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Les hassidim - Qui sont-ils?
Louis Jacobs
Le mouvement hassidique, fondé par Israël ben Eliezer, connu sous le nom du Baal-ShemTov, au milieu du dix-huitième siècle, et développé par une nuée de tsadiqim (saints, maîtres) en Pologne, en Russie, en Hongrie et en Lithuanie, n'est pas un mouvement homogène. Il serait donc imprudent de parler d'une attitude du hassidisme comme si tous les hassidim partageaient le même point de vue. Cependant, en ce qui concerne la prière, sur laquelle le hassidisme a mis très fortement l'accent, en la mettant au-dessus de toutes les autres valeurs juives, il est possible de discerner certaines convictions de base, adoptées par tous les grands maîtres du hassidisme. Les prescriptions pour la prière juive, tirées des sources classiques que sont la Bible, le Talmud, les philosophes juifs du moyen-âge et la Cabbale (système mystique de la pensée théosophique juive) ont toutes été respectées par les hassidim et transformées en une tentative vitale pour modeler la prière en un instrument puissant pour rendre l'homme plus proche de Dieu.
Une légende hassidique parle du hassid tsadiq rabbi Elimélech de Lizensk (1717-1787) qui, avant de commencer à réciter ses prières, mettait sa montre sur son pupitre de prière pour se rappeler, quand il commençait à se perdre dans l'éternité, que c'était son devoir de retourner au monde du temps. Des récits de ce genre sont rapportés à propos d'autres maîtres hassidim qui disent adieu à leur famille avant de sortir pour aller à la synagogue, conscients qu'ils sont du risque que court leur âme, ravie en extase au cours de la prière, de prendre son essor dans les hauteurs du ravissement, de laisser tomber le corps et d'abandonner la ténèbre spirituelle de cette vie. Dans la même veine, un disciple d'Elimélech, rabbi Kalonymos Kalman Epstein de Cracovie (mort en 1823) écrit dans son livre: Maor-we-shemesh (Lumière et soleil), ouvrage très populaire parmi les hassidim: « Le chemin des tsadiqim qui marchent dans le sentier du Seigneur est bien connu. Ils passent le plus clair de leur temps dans l'étude de la Torah ou dans la prière avec un tel enthousiasme, si puissant et brûlant qu'ils expérimentent le parfum et la douceur de Dieu, béni soit-il, au point qu'il s'en faut de peu qu'ils ne soient projetés hors de l'existence dans leur si grand désir d'adhérer à la divinité de Dieu, dans leur montée de demeure céleste en demeure céleste et de monde spirituel en monde spirituel. Ils s'avancent jusqu'à ce qu'ils aient atteint cette demeure élevée dans laquelle il n'y a pas de compréhension possible excepté que l'on peut y respirer un parfum, et ceci également par voie de négation, puisque ce qui est présent dans cette demeure ne peut être saisi en rien par la pensée. Quand ils atteignent ce degré, si forte devient leur soif de pouvoir adhérer eux-mêmes à la divinité, bénie soit-elle, qu'ils n'ont aucun désir de retourner dans le bas monde des corps. Alors, comme l'Unique Très-Haut, qui a fait que les mondes sont une émanation de Lui-même, désire que ce tsadiq le serve en ce monde, Il montre au tsadiq que toute la terre est pleine de sa gloire et que même en ce monde il peut avoir une petite expérience de sa douceur et de son parfum. Le tsadiq veut bien alors retourner vivre en ce monde, maintenant qu'il sait que même là il lui sera possible d'expérimenter la suave divinité de Dieu. »
Dans ce qui précède est exprimée une idée qui est sous-jacente à la pensée de toutes les branches du hassidisme, une idée spécialement appliquée à la vie de prière. C'est la doctrine hassidique, qui rassemble des idées venues du mysticisme des religions autres que le judaïsme, idées d'anéantissement de soi. Dans sa version hassidique, cette doctrine montre que sous et au-delà de la multiplicité et de la division des choses et des événements dans l'univers matériel, et, bien sûr, dans tous les mondes spirituels également, il n'y a que l'unité divine. Cela seulement constitue la vraie réalité des créatures, mais du point de vue de Dieu, pour ainsi dire, ni l'univers ni les créatures qui l'habitent ne jouissent d'une véritable existence. La philosophie hassidique a souvent été appelée « panthéiste ». Mais une expression plus appropriée serait « panenthéiste », c'est-à-dire qu'elle a la certitude que tout est en Dieu et que rien n'existe hors de Dieu, ou bien, comme certains maîtres du hassidisme préfèrent l'exprimer: « Elle embrasse tout dans son unité bénie ».
