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Relations juifs-chrétiens et le dialogue avec les religions mondiales - Une enquête bibliographique
Lawrence E. Frizzell
En évaluant les relations humai-nes au cours des dernières décennies nous sommes étonnés par un paradoxe: on en est arrivé à une meilleure compréhension entre les diverses communautés religieuses et politiques; et pourtant, des atrocités commises en divers lieux rappellent des temps anciens, des époques de brutalité et de cruauté, défiant toute imagination. Cela indique-t-il une tension entre l'universel et le particulier que des personnes de bonne volonté peuvent espérer résoudre ? Est-ce qu'une éducation plus répandue sera la clé d'une plus grande paix? Bien sûr, nous devons reconnaître que le progrès dans la connaissance suscite souvent des agressions aux droits et à la vie d'autrui d'un genre plus raffiné. Par conséquent le partage d'idéaux spirituels et moraux constitue un aspect essentiel de l'espoir en un monde meilleur. Dans le passé comme dans le présent,on a détourné la ferveur religieuse pour servir le but ignoble d'une fierté nationale ou ethnique et des attitudes égocentriques. C'est pour cette raison que de nombreux penseurs ont essayé d'éliminer le facteur religieux de la théorie politique. Mais en bien des régions du monde, beaucoup de gens ont vigoureusement réaffirmé leur engagement religieux.1 Dans le contexte d'une dure confrontation entre des groupes laïcs et religieux en beaucoup de nations, la nécessité urgente de partager sur des questions fondamentales, spirituelles et morales, devient de plus en plus impérative. A l'écoute de personnes de bonne volonté, de tous milieux, celles qui vivent leurs convictions religieuses se rendent compte que la mentalité laïque n'est pas que neutre, mais qu'au contraire elle adopte un ensemble de valeurs qui inclut des éléments opposés aux leurs. Il est extrêmement important, pour des communautés religieuses, d'entrer en dialogue, afin de surmonter les antipathies et les malentendus et de découvrir également, dans la discussion avec d'autres points de vue du monde, qu'on a une vision commune. Le but de cet essai est de présenter quelques exemples de la façon dont les ecclésiastiques et les savants ont exploré ces questions.
Pour les catholiques, et d'une certaine manière aussi pour d'autres communautés, le Concile Vatican II (1962-1965) est l'événement décisif de ce siècle en ce qui concerne l'oecuménisme et les relations interconfessionnelles. Le travail des individus et celui des groupes, au début des échanges interreligeux, fut très significatif, mais l'influence du Concile entraîna vers une nouvelle profondeur et largeur des engagements à long termes. Les premiers bienfaits ont été perçus au sein de plusieurs grandes communautés chrétiennes, associées au Conseil Mondial des Eglises. Ensuite, l'effort de l'Eglise catholique pour réfléchir sur ses relations avec le peuple juif est devenu le fondement de discussions interconfessionnelles plus élargies. Le Conseil Mondial des Eglises avait indiqué le chemin en formulant une condamnation de la haine anti-juive, mais la déclaration catholique sur les "Relations de l'Eglise avec les religions non-chrétiennes" aidèrent d'autres à développer de nouvelles profondeurs de perception.
Comment le "Décret sur les juifs", que le Pape Jean XXIII a voulu à Vatican II, est-il devenu "La déclaration sur les relations de l'Eglise avec les religions non chrétiennes" (Nostra Aetate), promulguée le 28 octobre 1965 ? L'histoire complexe de ce texte a été racontée par John M.Oesterreicher.2 On pourrait aussi se demander comment les développements postérieurs du dialogue ont été influencés par le contexte de cette déclaration. Est-ce que le bref examen des religions mondiales, avant la présentation du "Lien de l'Eglise avec le peuple juif" (paragraphe 4), met en valeur l'importance des rencontres entre catholiques et juifs à l'intérieur d'un contexte plus élargi ?
La contribution du Concile est décrite comme "The Watershed of Vatican II: Catholic Attitudes towards Other Religions" dans One God, One Lord in a World of Religious Pluralism (éd. Andrew D. Clarke et Bruce W. Winter. Cambridge: Tyndale House, 1991) p.153-171. Miika Ruokanen a évalué Nostra Aetate en fonction d'autres documents du Concile dans The Catholic Doctrine of Non-Christian Religions according to the Second Vatican Council (Leiden: E.J. Brill, 1992). Il n'y a pas eu de changement fondamental dans la compréhension qu'a l'Eglise de sa mission envers l'humanité, qui prolonge celle du Maître. "De même que le Christ lui-même a scruté le coeur des hommes et femmes et les a menés par un dialogue vraiment humain à la lumière divine; de même ses disciples, profondément pénétrés de l'Esprit du Christ, doivent connaître les hommes et femmes au milieu desquels ils vivent, engager conversation avec eux, afin qu'eux aussi apprennent dans un dialogue sincère et patient quelles richesses Dieu, dans sa munificence, a dispensées aux nations..." (Décret sur l'activité missionnaire de l'Église #11). Cependant l'appel à rendre témoignage de l'Evangile est accompagné de la conscience que des éléments de vérité et de sainteté existent déjà dans la vie de beaucoup de personnes (voir Nostra Aetate #2). L'"impérialisme religieux" des derniers siècles a disparu.
