Other articles from this issue | Version in English | Version in French
Documentation
JEAN-PAUL II – MESSAGE À DES JEUNES POUR LA PAIX AU MOYEN-ORIENT
22 septembre 1999
Au cours de l’audience générale du mercredi 22 septembre 1999 à Rome, le Pape Jean Paul II a adressé un message pour la paix au Moyen-Orient. Il en a remis le texte à des jeunes, Israéliens et Palestiniens (juifs, musulmans et chrétiens).(1)
Chers jeunes israéliens et palestiniens,
Il y a quelques semaines, une voix d’espoir et de satisfaction s’est élevée dans le monde lorsque vos dirigeants ont signé un accord historique. A présent, partout dans le monde, on porte sur cet accord un regard de confiance et d’attente, en espérant qu’il se renforce toujours plus et qu’il conduise à une paix effective et durable.
Vous, les jeunes, devez être les premiers à réaliser les espérances de vos peuples et du monde entier. Les décisions que vous prenez en ce qui vous concerne, ainsi que votre vocation dans la société décideront des perspectives de paix, pour le présent comme pour l’avenir.
Chers jeunes israéliens et palestiniens, juifs, musulmans et chrétiens : je vous renouvelle aujourd’hui l’invitation que j’ai adressée à tous les jeunes à l’occasions de la Journée mondiale de la Paix de 1985, soulignant le rôle que les jeunes sont appelés à jouer dans les efforts visant à promouvoir la paix. Au seuil du nouveau millénaire, vous devez comprendre plus clairement que l’avenir de la paix, et donc l’avenir de toute l’humanité, dépend des choix fondamentaux que fera votre génération. Dans quelques années, votre génération sera responsable du destin de vos peuples, de vos nations et du monde. Vous avez le devoir moral de contribuer à édifier une société nouvelle, à bâtir une nouvelle civilisation, fondée toujours plus solidement sur le respect mutuel, la fraternité et l’esprit de coopération. Aucun de nous n’est seul dans le monde, chacun de nous représente une pièce vitale dans la grande mosaïque de l’humanité tout entière.
N’ayez pas peur du défi qui vous attend : votre espérance et votre jeunesse vous aideront dans cette tâche exigeante. Mais vous ne pourrez l’accomplir que si vous diffusez dans vos coeurs la paix que vous vous proposez d’apporter à vos peuples et au monde – non plus une paix fondée uniquement sur des accords, – aussi nobles et nécessaires soient-ils, mais une paix qui prend naissance en chaque personne. Il s’agit d’une condition essentielle à une paix stable et durable.
En conclusion, je vous rappelle de manière particulière ce que j’ai dit aux jeunes du monde dans le Message susmentionné :
« L’avenir de la paix se trouve dans vos coeurs. Pour construire l’histoire, comme vous pouvez et devez le faire, il faut que vous libériez l’histoire des fausses routes qu’elle prend. Pour y parvenir, il faut que vous ayez une profonde confiance en l’homme et une profonde confiance dans la grandeur de la vocation humaine – vocation à laquelle vous répondrez en respectant la vérité, la dignité et les droits inviolables de la personne humaine».
Vous savez que, si Dieu le veut, j’ai l’intention de me rendre en Terre Sainte pour un pèlerinage reparcourant les étapes de l’histoire du salut. Si Dieu le veut, donc, nous aurons la chance de nous rencontrer encore sur votre terre. Je suis certain que d’ici là, vous aurez entamé votre projet et qu’ensemble, nous pourrons en voir les premiers fruits. (...)
SYNODE DES EVÊQUES, ROME
MESSAGE DE LA DEUXIÈME ASSEMBLÉE SPÉCIALE POUR L’EUROPE
Octobre 1999
A la fin de la Deuxième assemblée spéciale pour l’Europe du Synode des Evêques, les Pères synodaux ont désiré envoyer, le 22 octobre 1999, un message à leurs frères et soeurs croyants et à tous les citoyens de l’Europe. Ils l’ont intitulé : Nous témoignons avec joie de « l’Evangile de l’espérance » en Europe. Nous en extrayons le passage qui concerne le dialogue interreligieux.
4.
L’espérance chrétienne que nous vous annonçons et dont nous vous témoignons, très chers frères et soeurs – outre qu’elle est possible et qu’elle se présente comme une réalité concrète, – est un don et une responsabilité pour toutes les Eglises et communautés, et pour chacun de nous.
Animés d’une telle conscience, il nous faut faire tous ensemble un humble et courageux examen de conscience pour reconnaître nos peurs et nos erreurs, pour confesser avec sincérité nos lenteurs, omissions, infidélités et fautes.
Mais que notre cœur soit plein d’espérance, dans la certitude que le Père use toujours de miséricorde envers ceux qui confessent leur péché, et leur adresse un appel pressant à la conversion et au renouvellement de leur vie.
(...)
Tous ensemble, frères et soeurs dans le Seigneur, pour vivre avec plus de vérité et de crédibilité notre responsabilité, continuons avec grande confiance le chemin oecuménique, redécouvrons le lien qui nous unit avec nos « frères aînés » juifs, ouvrons-nous au dialogue respectueux et responsable avec ceux qui appartiennent aux autres religions, intensifions notre élan missionnaire en allant dans le monde tout entier (cf. Mt 28, 19-20).
