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Présentation
La rédaction
Le mot sécularisation est un mot qui risque d'avoir perdu aujourd'hui une bonne part de sa signification, pour avoir été utilisé, usé en de si nombreuses circonstances diverses et par des personnes tellement différentes.
On pourrait avoir l'impression que, pour certains, ce mot définit ce qui ne va pas bien à leurs yeux, et tout spécialement dans le domaine religieux. Pour d'autres, il désigne simplement un mouvement de libération à l'égard des liens religieux ou d'autres liens qui les oppriment. Ainsi, de nombreuses études ont été faites sur ce sujet pendant ces dernières années (cf la bibliographie de ce numéro); elles soulignent la différence à faire entre « sécularisme », théorie ou mouvement qui refuse toute réalité ou toute valeur si elle ne peut être saisie par l'intelligence humaine, et la sécularisation qui bien qu'elle reconnaisse ou tout au moins ne nie pas les réalités et les valeurs « sur-humaines », met l'accent sur l'indépendance humaine, l'autodétermination et la responsabilité. Il est bien évident pour tous que depuis le temps de la Renaissance, dans le christianisme, les valeurs du monde, la personne humaine, le domaine profane etc., ont été de mieux en mieux reconnus dans leurs droits propres. Et ce processus historique s'est accéléré durant le dernier siècle d'une façon telle qu'il affecte à la fois le monde scientifique et la vie quotidienne commune à tous. Dès lors, il est facile de comprendre que, dans certains cas, ou dans certains milieux, une saine sécularisation ait pu dégénérer en un sécularisme a-religieux. Mais ceci n'est pas la tendance générale. Il est
naturel également que les autorités religieuses soient plutôt réservées et même effrayées par ce mouvement dans la crainte d'une perte ou d'un déclin de la foi.
Quoi qu'il en soit, aujourd'hui, il semble que de nombreuses personnes, qui vivent dans une cité séculière et dans un modèle de société sécu larisé, sont à la recherche d'une expérience spirituelle profonde, mais exprimée selon des formes nouvelles et vécues d'un façon « incarnée ». Cette spiritualité « sécularisée » implique souvent un engagement plus personnel et conscient envers Dieu que ne le faisaient certaines formes traditionnelles.
La question de la sécularisation rejoint l'éternelle tension entre le sacré et le profane. Or, le christianisme et le judaïsme ont eu des attitudes différentes pour affronter cette tension; ils ont vécu différemment le sacré et le profane. Mais tous deux sont inspirés par la parole de Dieu. La parole de Dieu a donc certainement sa place dans ce débat.
Ce numéro de SIDIC est consacré au thème de la sécularisation. Nous sommes persuadés que la présentation de la conception juive et de la conception chrétienne de ce problème pourra permettre un fructueux échange de points de vue. Et ceci alors pourrait être une contribution valable pour une compréhension plus profonde de la foi au Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob, le Dieu de l'histoire, dont le dessein est « un nouveau ciel et une nouvelle terre » (cf Isaïe 65, 17; Apocalypse 21, 1 etc.).