Le Cardinal Francis Arinze, Président du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, a récemment édité une collection de 302 documents du Vatican sous le titre Interreligious Dialogue in the Papal Magisterium (1994). L'ouverture de l'Eglise au cours de ces 30 dernières années a été symbolisée par deux événements à Assise en septembre, et en octobre 1986: une rencontre parrainée par le World Wildlife Fund pour que les religions réfléchissent sur l'écologie, et la journée mondiale de prière pour la paix, convoquée par le pape Jean-Paul II. L'entente harmonieuse des personnes et le respect envers les autres créatures constituent des idéaux que diverses communautés religieuses peuvent discuter, en vue d'une action commune.
Les réflexions personnelles du Pape Jean-Paul II en réponse aux questions d'un journaliste indiquent combien les perspectives du Concile et ses propres rencontres avec des juifs et avec d'autres communautés religieuses ont eu sur lui un impact profond. Cependant Crossing the Threshold of Hope (New York: Alfred A. Knopf, 1994) est évocateur plutôt que compréhensif; le Pape n'a sans doute pas consulté d'autres personnes avant de formuler ses réponses. Des tensions avec les bouddhistes de Sri Lanka, par exemple, ont fait sensation, mais elles pourront mener les théologiens catholiques locaux vers une nouvelle étape de compréhension mutuelle. Toutefois la triste situation, dans ce pays, de communautés religieuses désunies, dure depuis beaucoup d'années. Le travail de réconciliation a ses martyrs là-bas, et leur exemple peut donner espoir à ceux qui cherchent la paix. Puisse le travail de l'Institut oecuménique pour l'étude et le dialogue se développer et devenir florissant! Tissa Balasuriya aborde cette question dans "Ethnic conflict in Sri Lanka and the responsibility of the theologian," Frontiers in Asian Christian Theology (éd. R.S.Sugirtharajah. Maryknoll:Orbis, 1994) p.236-251.
Vingt-cinq ans après le décret du Concile sur l'Activité missionnaire, le Pape Jean-Paul II a promulgué l'encyclique Redemptoris Missio (La Mission du Rédempteur). En 1991, les cardinaux Arinze et Tomko (ce dernier étant Préfet de la Congrégation pour l'évangélisation des peuples) ont publié une déclaration: "Réflexions et orientations concernant le dialogue interreligieux et l'annonce de l'Evangile" (Documentation Catholique, 2036, 20/10/1991), qui discute certains thèmes du dialogue interreligieux et de la proclamation de l'Évangile. William R. Burrows a édité des essais sur ces textes dans Redemption and Dialogue; Reading Redemptoris Missio and Dialogue and Proclamation (Maryknoll: Orbis, 1993).
Mgr. Michael Fitzgerald, Secrétaire du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, a analysé le travail de l'Eglise au cours de ces dernières années dans "Le dialogue interreligieux aujourd'hui," La Documentation Catholique 2067, 5/1993, p.209-212. Des universités, des congrégations religieuses et des mouvements de laïcs (tels que Focolari et S. Egidio) sont engagés dans un dialogue sérieux à des niveaux divers.
Quelques questions soulevées par la juxtaposition de la mission et du dialogue, sont analysées par Eric J. Sharpe, dans l'article "Dialogue of religions", dans The Encyclopedia of Religion (New York: Macmillan, 1987) volume 4, p.344-348. Il discute "The goals of inter-religious dialogue" dans Truth and Dialogue in World Religions: Conflicting Truth Claims, édité par John Hick (Philadelphia: Westminster Press, 1974) p.77-95. Leonard Swidler a proposé des normes pour éviter des pièges éventuels au cours de ces rencontres: "The dialogue decalogue: Ground rules for interreligious dialogue," Journal of Ecumenical Studies 20 (1983) p.1-4, avec un commentaire pastoral de Robert L. Kinast dans le n° 21 (1984) p.311-318.