Etant donnée cette vision de l'univers et de sa relation avec Dieu, la tâche spéciale de l'homme, selon une autre métaphore hassidique, est de soulever les voiles derrière lesquels Dieu se cache pour ne plus voir que sa divinité qui est partout diffuse. Particulièrement au moment de la prière le hassid doit se perdre lui-même en désir de la gloire et de la majesté de Dieu puisque pour lui toute prière est essentiellement un exercice de dépassement de soi.
Cette doctrine donne naissance à un problème extrêmement poignant pour les hassidim. La liturgie classique juive, que les hassidim, comme juifs orthodoxes, étaient engagés à suivre, contient, en plus des prières d'adoration, des prières de demande. Les hassidim n'étaient pas troublés par la difficulté philosophique dans l'idée d'ensemble de prière de demande — Dieu a-t-il besoin que nous lui rappelions d'avoir à satisfaire nos besoins? Pour eux la plus grande difficulté venait de ce que cette prière de demande, par sa nature même, tourne l'attention de l'homme vers lui-même et vers ses requêtes, tant spirituelles que matérielles, et semble donc aller à l'encontre du but véritable de la prière qui est de se perdre soi-même devant la splendeur de la gloire divine. Comment le hassid pourrait-il arriver à atteindre l'anéantissement de soi-même quand la prière elle-même agit comme une barrière qui s'interpose avec ces cris du moi qui mendie sa satisfaction? Comment peut-on sincèrement demander de recevoir la santé ou la sagesse ou la richesse ou le pardon alors que la vie de prière telle qu'elle est comprise par les hassidim ne cherche rien de moins que l'abandon total du « moi »? En dépit de Buber, le hassidisme enseigne exactement l'opposé de la relation du « Je » et du « Tu ». L'idéal est atteint quand il n'y a plus de « moi » mais seulement un « Tu ».
La solution hassidique est que cette prière de demande n'est pas du tout dans l'intérêt de l'homme mais finalement pour la gloire de Dieu. Le hassid demande la satisfaction de ses besoins non pas pour lui mais parce que c'est le désir de Dieu que sa grâce se répande à travers la création puisqu'il appartient à la nature essentielle du Tout-Bon de faire du bien à ses créatures. La présence divine, la Shekinah, manque chaque fois qu'un homme souffre et la prière du hassid pour la satisfaction de ses besoins et de ceux des autres est en réalité une prière pour que le manque à gagner de la Shekinah soit comblé. Ceci explique pourquoi, dans la montée mystique de l'âme dans la prière, telle qu'elle est pratiquée par certains maîtres hassidim, y compris le Baal-Shem-Tov lui-même, les mots de la prière sont finalement complètement dépassés. Une fois qu'ils ont été utilisés par celui qui prie pour entrer dans le face à face avec son Dieu, le serviteur liturgique peut être mis de côté comme désormais sans rapport avec ce qui se passe. Ceci va aussi plus loin et permet d'expliquer pourquoi les premiers hassidim, en des temps qui précèdent ceux des prières réglementées, encourageaient à une paisible attente de l'esprit, à tel point que des rabbins de tendance opposée les accusaient d'être influencés par les pratiques de groupes chrétiens comme les Quakers.
