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Révision de manuels catéchétiques
C. Thoma, E. Pariente
Le Memorandum de l'Autriche.
Durant l'été 1967 le conseil de Coordination judéo-chrétien (christlich-jüdische Koordinierungsausschuss) de l'Autriche a soumis un Memorandum à l'archevêque de Vienne. On y soulignait que la catéchèse chrétienne s'enracine dans une présentation légitime du judaïsme. Indépendamment des conséquences catastrophiques de l'antisémitisme, les chrétiens devraient essayer d'avoir une juste compréhension du judaïsme. Puisque les antisémites utilisent, la plupart du temps, des arguments soi-disant religieux, le Koordinierungsausschuss se fait un devoir de donner des principes et des propositions pratiques pour la révision des manuels de catéchèse en ce qui concerne le rapport entre le judaïsme et la catéchèse chrétienne. [En se référant au Memorandum à une délégation de l'American Jewish Committee en octobre 1967, le Cardinal Koenig a exprimé le désir que ce programme favorise le côté pratique de la compréhension judéo-chrétienne ainsi que la paix et la justice pour tous, en soulignant l'héritage commun des juifs et des chrétiens et à travers des renseignements intensifs sur les problèmes et valeurs du judaïsme actuel.]
Le Memorandum se divise en 4 points principaux: 1) L'alliance non-abolie. 2) La contradiction chrétienne. 3) Des indications pratiques pour la catéchèse. 4) Prise de position à l'égard des
manuels de catéchèse répandus en Autriche.
Cette étude a eu une répercussion inattendue dans les pays de langue allemande. Il a été publié sous le titre: « La présentation du judaïsme dans la catéchèse » dans Christlich-pddagogische Bliitter (Wien, 81, 1968, pp. 33-45) et aussi dans Christlich-jüdisches Forum (Basel, Juni 1968, pp. 49-64). On a prévu des traductions en anglais et en hollandais.
Suite à de nombreuses demandes, l'auteur de ce rapport a été chargé par le Koordinierungsausschuss de retravailler et d'élargir le Memorandum afin de publier un supplément aux manuels obligatoires de catéchèse. Ce supplément peut et devrait être consulté par les catéchètes, prédicateurs et chrétiens engagés, conscients de l'extrême urgence, aujourd'hui, de donner une place dans la catéchèse chrétienne aux leçons sur le judaïsme qui ont été omises jusqu'ici.
On a l'intention d'éditer l'année prochaine chez Klosterneuburger et chez Stuttgarter Bibelverlag un livre d'environ 100 pages sous le titre: Judentum und christliche Katechese (*). Nous espérons que ce sera une contribution effective à la compréhension judéo-chrétienne.
C. Thoma
Catéchismes: Italie.
Dans le diocèse de Côme, le souci est évident de la mise en pratique de l'esprit de Nostra Aetate. Signalons d'abord le très bon travail que l'on y a fait pour permettre à la communauté israélite de Milan, désireuse de le faire, d'adopter le livre d'histoire Il Girasole dans ses classes élémentaires. L'éditeur Noseda a pour cela consenti à y supprimer ou modifier tous les textes que l'enfant israélite ne saurait apprendre sans être en désaccord avec sa foi.
L'an dernier l'office catéchétique de Côme a publié aussi le livre du maître de l'excellent petit catéchisme: Figli di Dio de Gaetano Gatti. La leçon « Gesù è l'Agnello di Dio » surtout nous paraît excellente. Dans la présentation de la Passion du Seigneur on insiste sur le fait qu'il meurt pour tous les hommes et parce qu'il le veut: « Jésus se laisse prendre.... Il est vraiment l'Agneau de Dieu qui va mourir pour enlever les péchés du monde ». Toute la page 256 de ce livre est d'une grande valeur pédagogique: on y demande d'insister sur les attitudes intérieures de Jésus plus que sur la méchanceté des ennemis, la trahison de Judas, le couronnement d'épines car les enfants dans l'émotion du moment risquent de perdre le sens profond du drame.
Si à d'autres pages du livre on trouve encore certains clichés préconciliaires, ainsi: « Avant que Jésus ne vînt au monde, il était difficile de trouver des hommes qui s'aimaient vraiment entre eux » (p. 151), l'auteur prévenu accepte volontiers de les corriger dans une prochaine édition.
En quelques autres endroits l'esprit n'est pas aussi bon. Ainsi, dans les trois tomes du livre de religion pour les classes moyennes, Credere in Cristo de A. Dossin et M. Volta, Vivere in Cristo et Seguire Cristo de A. Dossin et M.R. Battistela bien des points laissent à désirer. Dans ce troisième volume surtout le terme « juif » est toujours employé avec un sens négatif révélant une connaissance insuffisante de la Bible et une méconnaissance totale du judaïsme. A la page 21 on y parle de la « haine des juifs », à la page 29,du passage « de la Loi de crainte à la. Loi d'amour ». Il serait possible de citer encore bien d'autres textes semblables (pp. 37-41 etc.), tous bien caractéristiques d'un certain style « préconcili aire ».
E. Pariente
Le nouveau catéchisme français.
En octobre 1966, le texte du catéchisme national à été approuvé par l'Assemblée plénière de l'Episcopat français; il est en vigueur depuis la rentrée scolaire 1968. Ce catéchisme pour le cours moyen (8-10 ans) n'est pas un manuel destiné aux enfants. C'est le Fonds obligatoire de la catéchèse auquel les enseignants doivent se conformer en tenant compte du milieu humain des enfants, de leur possibilités et du contexte pastoral, afin de rejoindre l'enfant dans les circonstances concrètes de son existence.