Qu'est-ce que ce contexte plus large du dialogue a pu signifier pour les relations entre catholiques et juifs? L'impact de la déclaration du Concile Vatican II sur le lien de l'Église avec le peuple juif a probablement été plus important pour l'Église que pour les juifs. Quoique le dialogue juifs-chrétiens ait souvent amené les membres de différents groupes juifs à se rencontrer, l'approche juive des autres religions n'a sans doute pas beaucoup profité des expériences chrétiennes. Il faut se rappeler que, déjà quelque temps avant le concile, d'autres facteurs intervenaient sur la scène internationale. La fondation de l'Etat d'Israël donnait à des savants ou diplomates juifs de nouvelles raisons de montrer de l'intérêt pour les cultures et les religions d'Extrême-Orient et d'Afrique. Pour les Israéliens, connaître l'Islam dans les nations arabes était plus important encore. Déjà l'Université Hébraïque de Jérusalem et d'autres instituts d'Israël avaient posé les fondements d'une recherche académique sur les religions et les cultures du Moyen-Orient. Maintenant que le climat politique est en train de se modifier, nous espérons que le dialogue se poursuivra au-delà des salles de classes de l'université, du Rainbow Group et d'autres cercles d'élite, pour pénétrer dans la vie quotidienne des diverses communautés qui vivent au Moyen-Orient.
I. L'oecuménisme entre chrétiens
Quoique le mot "oecuménisme" vienne du mot grec qui signifie "la terre entière habitée", on l'utilise comme terme technique pour exprimer le "mouvement dans l'Église vers le rétablissement de l'unité de tous les croyants au Christ, transcendant les différences de croyances, de rituels et de politiques."3 Puisque le but est d'atteindre l'unité, le dialogue entre les chrétiens diffère du dialogue inter-confessionnel ou interreligieux, qui veulent seulement promouvoir la compréhension et la coopération mutuelles. Même parmi les adhérents au judaïsme, au christianisme et à l'Islam, la question de l'union n'est pas abordée, mais l'avenir est laissé au mystère d'un Dieu dont la révélation a commencé avec Abraham. Cependant les principes du dialogue ont d'abord été élucidés dans des cercles chrétiens, souvent en reprenant des idées devenues populaires grâce à Martin Buber. Une connaissance de l'histoire de l'oecuménisme chrétien est aussi utile, puisque les erreurs et les démarches positives en de telles relations peuvent fournir des aperçus aux personnes engagées dans d'autres rencontres. Dans le large éventail des ressources pour étudier l'oecuménisme, le Dictionary of the Ecumenical Movement (D.E.M.), édité par Nicholas Lossky et d'autres (Geneva: World Council of Churches; Grand Rapids: Eerdmans, 1991) est très complet, et ses bibliographies sont étendues. Michael A. Fahey a compilé, dans un compte-rendu annoté, des sources en vue de recherches sur des thèmes de l'oecuménisme chrétien, sous le titre: Ecumenism: A Bibliographical Overview (Westport: Greenwood Press, 1992). Les questions sociales et les mariages interconfessionels étant le souci de tous ceux qui sont engagés dans les formes pratiques du dialogue entre les religions, les déclarations des chefs d'Eglises et les accords entre chrétiens sont très pertinents. Parmi les nombreuses collections de textes, l'"Ecumenical Documents Series" (Mahwah: Paulist Press) est facilement disponible. Doing the Truth in Charity, édité par Thomas Stransky et John B. Sheerin (1982) rassemble les déclarations des Papes et du Secrétariat pour la promotion de l'Unité chrétienne, 1964-1980. Growth in Agreement, édité par Harding Meyer et Lukas Vischer (1984), donne les comptes-rendus et déclarations convenus au niveau mondial, dans le domaine des dialogues bilatéraux et multilatéraux. Towards the Healing of Schism, édité par E.J. Stormon (1987), donne une traduction anglaise des déclarations publiques et de la correspondance entre le Saint-Siège et le Patriarcat Oecuménique, 1958-1984. Au niveau plutôt local, Building Unity, édité par Joseph A. Burgess et Jeffrey Gros (1989), présente les accords auxquels on est arrivé dans tous les États-Unis, dans les dialogues avec participation de catholiques. On peut replacer ces recueils dans le contexte des développements ultérieurs, en consultant l'Ecumenical Review, Ecumenism, the Journal of Ecumenical Studies, Irenikon, Istina, Oekumenische Rundschau, One in Christ, Una Sancta, Unité des Chrétiens, et autres publications. Internationale Oekumenische Bibliographie (Munich: Chr. Kaiser Verlag. 18 volumes en allemand, anglais, français et espagnol) est excellent mais se termine dès l'année 1979.
