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Chroniques
La rédaction
UN COMMENTAIRE LIBÉRAL DE LA TORAH
Un des projets les plus importants jamais entrepris par le Département UAHC de l'Education juive, en collaboration avec la Conférence Centrale des Rabbins américains, est la publication d'un « Commentaire Libéral » de la Torah. Elle sera la première interprétation du Pentateuque du point de vue du judaïsme libéral qui tente de donner au texte biblique une signification actuelle.
Pour réaliser ce projet, un groupe de théologiens et de spécialistes a été formé et a déjà entamé le travail.
L'ouvrage, qui comportera cinq volumes, en est actuellement à ses débuts. On peut espérer voir sortir le premier volume — un commentaire de la Genèse — dès 1968. (Le Rabbin Gunther Plaut de Toronto assume la direction de la publication.)
Extrait de « Adventures in Judaism », revue de l'Union des Congrégations Américaines Hébraïques (« Union of American Hebrew Congregations »).
DEUX EXPÉRIENCES OECUMÉNIQUES À JÉRUSALEM
Avec l'ouverture de la saison 1967-68, le Groupe de Discussion Oecuménique des Etudiants de Jérusalem («Jerusalem Students Ecumenical Discussion Group »), est entré dans sa quatrième année. Le but de ce groupe est d'aider les étudiants chrétiens de toutes dénominations à prendre leurs orientations dans une vision positive des juifs et du judaïsme dans le nouvel Etat d'Israël.
De nombreuses conférences et discussions ontété consacrées aux nouvelles perspectives qui s'ouvrent aujourd'hui dans l'Eglise pour un renouveau authentique dans les relations judéo-chrétiennes.
Au mois de mai dernier, l'un des étudiants suggéra un thème de travail ambitieux: « Les moyens d'échanges en cas de conflit ». Il s'agissait de chercher comment — en cas de conflit — créer la confiance et stimuler toute démarche dans le sens de la compréhension. Depuis, les événements ont donné à ce thème toute sa signification et sa valeur d'actualité.
Ce trimestre s'ouvrit par une conférence des plus intéressantes donnée par le Pr Paul Yacobi sur le sujet: « Défis et difficultés de rapports dans Jérusalem ré-unifiée ». A notre grande surprise, le conférencier nous a fait l'analyse des difficultés éprouvées par les juifs désireux d'entrer en relations vraies avec leurs nouveaux voisins arabes.
La seconde conférence de Mr Zvi Zinger traita des « Points de contact entre les séculiers et les religieux en Israël ». Le conférencier sut décrire la complexité de la conscience religieuse de la majorité des Israéliens. Il plaida pour une « théologie des contacts » dans laquelle cette complexité serait dûment reconnue: complexité qui ne réside pas dans l'opposition entre religieux et séculiers, mais plutôt dans les aspects religieux et séculiers qui co-existent dans la conscience religieuse de la plupart des Israéliens.
La troisième conférence aborda la question du point de vue le plus brûlant: le sujet traité dans la première conférence par le Pr Paul Yacobi était présenté cette fois par un Arabe. La discussion fut très animée et la conférence très révélatrice. La franchise absolue du conférencier nous fit découvrir le point de vue arabe. Ce fut pour nous un élément constructif: en petit, une expérience de discussion directe. Nous projetons de clôturer le trimestre d'hiver par un symposium d'étudiants qui aura pour titre « Three-Way Traffic » (Au carrefour des trois chemins). Le problème des communications y sera discuté par des étudiants juifs, chrétiens et musulmans.