Du fait de cette haute signification donnée à la prière, selon les vues des hassidim, il ne s'agissait certainement pas d'une voie dans laquelle on pourrait s'engager à la légère. La Mishnah, compilée quelque mille cinq cents ans avant la naissance du hassidisme, parle des « saints du passé » (le terme employé pour les désigner est, de fait, hassidim) qui avaient l'habitude d'attendre, en esprit de préparation, pendant une heure avant de se mettre en prière, ... « de façon à accorder leurs coeurs à l'Omniprésent ». Les hassidim plus récents prirent l'exemple de ces saints au sérieux; la préparation de la prière devint si importante que certains maîtres hassidim allaient jusqu'à enseigner qu'elle était plus significative que la prière elle-même. En plus de l'observance des lois anciennes pour la purification du corps de ses déchets avant la prière (poussée d'ailleurs avec scrupule bien au-delà de ce qui est demandé par la Loi), les hassidim se plongeaient avant de prier dans une contemplation prolongée de la divinité. Pour mieux se concentrer dans ce but, certains d'entre eux, au grand scandale de leurs adversaires rabbins, fumaient volontiers une pipe avant le commencement du service religieux. Le résultat de cette insistance sur la préparation était qu'il n'était pas impossible de trouver des hassidim qui méprisaient les règles des temps fixés pour la prière. Quand on lui reprochait sa non-observance des règles, l'un des maîtres hassidim rétorquait qu'en effet, ni lui si ses adversaires ne priaient au temps fixé, puisque quand lui-même priait ce n'était pas le bon moment et quand les juifs non-hassidim observaient les règles du temps fixé, ce qu'ils offraient à ce moment-là n'était pas du tout la vraie prière. Mieux valait la prière hors du temps fixé que le temps fixé sans la prière. Plus tard on trouva un argument plus profond pour justifier l'habitude des hassidim. Et ainsi on expliquait que le hassid, dans sa prière, était emporté dans un monde au-delà du temps et que par conséquent ses prières ne pouvaient être soumises au temps. Pour la même raison, il n'était pas étranger aux hassidim d'introduire dans leurs prières des mots yiddish comme « père chéri » ou d'autres expressions semblables, pratique strictement interdite par les règles. Un tsadiq a fait remarquer que les règlements au sujet de la prière selon la Loi pourraient être comparés au protocole dans le palais d'un roi. Il y a des moments où le peuple est admis en audience auprès du roi et d'autres moments où celui-ci ne doit pas être dérangé, fût-ce par le noble le plus élevé en dignité dans son royaume. Mais le petit prince peut entrer et se précipiter dans la miséricorde de son père à n'importe quel moment et le roi ne fera jamais cas du protocole quand il s'agit de son enfant bien-aimé.
Pour aider la dévotion et chasser les pensées étrangères (ou, selon certaines versions du hassidisme des premiers temps, pour les sublimer) les hassidim aimaient à imprimer de rapides mouvements à leur corps pendant leurs prières, courant ici et là, hochant la tête en avant et en arrière, tapant les murs avec leurs mains, et, selon les formes hautement grotesques pratiquées par les disciples de rabbi Hayyin Haikel d'Amdur (mort en 1787), tournant sur eux-mêmes pendant leurs prières en gage de complet abandon de soi. Quand on demanda au maître hassid rabbi Menahem Mendel de Kotzk (mort en 1859) comment il pouvait justifier la pratique hassidique du mouvement pendant la prière, puisque le Talmud déclare clairement que les pieds de l'homme qui prie doivent être réunis au moment de la prière, il donna une réponse exemplaire en disant que le Talmud doit être compris d'une façon figurative et que la signification de cette prescription est que l'homme doit être complètement engagé au moment de la prière et qu'il ne doit pas avoir une jambe au ciel et l'autre aux enfers. Exception faite de la prière silencieuse, les hassidim donnent également la préférence à l'articulation à haute voix des mots de la prière, à la proclamation retentissante des louanges de Dieu. La musique était spécialement en honneur, mais il ne s'agissait pas de mélodies formelles, de compositions sophistiquées et savantes d'hymnes religieux, mais du déversement de l'esprit en un ravissement non réprimé. Dans une lettre qui nous est parvenue de la plume du fils d'Elimélech de Lizensk, il est affirmé que certains tsadiqim n'ont jamais eu d'oreille pour la musique ni aucune facilité pour en parler et que cependant, pendant leur prière, on pouvait entendre les mélodies les plus suaves sortir de leurs bouches, ce dont ils étaient complètement inconscients. Le Baal-Shem-Tov, dit-on, déclarait que le hassid ne devrait jamais avoir honte d'accomplir des mouvements violents et de crier à haute voix, pendant sa prière, pas plus qu'un homme en danger de se noyer dans le courant rapide d'une rivière n'a honte d'appeler au secours et d'agiter ses bras pour se sauver du danger. Dans une autre anecdote attribuée au Baal-Shem-Tov, seul le sourd ne danse pas de joie quand on joue une musique entraînante. Ceux qui ont de l'oreille ne peuvent s'empêcher de lever les pieds au rythme de la musique.