Dans l’Instrumentum laborem préparant cette assemblée, on pouvait lire au n° 62 : (2)
Déjà au cours de la première Assemblée spéciale pour l’Europe du Synode des Evêques, à propos de ce qui est lié à la nouvelle évangélisation et de ce qu’elle nécessite, l’accent était mis sur l’importance d’instaurer et de vivre un rapport spécial avec nos « frères aînés», les juifs, dans la conviction que « des actions associées de différentes manières entre chrétiens et juifs, étant sauves les diversités et les doctrines de l’une et l’autre religion, pourraient avoir le plus grand poids en ce qui concerne l’avenir civil et religieux de l’Europe, et les devoirs de ce Continent à l’égard des autres » (77). Et cela non seulement parce que la foi et la culture juives représentent un élément constitutif du développement de la civilisation européenne, mais aussi et surtout de par les racines communes existant dans le christianisme et dans le peuple juif. En effet, en vertu de ses origines, l’Eglise a un rapport intrinsèque, et en particulier avec le peuple juif. En conséquence, le dialogue avec le judaïsme est d’une importance fondamentale pour la conscience que le christianisme a de lui-même et, donc, pour le chemin oecuménique.
Il s’agit alors de vérifier ce qui a été fait au cours des dernières années et de poursuivre le chemin entrepris. En particulier, il ne s’agit pas seulement de condamner et de rejeter, à tous les niveaux, toutes les formes d’antisémitisme. De façon plus radicale et plus positive, il faut « oeuvrer de sorte que s’épanouisse un nouveau printemps par le resserrement des liens entre les deux religions » (78). Cela peut, entre autres, comprendre une éducation consistant à reconnaître le rôle particulier joué par Israël dans l’histoire du salut, à lire le Nouveau Testament non pas en le juxtaposant ou en l’opposant à l’Ancien mais dans la continuité de celui-ci, à vénérer le mystère du peuple juif, à en connaître l’histoire et les traditions religieuses, la culture et les richesses spirituelles, ainsi que d’instaurer des rapports d’authentique amitié fraternelle et de collaboration avec les membres des communautés juives jusqu’à développer une responsabilité commune en face des problèmes de la société en Europe et dans chaque pays.
LA CONFÉRENCE INTERNATIONALE SUR LA SHOA À STOCKHOLM
26 au 28 février 2000
DÉCLARATION FINALE
Une conférence intergouvernementale sur la Shoa a réuni à Stockholm plus de 400 délégués représentant 48 nations, accueillis par le premier ministre Göran Persson. Chaque pays pouvait joindre à la délégation officielle de son gouvernement des délégués représentant le monde de l’éducation, de la recherche et des ONG. Une vingtaine de chefs de gouvernements s’y étaient rendus. A l’issue de ce forum international, une déclaration en forme de message a été rendu publique.
Nous, hauts responsables de gouvernements présents au Forum International sur la Shoa à Stockholm, nous déclarons que :
1. La Shoa est fondamentalement un défi aux fondements de la civilisation. Son caractère sans précédent aura toujours une signification universelle. Après un siècle et demi, elle reste un événement encore assez proche dans le temps pour que des survivants puissent témoigner des horreurs qui ont failli engloutir le peuple juif. Les terribles souffrances de beaucoup de millions d’autres victimes des Nazis ont elles aussi laissé un cicatrice indélébile à travers l’Europe.
2. L’ampleur de la Shoa, planifiée et perpétrée par les Nazis, doit être à jamais marquée au fer rouge dans notre mémoire collective. Les sacrifices de ceux qui dans l’oubli d’eux-mêmes ont défié les Nazis, et qui parfois sont allés jusqu’au don de leur vie pour protéger ou sauver les victimes de la Shoa, doivent rester, eux aussi, inscrits dans nos coeurs. Les abîmes de cette horreur, et les cimes de leur héroïsme, peuvent être des pierres de touche pour comprendre la capacité humaine de mal et de bien.
3. Avec l’humanité qui porte toujours encore des marques de génocides, de purifications ethniques, de racisme, d’antisémitisme et de xénophobie, la communauté internationale partage une responsabilité solennelle dans la lutte contre ces maux. Ensemble, nous devons soutenir la vérité terrible de la Shoa face à ceux qui la dénient. Nous devons renforcer l’engagement moral des peuples et l’engagement politique des gouvernements pour que les générations futures puissent comprendre les causes de la Shoa et réfléchir à leurs conséquences.
4. Nous nous engageons à renforcer nos efforts pour promouvoir l’éducation, le souvenir, et la recherche qui concernent la Shoa, à la fois dans ceux de nos pays qui ont déjà fait beaucoup en ce sens, et dans ceux qui ont choisi de se joindre à ces efforts.
5. Nous nous engageons à encourager les études sur la Shoa sous toutes ses formes. Nous voulons promouvoir l’enseignement de la Shoa dans nos écoles et universités, dans nos communautés, et l’encourager dans d’autres institutions.
6. Nous nous engageons à commémorer les victimes de la Shoa, et à honorer la mémoire de ceux et celles qui se sont élevés contre elle. Nous encourageons dans nos pays diverses formes de commémoration y compris une journée annuelle de souvenir de la Shoa.
7. Nous nous engageons à faire la lumière sur les zones d’ombre qui demeurent sur la Shoa. Nous prendrons toutes les mesures nécessaires pour faciliter l’ouverture des archives, afin de garantir que tous les documents concernant la Shoa soient accessibles aux chercheurs.
8. Il est juste que cette première grande conférence internationale du nouveau millénaire déclare son engagement à planter des semences d’un avenir meilleur dans la terre d’un passé amer. Nous compatissons profondément avec les souffrances des victimes, et leurs luttes sont pour nous une source d’inspiration. Nous nous engageons à faire mémoire des victimes qui ont péri, à respecter les survivants encore parmi nous, et nous réaffirmons l’aspiration commune de l’humanité à la compréhension mutuelle et à la justice.
_________________
1. Texte original anglais. Publié en français dans l’Osservatore Romano, éd. fr. du 28 septembre 1999.
2. Cf. La Documentation catholique, 5 et 19 septembre 1999, n̊16.