Quant à la « Fraternité de Recherche théologique en Israël » (Ecumenical Theological Research Fraternity), son programme avance à pas relativement lents: reflet de la différence entre les deux rythmes de vie de l'étudiant et du spécialiste! Pendant toute la première année de la Fraternité, nous avons essayé d'étudier « le sens et le contenu du mot 'Israël' »: à la fin de la saison 1966-67 il nous semblait au moins savoir quelles avaient été les lacunes de notre année de travail. Le plan de cette année se propose de continuer cette étude. Le sujet général a été défini de façon plus précise: « Le sens et le contenu du mot 'Israël'
— dans la conscience qu'ont juifs et chrétiens d'être Peuple de Dieu
— en tenant compte de la confrontation des deux Peuples de Dieu en Israël
— et en se référant spécialement aux thèmes théologiques sur lesquels s'appuie la théologie contemporaine à la fois de l'Eglise et du Peuple juif, tels que la Loi et l'Election. »
Voici les sujets plus précis qui seront étudiés cette année: La pensée et les écrits de St Paul (Rév. Peter Schneider); Les effets des crises de 70 et 135 sur la conscience juive (Pr David Flusser); La conscience juive d'après Rambam et Judah Ha-Levi (Pr Chaim Hillel Ben Sason); Le portrait des juifs dans le protestantisme libéral, surtout dans les écrits de Hannack (Pr Uriel Tal); Les deux Peuples de Dieu dans la pensée de Franz Rosenzweig (Rév. P. Abbé Leo Rudloff); Les notions de l'Ancien et du Nouvel Israël dans la pensée et les écrits de Karl Barth (Pr R. J. Z. Werblowsky); et La place de Eretz Israël dans la conscience juive d'après quelques auteurs juifs contemporains (Rév. B. D. Smeenk).
A notre première réunion de novembre, nous étions heureux d'accueillir des spécialistes de Jérusalem-est. Expérience enrichissante qui, nous en sommes sûrs, contribuera à étendre et développer le travail de la Fraternité.
(Rév.) Peter Schneider - Jérusalem, 5 décembre 1967
DÉCLARATION ADOPTÉE AU CHILI
En Septembre dernier le synode pastoral de l'Eglise catholique à Santiago a approuvé par une forte majorité un texte définissant les relations avec les juifs pour mieux suivre les directives du Concile. Nous vois en transcrivons ici le texte intégral.
1. L'Eglise Catholique de Santiago reconnaît que jusqu'à ce moment elle n'a pas suffisamment pris conscience de la présence d'une importante Communauté juive à laquelle elle est unie par des liens historiques et religieux que le Concile Vatican II a rappelés avec force à l'Eglise Universelle, en lui demandant de réviser son attitude. En bref il faut opérer une totale réconciliation fraternelle, rechercher une action commune au service des hommes et un vrai dialogue en profondeur sur les plans religieux et théologique.
2. Le Synode estime qu'il convient de former la conscience des catholiques selon la vérité et les Ecritures, pour ce qui regarde le rôle du peuple juif dans l'Histoire du Salut et aussi en ce qui concerne la présence des juifs dans le monde d'aujourd'hui.
3. Dans ce but, il importe d'utiliser la prédication, la catéchèse, en employant davantage les moyens d'information publique appropriés, selon les circonstances, et promouvoir les relations judéo-chrétiennes à tous les niveaux. Dans la prédication, il est néecessaire de rester fidèle aux enseignements de l'Ecriture (Ancien et Nouveau Testament) en évitant les lieux communs qui les faussent et qui propagent une attitude hostile envers le peuple juif.
4. Pour la catéchèse, il est nécessaire — comme on l'a déjà fait dans d'autres pays — de faire réviser les textes par une commission, avec la participation de la communauté juive, selon l'esprit de la déclaration conciliaire sur les juifs, et de faire ressortir le rôle positif d'Israël dans l'Histoire du Salut. De même, il convient de revoir, selon l'esprit du Concile, les formules de prières usuelles.
5. Pour ce qui concerne les relations judéo-chrétiennes, il s'agit de trouver des prêtres et des laïcs que leur vocation appelle à se consacrer à les promouvoir. Ils peuvent aussi rendre grand service dans les séminaires, facultés de théologie, mouvements apostoliques.
6. Ce dialogue ne sera fécond que s'il repose sur un solide fondement théologique. Dans les centres d'Oecuménisme il devrait y avoir quelques théologiens et exégètes spécialistes de ces questions.
(Extrait d'un communiqué de la Confraternité o-chrétienne du Chili 1 Oct. 1967).
SESSION OSCO - VIENNE, 8 AU 10 DÉCEMBRE 1967
Cette année la session de l'OSCO (Organisation de Coordination des Etudiants d'Outremer) en Autriche avait pour sujet: « Judaïsme et christianisme », car le boudhisme, l'hindouisme et l'islamisme avaient déjà été étudiés les années précédentes. Et des réunions avec nos frères protestants sont prévues pour l'avenir.
