Dieu et Abraham et ses descendants. En cet échange de tributs, nous, catholiques des Etats-Unis, saluons nos frères juifs, et nous engageons à renforcer et à étendre les liens de compréhension mutuelle, de respect et de coopération. Dieu veuille que cette circonstance soit une occasion d'espérer que les hommes de toutes fois servent Dieu côte à côte et vivent en frères dans la paix."
Daily News Bulletin, Jewish Telegraphic Agency, Bulletin n° 40, 15/11/1966
13. Cardinal IGINO, Archevêque, Délégué apostolique en GRANDE-BRETAGNE.
Après avoir qualifié la Déclaration du Concile Vatican II sur la Liberté Religieuse et surtout la révision de l'attitude envers les juifs du terme de "réussite unique", l'Archevêque a ajouté que le Concile recommandait la compréhension et le respect réciproques qui furent les premiers fruits des études bibliques et théologiques et du dialogue fraternel.
"L'Eglise, déclara-t-il, a donné la preuve de sa bonne volonté par la large révision de la prière "pour les juifs" de la liturgie de la Semaine Sainte... Puis-je dire, tout en ne perdant pas de vue les circonstances particulières qui rendent difficiles la réalisation des intentions les plus saintes, que les catholiques' attendent une réponée officielle pa- • rallèle de la part des juifs, avec un changément d'attitude envers les chrétiens là où ceux-ci constituent un groupe minoritaire et comportant la correction de certains passages offensants du Talmud.
Il ajouta que la Déclaration sur les Relations entre l'Egli-Se et les Religions non-chrétiennes se situait bien loin de l'attitude prise par le passé par ceux qui pensaient que les religions non-chrétiennes étaient purement l'oeuvre de Satan et que la seule manière possible de les aborder était la conversion. Bien au contraire, l'Eglise exhorte actuellement ses enfants à reconnaître, préserver et promouvoir les valeurs spirituelles, morales et culturelles existant dans les religions non-chrétiennes.
"Plutôt qu'une absolution des juifs, il s'agit d'une confession de la culpabilité des chrétiens dans la persécution contre les juifs et une résolution de travailler contre l'antisémitisme et toutes les formes de discrimination".
L'orateur ajouta qu'il ne savait pas si ses déclarations avaient déjà satisfait le jeune juif de Dublin qui lui avait dit : "Quel que soit le résultat de oès documents, il est peu probable qu'ils me fassent entrer au Fitzwilliam Tennis Club". Cependant il est clair que le défi est maintenant lancé aux catholiques et à tous les hommes de bonne volonté pour faire de ces décrets un tournant dans l'histoire des relations inter-confessionnelles.
Jewish Chronicle, 18 nov. 1966',
14 . L'Archevêque de NAPLES, CONRADO URSI, a été reçu officiellement par le Président Dr Sacerdote et le Rabbin Chef, Isidore Khan, en présence d'une importante réunion de juifs. La signification de ce geste (initiative personnelle de l'Archevêque) a été considérée comme un témoignage de l'oeuvre entreprise par l'Eglise, spécialement par le Pape Jean XXIII, en faveur des juifs persécutés et réfugiés. L'Archevêque a parlé de l'origine commune et de la fraternité de tous les hommes et a exprimé son espoir de la future unité de toutes les races dans l'Amour et dans la Paix. Un grand esprit de cordialité a marqué la réception, au cours de laquelle l'Archevêque s'est entretenu librement avec les pàrticipants".
Proche-Orient chrétien, Tome XVI, fasc". 1, 1966,
"L'Eglise et les religions non-chrétiennes"
La Déclaration sur les religions non-chrétiennes, qui comprend un passage sur le judaTsme, fut adoptée définitivement par les votes des 14 et 15 octobre 1965. Ces votes n'ont pas provoqué les remous qui s'étaient élevés dans les pays arabes lors du vote sur le premier texte ; Car on avait fini par mieux comprendre, dans ces pays, les intentions purement religieuses du Concile ; on avait apprécié les efforts faits par ce dernier pour tenir compte, dans la rédaction du nouveau texte, des points de vue exprimés par les Arabes, en coupant court à toute possibilité d'exploitation de la Déclaration par le sionisme.
15. Comme le soulignait S. B. le Patriarche MAXIMOS IV, dans une déclaration publiée par "'MUENT" du ?il octobre, l'épiscopat des pays arabes 'Se rallia à ce nouveau texte, sachant que la pressa sioniste le considérait "comme un recul de l'Eglise catholique face à la première pression des patriarches et du clergé orientaux... et que le rejet de ce texte modifié conduirait inéluctablement à l'adoption ,du texte original", dont se prévalait le sionisme usurpateur. .
Le patriarche, dans sa déclaration, met en relief les modificar tions apportées au texte antérieur et dues en partie à la réaction de l'épiscopat d'Orient : substitution du titre "La religion juive" au titre "Les reconnaissance de l'Eglise comme véritable peuple élu, men tion de l'opposition juive aux progrès de l'Eglise primitive, etc.