II. Les Relations juifs-chrétiens
Bien qu'autrefois des individus et des communautés, chrétiens et juifs, se soient rencontrés en des circonstances favorisant l'appréciation et le respect mutuel, cette expérience a été plutôt rare. La plupart du temps elle n'était menée par les chefs ni de l'une ni de l'autre communauté. Dans Children of the God: A History of the Council of Christians and Jews (London: Vallentine-Mitchell, 1991), Marcus Braybrooke étudie la collaboration fructueuse des premiers temps en Grande Bretagne et en Amérique du Nord. Depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale, le Conseil Mondial des Églises et d'autres instances chrétiennes ont fait des déclarations qui donnent des principes en vue de rencontres plus fructueuses que par le passé. Helga Croner a recueilli des déclarations, au plan international et national: Stepping Stones to Further Jewish-Christian Relations (Mahwah: Paulist, 1977) et More Stepping Stones to Jewish-Christian Relations (1985). Des collections plus récentes incluent: The Theology of the Churches and the Jewish People: Statements by the World Council of Churches and its Member Churches, avec un commentaire de A. Brockway et d'autres (Geneva: World Council of Churches, 1988). Plusieurs déclarations importantes se trouvent dans les appendices du livre de Geoffrey Wigoder: Jewish-Christian Relations since the Second World War (Manchester University Press, 1988) et Eugene J. Fisher, Faith Without Prejudice: Rebuilding Christian Attitudes Toward Judaism (New York: Crossroad, 1993 revised). E. Fisher et Leon Klenicki ont recueilli des textes et des bibliographies dans un volume: In Our Time: the Flowering of Jewish-Catholic Dialogue (Mahwah: Paulist, 1990). Fisher a examiné "Jewish-Christian relations and the quest for Christian unity" dans le Journal of Ecumenical Studies 20 (1983) p.235-274. Hans Küng a traité Judaism: Between Yesterday and Tomorrow avec la perfection qui le caractérise mais aussi quelques positions provocantes en ce qui concerne l'Etat d'Israël. Ce livre cherche à rectifier une lacune du livre de Küng Le Christianisme et les religions du monde (Paris: Seuil, 1986). Son oeuvre a été évaluée par Hubert Kirchner, "Hans Küngs Theologie des Dialogs - Bilanz und neuer Einsatz," Theologische Literaturzeitung 119 (1994) c. 867-874.
Eugene Fisher a analysé la vaste littérature qui traite des divers aspects des relations juifs-chrétiens dans le volume sur Nostra Aetate, sous le titre In our Time, et dans son "Update on Catholic Education on Jews and Judaism in English-language materials," SIDIC 27 (3)1994 édition anglaise, p.24-30.
Les initiatives du Pape actuel sont l'objet d'une étude d'Henri Tincq: L'Etoile et la Croix. Jean-Paul II - Israël: l'explication (Paris: J-C Lattès, 1993). Franklin Littel a esquissé le vaste champ d'activités de l'"Interfaith cooperation" dans Jewish-American History and Culture: An Encyclopedia édité par Jack Fischel et Sanford Pinsker (New York: Garland Press, 1992).
III. Chrétiens et rencontres interreligieuses
Tout comme les rencontres avec le peuple juif, celles des chrétiens contemporains avec d'autres religions mondiales doivent être placées dans le contexte d'une histoire chrétienne millénaire. L'esprit de dialogue doit se vérifier dans les jugements de voisins dont la mémoire porte le poids tragique du passé. La prédication de l'Évangile peut-elle être compatible avec la grande sensibilité au droit qu'ont les autres de vivre selon leur conscience? Nous rappelons que la recherche de l'unité entre chrétiens est basée sur le scandale que la division présente à l'extérieur.4 Le progrès réalisé dans des cercles catholiques, depuis le Concile Vatican II, à propos de ces questions, est fondé sur les principes de Nostra Aetate, de la déclaration sur la liberté religieuse (Dignitatis Humanae) et autres décrets. Il a été développé dans des documents postérieurs comme ceux notés ci-dessus.