L'esprit enthousiaste avec lequel on doit offrir la prière est connu dans l'enseignement hassidique sous le nom de hitlahavout, de lahav, flamme, c'est dire que l'âme du fidèle doit s'enflammerpour Dieu. On dit que rabbi Yitzhaq de Berditchev (mort en 1809), après avoir animé la prière de la communauté le jour de l'Expiation, s'était écrié: « mon coeur est en feu! ». De son disciple, rabbi Israël de Koznitz, on dit que son corps était si frêle et émacié qu'il fallait le porter dans une chaise de sa maison jusqu'à la synagogue, mais à peine était-il entré sous le portail de la maison de Dieu, qu'il se mettait à crier: « Que ce lieu est redoutable! » (Gn 28,17), et il s'élancait jusqu'au pupitre « comme s'il volait à travers les airs ». En dépit de sa mauvaise santé, quand il récitait le verset: « Chantez au Seigneur un chant nouveau » (Ps 149,1) sa faiblesse le quittait et il chantait de joie « comme une petite fille ». Ce maître avait l'habitude de dire que dans le monde entier il n'y a pas de plus grand plaisir qu'une prière récitée comme il faudrait.
Bien que l'enseignement hassidique sur la prière vise le commun des hassidim, il existe une conviction, dans la pensée hassidique, qui estime que les plus hauts sommets de la prière sont seulement accessibles aux saints qui sont les maîtres de la prière. C'est pour cela qu'une signification particulière est liée à la prière du tsadiq. Il est en mesure d'offrir la prière de la manière idéale et ses disciples peuvent s'élever eux-mêmes s'ils s'unissent à lui quand il prie. C'est cette doctrine du tsadiq comme intermédiaire entre Dieu et l'homme qui était source de griefs de la part des adversaires du hassidisme; ceux-ci affirment fortement qu'il appartient à l'essence de l'approche religieuse juive qu'un homme puisse entrer directement en contact avec son Créateur et qu'il n'a pas besoin qu'un autre intercède pour lui. Parfois de véhémentes accusations ont été jetées à la face des hassidim sous prétexte que leur respect du tsadiq et leur dépendance à l'égard de ses prières sont aux confins de l'idolâtrie. Et cependant il faut noter que le hassid ne prie jamais le tsadiq et que cette idée serait à ses yeux une notion blasphématoire à l'extrême.