Dans les conférences comme dans les discussions de la session, il ne fut pas seulement question de l'histoire des juifs, du judaïsme d'aujourd'hui, et de l'attitude de l'Eglise catholique à l'égard des juifs. Mais le Rév. P. Clémens Thoma, S. V. D., commenta également l'exégèse de quelques passages difficiles du N.T. Les étudiants manifestèrent un intérêt extraordinaire, comme en témoigna le niveau élevé des discussions. Les sessionistes, originaires d'Afrique et d'Asie pour la plupart, étaient bouleversés de pénétrer ce monde qu'ils avaient tant ignoré jusque là.
Bien que certaines questions vitales y furent posées sans être résolues, la session aida ces jeunes à réfléchir — pour une fois — sur ces problèmes. Désormais, ils ne peuvent plus y être indifférents. Certains étudiants, venus des pays arabes, ne purent accepter les arguments de « l'autre camp ». Mais c'est cela précisément qu'il faut considérer comme positif; que, malgré ce fait, il fût possible d'amorcer un vrai dialogue — un dialogue qui ne se termina sans doute à la fin de la session.
Nous ne pouvons qu'exprimer l'espoir de voir de tels efforts se multiplier dans l'avenir.
Sr M. Hedwig
LA CHARITÉ EN ACTES
A Noël dernier, Mr L. Davids, rédacteur du Belgisch Israeliatisch Weekblad lança un appel qui fut couronné d'un succès réconfortant. L'idée lui était venue d'Angleterre où cette entr'aide se pratiquait depuis quelques années. Mr Davids inséra dans son journal un article proposant aux infirmières juives de remplacer gratuitement leurs collègues chrétiennes le 25 décembre dans un hôpital local (Anvers). Cet appel rencontra une réponse dépassant toute attente. Ainsi, toutes les infirmières chrétiennes purent jouir d'un Noël en famille, tandis que leurs collègues juives assuraient les soins nécessaires aux malades.
DEUX RABBINS PROFESSEURS À L'UNIVERSITÉ DE GEORGETOWN
Une innovation a marqué l'ouverture de l'année académique à l'Université des Jésuites de Georgetown, U.S.A. Des cours sont désormais donnés par le Rabbin Saul Kraft et le Rabbin Nathan Abramowitz sur la vie et la pensée juives. Les quelques appréciations qui suivent montreront combien professeurs et étudiants apprécient cet enseignement. « Le cours sur le judaïsme remplit son but primordial: grâce à cette expérience très riche sur le plan de l'enseignement, les étudiants pourront rencontrer avec ouverture et sympathie les croyances et les doctrines religieuses de " l'autre " ». « Le Rabbin nous a donné une image plus réaliste du juif ». « Les options et courants variés à l'intérieur du judaïsme étaient pour nous une révélation. » Le cours « nous fait comprendre de l'intérieur les rapports entre le judaïsme et le catholicisme. Je n'ai pas seulement appris quelque chose du judaïsme: le cours m'a aidé à mieux comprendre mon catholicisme » (Citations tirées de THE NEW YORK TIMES du 28 janvier 1968).
Des cours sont donnés par des Rabbins aux facultés de théologie d'autres institutions catholiques: Boston College, Fordham University et Seattle University.
A. K. Willett
A NEW YORK: SERMONS SUR LES RELATIONS JUDÉO-CHRÉTIENNES
Des sermons ont été prêchés sur les relations judéo-chrétiennes dans 255 paroisses catholiques de Brooklyn et Queens (New York) le 21 janvier dernier. Un plan de sermon avait été envoyé à tous les prêtres du diocèse, proposant que les homélies insistent sur « une meilleure compréhension et plus de charité à l'égard de nos voisins juifs ». Ce plan de sermon avait été préparé par un comité de prêtres, sous la direction du T. Rév. Bryan McEntegart, archevêque du diocèse. Il y était dit notamment que l'antisémitisme, comme toute haine raciale est « non chrétien »; qu'il ne faut pas présenter les juifs comme « rejetés ou maudits par Dieu » à cause du rôle qu'ils jouent dans les récits bibliques de la crucifixion de Jésus; qu'il faut que grandissent entre juifs et chrétiens la connaissance et le respect mutuels.
(Traduit du Bulletin JTA n° 73
22 janvier 1968, p. 5)