"Le Concile du Vatican déclare que la personne humaine a droit à la liberté religieuse. Cette liberté consiste en ce que tous les hommes doivent être soustraits à toute contrainte de la part soit des individus, soit des groups sociaux et de quelque pouvoir humain que ce soit, de telle sorte qu'en matière religieuse nul ne soit forcé d'agir, dans de justes limites, contre sa conscience...." (Dignitatis Humanae #2). Ce droit devrait être garanti par chaque Etat (voir La Déclaration Universelle des Droits de l'Homme des Nations Unies de 1948), et il devrait être respecté par tous ceux qui sont engagés dans un travail missionnaire. A quel moment le "témoignage" devient-il un acte d'agression ? Le verbe "faire du prosélytisme" est décrit comme une altération du témoignage chrétien par la flatterie, subtile ou ouverte, par la corruption, la pression excessive ou l'intimidation (voir le document sur "Témoignage chrétien, prosélytisme et liberté religieuse" du Conseil mondial des Eglises, New Delhi, 1961). Il est également offensant d'exploiter le besoin, la faiblesse ou le manque d'éducation de ceux auprès de qui on témoigne. Cette précision vient d'un document d'étude du Groupe de travail entre l'Eglise catholique romaine et le Conseil mondial des Eglises de 1970. Ces principes devront offrir à la majorité des chrétiens une base pour l'évaluation de leur conduite. Une communauté qui perd ses membres se plaint souvent de tactiques injustes de la part des autres. Chaque tradition religieuse devrait être prête de se laisser juger selon une norme qui reflète la règle d'or (Mt 7,12).5
Les rencontres interreligieuses sont presque aussi vieilles que l'Église, dont les maîtres ont précisé leurs positions en rapport avec les juifs, mais aussi en rapport avec d'autres réponses aux grandes questions spirituelles. Des jalons ont été posés en fonction des vieilles confrontations entre les prophètes d'Israël et leurs voisins; une telle approche signifie qu'en général la littérature était destinée à une communauté qui se défendait contre un monde hostile.6
S. Wesley Ariarajah esquisse les développements au cours de ce siècle dans "Dialogue, Interfaith" (D.E.M. p.281-287), et ceci devrait être complété par des évaluations du Parlement mondial des religions (Chicago, 1893).7 Robert B. Sheard a fourni d'innombrables détails dans une étude historique et théologique intitulée Interreligious Dialogue in the Catholic Church Since Vatican II (Lewiston: Edwin Mellen Press, 1987). Ce livre expose les grandes lignes de travail du Sécretariat pour les Nonchrétiens (créé par Paul VI en 1964 et connu plus tard sous le titre de Conseil Pontifical pour le dialogue interreligieux), et expose, de plus, les efforts des penseurs catholiques pour le développement d'une théologie des religions mondiales, à l'exemple de Peter C. Phan (éd) Christianity and the Wider Ecumenism (New York: Paragon, 1985). Les problèmes clés concernant le caractère unique de Jésus et du christianisme sont examinés et discutés dans un nombre considérable d'ouvrages.8
Le travail d'un pionnier, appréciant les religions asiatiques, est évalué par Richard Schebera, Christian, Non-Christian Dialogue: The Vision of Robert C. Zaehner (Lanham: University Press of America, 1978). Les dévelopements récents ont été examinés par Wayne Teasdale, "Interreligious dialogue since Vatican II: The monastic-contemplative dimension," Spirituality Today 43 (1991) 119-133.
1. Le Dialogue Chrétiens-Musulmans
Après la rencontre chrétiens-juifs aucune autre n'a été plus prolongée ou intense que celle des chrétiens avec l'Islam. Les trois religions et leurs communautés respectives ne peuvent ignorer le passé, mais elles ne peuvent pas non plus se limiter à ses modèles et au souvenir des confrontations. L'héritage des colonies européennes en Afrique et en Asie a attiré un nombre considérable de musulmans en France et en Grande Bretagne, ce qui entraîne la nécessité urgente d'éduquer la majorité de la population à une nouvelle étape de tolérance et de collaboration.9 L'évolution de ces dernières décennies a été étudiée en Gerald Parsons (éd), The Growth of Religious Diversity: Britain à partir de 1945. Volume I Traditions (London: The Open University - Routledge, 1993). L'immigration en d'autres pays, et pour des raisons diverses, entraîne le besoin pressant de faire grandir la compréhension de l'autre, dans ce contexte également. En 1981, Maurice Borrmans a présenté au nom du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux: Orientations pour un dialogue entre chrétiens et musulmans (Le Cerf, 1981) avec une bibliographie qui peut être mise à jour en se reportant à Encounter (une revue mensuelle) et Islamochristiana (une revue annuelle), publiée par l'Institut pontifical d'études arabes et islamiques (Viale di Trastevere 89, 00153 Rome, Italie). Thomas Michel présente une discussion plus récente, à la lumière du travail conciliaire: "Christian-Muslim dialogue in a changing world," Theology Digest 39 (1992) p.303-320. La rencontre de l'Islam avec d'autres religions mondiales est présentée dans une série d'exposés dans le Journal of Dharma 19 (#4-1994). Michael Kosegi et J. Gordon Mehon (éd), Islam in North America: A Sourcebook (New York: Garland, 1992) présentent des études sur certaines régions des États-Unies et du Canada, où les musulmans de nombreuses nations deviendront bientôt une plus large minorité que celle des communautés juives.