L'enseignement devra 'montrer, par la connaissance de la Bible, que la révélation établit un dialogue entre Dieu et l'homme dans le cadre de l'Alliance. La continuité des interventions divines depuis la création jusqu'à la parousie forme la trame de llistoire du salut, exprimant le dessein de Dieu sur l'humanité.
En ce qui concerne les relations judéo-chrétiennes, dans un article sur le nouveau catéchisme, S.E. Mgr Ferrand, Président de la Commission épiscopale de l'Enseignement religieux, écrit: « En adoptant le Fonds obligatoire, l'Episcopat a voulu un catéchisme qui tienne compte des grandes orientations du Concile.... Ce sont les lignes mêmes de catéchèse qui doivent être pénétrées de cet esprit. Pour prendre un exemple emprunté à la déclaration conciliaire Nostra Aetate, il y a une façon de présenter l'alliance en Jésus Christ et de faire le récit de la Passion qui est pleinement respectueuse de la foi de notre frère juif et ne heurte pas sa légitime sensibilité, permettant aux petits français, juifs ou chrétiens, assis sur les mêmes bancs de l'école, en 8' ou 7', de bien s'aimer ». (Catéchèse, no 29, p. 395).
La présentation de la Passion reste un passage difficile à comprendre pour les enfants. « Il convient, est-il écrit dans le Fonds obligatoire, de donner tout leur poids aux événements de la Passion; les enfants ont besoin de faits précis, mais on les regardera de l'intérieur en présentant les paroles de Jésus et en explicitant les attitudes intérieures de Jésus ». En faisant prendre conscience aux enfants de leur propre expérience de leur refus à l'appel de Dieu, ils s'initieront peu à peu à la solidarité des hommes de tous les temps dans le mal, à la portée universelle de la Passion et de la Résurrection et, par conséquent, à notre solidarité avec Jésus Christ vainqueur du péché et de la mort.
Il est intéressant de noter aussi le souci de faire découvrir à l'enfant l'action universelle de l'Esprit d'unité. On corrigera la tendance de l'enfant à l'exclusivisme, lui faisant découvrir aussi que l'Esprit agit en tous, chrétiens ou non-chrétiens, et que chacun à sa manière peut répondre à Dieu.
Les références aux documents du Concile sont très nombreuses et l'on peut lire sur ce dernier point la note suivante, en rapport avec Lumen Gentium (no 16): « Les catéchistes auront souvent affaire à des enfants en contact avec des camarades d'autres religions, en particulier juifs et musulmans. Il sera bon, à cette occasion, d'apprendre aux enfants à regarder ces camarades avec amitié, comme tout proches d'eux. On pourra leur dire, par exemple, — surtout s'il s'agit d'enfants juifs — qu'ils savent, comme eux, que la Bible est le Livre de la Parole de Dieu; que c'est par leur peuple que ce Livre nous a été transmis; qu'ils savent, comme eux, que Dieu nous a créés à son image, et qu'il aime tous les hommes; qu'ils savent que Dieu nous parle, en particulier par les Prophètes; qu'ils connaissent Abraham que Dieu a appelé....
S'il s'agit d'enfants juifs, on sera très attentif à redresser les jugements faux que les enfants peuvent entendre à leur propos, surtout au sujet de la responsabilité des juifs dans la mort de Jésus... ».
Ces dernières lignes marquent une étape importante dans l'enseignement de France en ce quiconcerne les relations judéo-chrétiennes. En approuvant le Fonds obligatoire, la Commission épiscopale lui a donné un caractère officiel et décisif.
Le catéchisme canadien.
Après la publication du numéro de Sidic de juin 1967 traitant la catéchèse nous avons reçu le quatrième livre de la série « Catéchisme Canadien » (cf. Sidic No 2, juin 1967, p. 16). Ce dernier livre initie les enfants dans l'arrière-plan du Nouveau Testament d'une manière qui nous paraît excellente. L'objectif de Nous avons vu le Seigneur est la découverte de Jésus dans les Evangiles. Les témoins oculaires de Jésus nous servent de guides dans cette rencontre et découverte de Jésus. Ce sont Jean-Baptiste, les gens de Galilée, Marie, les pauvres de Yahvé, etc.
Rien n'a été négligé pour permettre aux enfants de 9-10 ans de prendre conscience du milieu, géographique, social, culturel, religieux, économique où ont vécu Jésus, les apôtres, les disciples, les premiers chrétiens et où vit le peuple israélien aujourd'hui. (Cf. Livre de l'enfant, pp. 17, 22: documents de la Mer Morte, 23: lettre de Mgr Hakim, 27, 30, 41, etc.) Cet âge, 9-10 ans, a aussi paru le plus favorable aux auteurs pour sensibiliser les enfants au rôle joué dans l'histoire du salut par nos ancêtres dans la foi: Abraham, Moïse, David.
Le guide du maître offre de nombreux commentaires bibliques et historiques qui peuvent aider les catéchistes. Cependant les notes qui accompagnent les leçons pourraient être améliorées, ainsi l'attitude des juifs (livre de l'élève, p. 92) demanderait une explication. Puisque cette citation de l'Evangile de saint Jean souligne l'incrédulité « des juifs » une note pourrait être ajoutée expliquant l'idée transcendante que les juifs avaient de Dieu, une idée qui rendait difficile l'acceptation de l'incarnation de Dieu.
On souhaite que toutes séries neuves de catéchisme suivent l'exemple profondément biblique du « Catéchisme Canadien ».
(*) C'est le P. Thoma, assistant professeur à l'Institut de Judaïsme de Vienne, qui écrit le livre Judentum und christliche Katechese. La rédaction.