Dans une remarquable défense de la prière du tsadiq, un maître tard venu, le hassid rabbi Salomon de Radomsk (mort en 1866) écrit ceci:
« Voyez, il existe deux types de tsadiqim appelés "grands luminaires", et chacun de ces deux types a été grand dans sa génération. Il est vrai que, dans la génération qui a précédé la nôtre, il y a eu de grands tsadikim qui ont illuminé le monde de leur justice, tels que les tsadiqim et les prophètes des temps anciens. Ils ont reçu la prééminence et le pouvoir au ciel et sur la terre de proclamer des décrets, et il en fut ainsi, la lumière a été répandue sur toutes leurs voies. Aujourd'hui, dans notre génération, bien que les tsadiqim ne soient pas comparables aux précédents, on ne doit cependant pas hésiter à déclarer, Dieu me pardonne, que maintenant nous devons errer comme des aveugles dans le noir... Voilà pourquoi l'Ecriture déclare: « Et Dieu a fait les deux grands luminaires » (Gn 1,16) visant les deux types de tsadiqim, ceux des premiers et ceux des derniers temps. « Le plus grand luminaire pour présider au jour ». Ceux-ci sont les tsadiqim des premières générations qui avaient le pouvoir d'abolir tous les décrets contre les enfants d'Israël. « Et le plus petit luminaire », en pensant au tsadiq de cette génération « pour présider à la nuit », dans l'exil amer qui est comme la nuit. Lui aussi a reçu le pouvoir de prière comme dans les temps précédents. Dieu parle bien des premiers et des seconds, car Il possède des chemins éternels qui atteignent le ciel et qui permettent qu'on puisse le voir sur la terre ».
La prière machinale était particulièrement odieuse aux hassidim. La prière sincère d'un homme simple est préférable à la prière du sage si le sentiment et l'intériorité lui manquent. Dans leur interprétation de la Cabbale, les hassidim enseignent que la prière a besoin d'ailes, les ailes de l'amour et de la crainte de Dieu, sinon elle ne pourrait jamais monter aux cieux. Le Baal-ShemTov, selon la légende hassidique, refusa un jour d'entrer dans une synagogue parce que, disait-il, il n'y avait pas de place à l'intérieur tellement le bâtiment était rempli de prières. Quand on lui demanda de s'expliquer, il dit que la prière véritable et sincère ne reste pas en bas dans la synagogue, mais qu'elle s'envole là-haut. Dans un contebien connu, le Baal-Shem-Tov fait l'éloge d'un berger pauvre et ignorant qui ne savait pas l'hébreu et n'était donc pas capable de réciter les prières mais qui, dans son amour, jouait de sa flûte pour la gloire de Dieu. Dans ce contexte, quand les hassidim parlent de crainte ils ne veulent pas signifier la crainte du châtiment. Prêcher le feu de l'enfer est une chose remarquablement absente de la prédication hassidique. Par crainte, les hassidim entendent le formidable sentiment de respect qu'un homme devrait expérimenter quand il réalise qu'il est en présence de Dieu. C'est l'expérience du sacré de Rudolf Otto. Les hassidim enseignent que sont tous deux essentiels l'amour et la cainte. L'amour, parce que là où il n'y a que la crainte il n'y a pas de joie bien qu'il puisse y avoir fascination; et la crainte, parce que là où il n'y a que l'amour la prière peut dégénérer en simple sentimentalité et est de toute façon trop superficielle, trop familière, trop facile pour le pieux. L'amour provoque le déversement violent de la prière avec une joie intense. La crainte est nécessaire pour rappeler au hassid que, quelque proche qu'il soit il est toujours loin, ou, paradoxalement, qu'il peut seulement être proche quand il sait à quel point il est loin. L'un des maîtres hassidim les plus renommés rabbi Hayyin de Tchernowitz (mort en 1813) explique, à partir de cette pensée, pourquoi, dans la liturgie traditionnelle, la prière de l'après-midi, récitée quand le sabbat arrive à son point culminant, est de beaucoup plus brève que les autres prières de la liturgie du sabbat. C'est que les autres prières de ce saint jour expriment l'amour de l'homme pour Dieu, tandis que, au plus haut sommet du sabbat, quand l'homme s'apprête, selon les paroles du rabbi Hayyin, à placer la couronne sur la tête du roi, il est si angoissé d'une sainte crainte qu'il ne peut plus prononcer un seul mot. Il serait complètement incapable de prier à ce redoutable moment, mais Dieu lui fait la faveur de lui accorder la possibilité de parler et alors, du milieu de sa crainte, il peut prononcer quelques mots au moins, dans une joie et un ravissement parfaits.