2. Dialogue Chrétiens-Hindous
De nombreux juifs et chrétiens peuvent bénéficier du rappel que l'héritage biblique s'est développé dans un contexte asiatique. Le premier des deux volumes de Samuel Hugh Moffett, sous le titre A History of Christianity in Asia (San Francisco: Harper, 1992) va des commencements jusqu'en 1500. Ce livre décrit l'expansion des communautés chrétiennes d'Asie Mineure jusqu'en Perse, en Inde et, à travers l'Asie centrale jusqu'en Chine. Stephen Neill a esquissé en un volume, A History of Christianity in India (Cambridge University Press, 1984), tandis que les plusieurs volumes de Story of Christianity in India (Bangalore: Church History Association of India, 1990) de Hogald Grafe et autres contiennent de nombreux détails.
Pendant les siècles où le Portugal, la France et la Grande Bretagne se bâtissaient des empires, les Indiens, qui suivaient les enseignements hindous, boudhhistes ou jaïns, étaient généralement considérés comme de simples idolâtres. Le courage que Mohandas K. Gandhi montra face aux limites des peuples de spiritualité indienne, tout en bâtissant sur les forces de ceux-ci, apporta une contribution clé à l'ouverture des chrétiens à d'autres aperçus. Eric J. Sharpe a passé en revue cette histoire dans Faith Meets Faith: Some Christian Attitudes to Hinduism in the 19th and 20th Centuries (London, 1977). Ceci est completé par Wesley Ariarajah, Hindus and Christians: A Century of Protestant Ecumenical Thought (Grand Rapids: Eerdmans, 1991). A la suite de son étude "Christianity confronts Hinduism" dans Theological Studies 30 (1969) p.207-224, J. Moffitt a traité de "Hinduism and Christianity" dans le New Catholic Encyclopedia, Supplementary Volume 16 (1967-74)p.208-209. Klaus Klostermaier attire l'attention sur des oeuvres récentes dans "Hindu-Christian dialogue," D.E.M. p.459-461. Bien sûr, chaque mouvement religieux et spirituel en Inde est présenté en détails (avec des bibliographies) dans l'Encyclopedia of Religion édité par Mircea Eliade. The Journal of Dharma (Bangalore), dans son étude d'un thème spécifique, consacre souvent une section à l'Hindouisme. Pour le volume 19 (#2-1994) le sujet est: "Hindu Encounter with World Religions" (La rencontre de l'Hindouisme avec les religions du monde). A l'Université de Calgary, Canada, le professeur Harold Coward est l'éditeur du Hindu-Christian Studies Bulletin. Son Hindu-Christian Dialogue: Perspectives and Encounters a été publié par Orbis Books en 1989. Parmi d'autres études citons Bede Griffiths, The Cosmic Revelation; The Hindu Way to God (Springfield, Ill.: Templegate, 1983). Leo Borelli esquisse de récents développements dans "Jesus Christ and Hinduism," American Benedictine Review 46 (1995)p.53-72.
L'approche provocatrice d'un théologien catholique a été évaluée dans Catholicism-Hinduism. Vedantic Investigations of Raimundo Panikkar's Attempt at Bridge Building (1987) par Kana Mitra. On trouve une discussion supplémentaire de son oeuvre dans Charles Fu et Gerhard Spiegler (éd), Religious Issues and Interreligious Dialogues (Westport: Greenwood Press, 1989)
Est-ce que les revendications de l'Hindouisme et du christianisme entraînent vers une exclusion mutuelle ? Michael von Bruck, The Unity of Reality; God, God-Experience, and Meditation in the Hindu-Christian Dialogue (Mahwah: Paulist, 1991) traite des questions fondamentales concernant Dieu et le Brahma absolu d'une manière qui favorise la prière et le dialogue entre les communautés.
La communauté Sikh est une minorité en Grande Bretagne et en Amérique du Nord. Elle a été étudiée par W. Owen Cole et Piard Singh Sambhi, Sikhism and Christianity: A Comparative Study (New York: St. Martin's Press, 1993).