De cette suppression du blâme explicite infligé à ceux qui traitent les juifs de "déicides", la déclaration du patriarche Maximos conclut que "les juifs continueront donc à être marqués par leurs crimes"..I1 ne s'agit pas évidemment, dans la pensée du patriarche, de tous les juifs de tous les temps, mais de ceux qui ont réellement trempé,dans le crime commis contre Jésus. Il l'a dit clairement à plusieurs reprises : "la responsabilité de ce crime retombe sur les individus qui l'ont commis et. qui sont la majorité de la nation". Le Christ est mort crucifié à la.demande instanté'des chefs religieux juifs de son temps. Mais le Concile refuse de voir en'tout juif, du seul fait qu'il est juif, et surtout le juif d'aujoUrd'hUi, un meurtrier du Christ, devant payer de son sang le crime de ses pères. L'antisémitisme ne peut être légitimé ni sur le plan humain ni surtout sur le plan chrétien".
16. A l'Inverse S. B. THEODOSIOS VI, Patriarche grec orthodoxe d'ANTIOCHE, publia le 15 octobre, sur le vote dU.Concile un commentaire qui démontrerait à lui seul, s'il en était besoin, l'utilité de la... Déclaration conciliaire incriminée pour le redressement des consciences ..chrétiennes :
"Les juifs et leurs chefs qui tuèrent Notre Seigneur le Christ,. criaient devant Pilate le gouverneur romain : "Nous avons une loi, et selon cette il'dOit mourir ; que son sang retombe sur nous et sur nos enfants". En conséquence, tout croyant en cette loi est responsable de ce crime odieux. Les juifs repentants qui crurent en le Christ et qui suivirent ses 'commandements, sont seuls ceux qui méritent d'échapper à la malédiction prononcée par les livres des prophètes contre les assassins du Christ et d'échapper aussi à la condamnation justifiée par l'Eglise, du peuple juif à quelque époque soient-ils".
D'après."L'Orient". Nous respectons le français obscur -de la dernière phrase.
Le Patriarche syrien orthodoxe et son synode d5noirent pareillement le document conciliaire "parce qu'il contredit la Sainte Bible, les c enseignement des apôtres, aussi bien que la doctrine chrétienne".
Proche-Orient chrétien, Tome XVI, fasc.1
17. Le Patriarche KYRILLOS de l'Eglise copte orthodoxe de MODOX, dans une déclaration à l'agence de presse du Moyen-Orient du Caire, prétendit avoir reçu du Pape un message l'informant que le Concile oecuménique, lorsqu'il reprendrait sa discussion de la Déclaration sur les juifs en septembre 1965, le ferait dans l'optique de l'Eglise copte, et proclamerait la responsabilité des juifs à travers les âges pour la crucifixion du Christ.
Le Patriarche fit remarquer que son Eglise avait "soutenu qu'aucune autorité chrétienne, aussi puissante et. élevée qu'elle soit, ne pouvait modifier ou interpréter ces faits". Il déclara également qu'il avait dit au Pape que, selon le point de vue de l'Eglise copte, tout effort pour modifier cet enseignement avait des visées politiques.
"Le Pape de Rome, dans sa sollicitude pour la paix du monde, doit patronner la cause du retour des Palestiniens à leurs foyers, de façon à ce que la tranquillité soit restaurée au Moyen-Orient, et que les drapeaux de la paix soient hissés sur le pays de la paix", a déclaré le Patriarche.
Jewish Chrcnicle, 14/5/1965
18 - Moyen-Orient
Les réactions à la Déclaration au Moyen-Orient, autres que dans les pays arabes, sont ressorties dans cet interview de Don Giovanni Caprile, directeur du Centre international d'étude et de documentation judéo-chrétiennes de Milan, avec Mgr DHRYSOSTOMOS KONSTANTIDINIS, Métropolite de MYRE. L'interview a eu lieu à Istanbul, mai 1966.
Après avoir fait des remarques sur juifs et du judaïsme dans l'enseignement des Konstantidinis a donné la réponse suivante à du Concile :
"Question : En dehors de certaines compréhensibles à la déclaration conciliaire que les Eglises orthodoxes en général soient avec les juifs et à adopter à leur égard une dtquée dans la déclaration conciliaire ?
Réponse L'orthodoxie se considère toujours comme une Eglise du dialogue. Elle a d'ailleurs une longue expérience de la coexistence avec les non-chrétiens, également avec ceux qui croient en un seul Dieu.
L'Islam, religion du Dieu unique, appuie toujours son désir de dialogue sur la base du monothéisme, mises à part quelques vérités de la foi chrétienne, comme par exemple la Trinité, le Christ, Fils de Dieu ét de Marie. S'il en est ainsi pour l'Islam, il serait également facile de promouvoir un dialogue avec les juifs, pour lequel il existe une base : mitre le vrai monothéisme, le sentiment et l'espérance messianique, les mêmes ancêtres dans la foi, etc. Il y a également la base commune des enseignements et du contenu de l'Ancien Testament.
Les Eglises orthodoxes sont donc disposées à instaurer un dialogue proprement dit, mais peut-être n'y sont-elles pas prêtes.
Personnellement, je serais plutôt d'avis de créer des centres d'information où seraient rassemblés les éléments nécessaires, susceptibles de favoriser le pré-dialogue, au niveau des experts. Leur travail favorisera, d'abord sentimentalement, puis intellectuellement, les bonnes dispositions réciproques. Quoi qu'il en soit, nous suivons la Déclaration conciliaire et la progression prudente de l'Eglise catholique romaine avec la plus grande attention surtout parme qu'un tel dialogue crée tout un ensemble de responsabilités et aussi de difficultés de tout ordre".
La Documentation catholique 17 juil. 1966