3. Le Dialogue chrétiens-bouddhistes: Japon et Chine
Selon Eusèbe de Césarée (263-339), dans son Histoire ecclésiastique Livre V. 10.2, on peut faire remonter le contact des chrétiens avec l'Inde et le bouddhisme jusqu'à Pantène, qui enseigna avant 190 à Alexandrie, où Clément était son disciple. Les savants ont été fascinés par les contacts entre les idées adoptées par Nicolas de Cuse (1401-1464) et la pensée bouddhiste. Sa signification pour le dialogue a été discutée dans Rudolf Haubst et Klaus Kremer (éd) Weisheit und Wissenschaft: Cusanus im Blick auf die Gegenwart (Trier: Paulinus Verlag, 1992).
Les écrits de Thomas Merton, et sa mort à Bangkok, ont exercé une influence importante, en attirant l'attention des Américains du Nord sur le dialogue chrétiens-bouddhistes. Le domaine des "Etudes Bouddhistes" a été étudié par Lewis R. Lancaster dans l'Encyclopedia of Religion (volume 2,p.554-560). John B. Cobb, Jr., Beyond Dialogue: Toward a Mutual Transformation of Christianity and Buddhism (Philadelphia: Fortress, 1982) et Roger Corless et Paul F. Knitter (éd), Buddhist Emptiness and Christian Trinity: Essays and Explorations (Mahwah: Paulist, 1990) examinent plus amplement un certain nombre de thèmes. Voir aussi Paul Ingram, The Modern Buddhist-Christian Dialogue: Two Universalistic Religions in Transformation (Lewiston: Edwin Mellen, 1987); Paul Ingram et Frederick Streng (éd) Buddhist-Christian Dialogue: Mutual Renewal and Transformation (Honolulu: University Hawaii Press, 1986). Christopher Ives (éd), Divine Emptiness and Historical Fullness: A Buddhist-Jewish-Christian Conversation with Masao Abe (Kampen: Kok Pharos, 1994); Leo Lefebvre, The Buddha and the Christ: Explorations in Buddhist and Christian Dialogue (Maryknoll: Orbis, 1993); Donald W. Mitchell, Spirituality and Emptiness: The Dynamics of Spiritual Life in Buddhism and Christianity (Mahwah: Paulist, 1991); A. Pieris, Love Meets Wisdom: A Christian Experience of Buddhism (Maryknoll: Orbis, 1988); Seiichi Yagi et Leonard Swidler, A Bridge to Buddhist-Christian Dialogue (Mahwah: Paulist, 1990); Ichiro Okumura, "Bouddhisme et mystique chrétienne," Teresianum 42 (1991) p.475-510 se concentre sur un aspect de l'expérience bouddhiste qui fascine beaucoup d'Occidentaux. Le Journal of Dharma consacrera le volume 20 (#2)1995) à la rencontre du Bouddhisme avec les religions mondiales.
La philosophie et les normes morales découlant de l'enseignement de Confucius ont pénétré pratiquement tous les aspects de la société chinoise. Le contact entre les savants confucianistes et les intellectuels chrétiens a été récemment étudié par Peter K. Lee, Confucian-Christian Encounters in Historical and Contemporary Perspective (Lewiston: Edwin Mellen, 1992). On peut également consulter avec profit les écrits de Julia Ching, Confucianism and Christianity (New York: Kodansha, 1978) et Chinese Religion (Maryknoll: Orbis, 1993). Chinese Buddhism: Aspects of Interaction and Reinterpretation par W. Pachow (Lanham: University Press of America, 1993) passe en revue l'histoire de la philosophie bouddhiste en Chine.
Jacques Gernet, China and the Christian Impact (Cambridge University Press, 1985) examine les réactions des Chinois à l'égard du christianisme, du 16e siècle jusqu'à l'époque moderne. Alan Hunter et Don Rimmington (éd) ont rassemblé des études sur l'époque la plus récente, dans All Under Heaven: Chinese Tradition and Christian Life in the People's Republic of China (Kampen: Kok Pharos, 1992). Philip Wickeri, Seeking Common Ground: Protestant Christianity, the Three-Self Movement, and China's United Front (Maryknoll: Orbis, 1988) présente le drame des dernières années pour les differents groupes apparentés au protestantisme. Les oeuvres les plus récentes ont été étudiées par Paul P. Pang, "L'incontro del Cristianesimo con la Cultura Cinese. Una reflessione storica e metodologica," Euntes Docete 47 (1994) p.297-310. L'histoire complexe des relations entre la République du Peuple chinois et le Saint-Siège a été étudiée par Sister Beatrice Leung, Sino-Vatican Relation: Problems in Conflicting Authority, 1976-1986 (Cambridge University Press, 1992).
La situation unique de la culture japonaise a été étudiée par Winston Davis, Japanese Religion and Society: Paradigms of Structure and Change (Albany: State University of New York Press, 1992). L'expérience japonaise du christianisme est étudiée par: C.R. Boxer, The Christian Century in Japan 1549-1650 (Cambridge University Press, 1951); Neil S. Fujita, Japan's Encounter with Christianity. The Catholic Mission in Pre-Modern Japan (Mahwah: Paulist, 1991); David Reid, New Wine: The Cultural Shaping of Japanese Christianities (Berkeley: Asian Humanities Press, 1991); Kosuke Koyama, Mount Fuji and Mount Sinai: A Critique of Idols (Maryknoll: Orbis, 1984); Notto R. Thiele, Buddhism and Christianity in Japan: From Conflict to Dialogue (Honolulu: University of Hawaii Press, 1987).
4. Les religions africaines et le dialogue
Une vue d'ensemble des "Religions Africaines", avec des bibliographies, dans l'Encyclopedia of Religion (volume 1) introduit à quelques aspects de ce riche domaine, y incluant des "mouvements modernes". Le "History of Study" de Vinigi Grottanelli esquisse l'évolution de l'érudition des Européens. Quoique quelques-uns aient fait croître l'estime pour certaines idées philosophiques des Bantus et autres, il n'y a pratiquement pas eu de dialogue, jusqu'à ces dernières décennies. Voir les oeuvres de Benezet Bujo, African Theology in its Social Context (Maryknoll: Orbis, 1992); Rosino Gibellin (éd), Paths of African Theology (Maryknoll: Orbis, 1994); Emmanuel Martey, African Theology: Inculturation and Liberation (Maryknoll: Orbis, 1993); John S. Mbiti, African Religions and Philosophy (London: Heinemann, 1969), Concepts of God in Africa (London: SPCK 1970) et Introduction to African Religion (Portsmouth, N.H: Heinemann, 1992); Geoffrey Parrinder, African Traditional Religion (Westport: Greenwood, 1976) et John V.Taylor, The Primal Vision: Christian Presence amid African Religion (London: SCM Press, 1963).
Le passé a été raconté par Elizabeth Isichei, A History of Christianity in Africa (Grand Rapids: Eerdmans, 1994); Adrian Hastings, A History of African Christianity 1950-1975 (Cambridge University Press, 1979) et Ype Schaaf, On Their Way Rejoicing: The History and Role of the Bible in Africa (Carlisle: Paternoster, 1994). Des compte-rendus de conférences et de seminaires sur des sujets très divers ont été rassemblés dans Edward Fashole-Luke et al. (éd), Christianity in Independent Africa (Bloomington: Indiana University Press, 1978). Trois articles sur l'Afrique sont inclus dans William A. Dyrness (éd), Emerging Voices in Global Christian Theology (Grand Rapids: Zondervan, 1994). Dans African Culture and the Christian Church (Maryknoll: Orbis, 1974), Aylward Shorter présente une "Introduction to Social and Pastoral Anthropology," ce qui est important pour le développement d'une sensibilité aux valeurs propres des communautés rencontrées par les chrétiens.
IV. Juifs en dialogue avec les religions mondiales
Des savants israéliens, des représentants des communautés juives en Europe et en Amérique du Nord, de même que d'autres érudits ont apporté leur contribution, dans leurs propres pays et sur la scène internationale. Martin Buber (1878-1965) a laissé son empreinte en ce domaine, de manières diverses, qui ont été décrites en détails par Maurice Friedman, Martin Buber's Life and Work (New York: E.P.Dutton, 1981 et1983).
L'oeuvre d'un pionnier des Etats-Unis a fait l'objet de plusieurs articles édités par Harold Kasimov et Byron L. Sherwin, No Religion is an Island: Abraham Joshua Heschel and Inter-religious Dialogue (Maryknoll: Orbis, 1991). Le troisième numéro de SIDIC, en 1994, fournit d'autres réflexions sur l'importance de la vision et de l'oeuvre de Heschel.
L'importance cruciale et les difficultés pratiques du dialogue avec l'Islam ne peuvent pas être exagérées. Quelquefois la communauté chrétienne sert de catalyseur pour la rencontre entre juifs et musulmans, voir SIDIC 26 (2-1993). Une étude sur des sujets de commun intérêt est une bonne base pour commencer, comme cela est raconté dans "Judaism-Christianty-Islam: facing modernity together," Journal of Ecumenical Studies (30 (1993)p.417-441. Parmi les études en forme de livres: Isma'il R.al Faruqi, Trialogue of the Abrahamic Faiths (International Institute of Islamic Thought, 1982, second edition); Nigel Biggar et al.; Cities of Gods: Faith, Politics and Pluralism in Judaism, Christianity and Islam (Westport: Greenwood, 1986) et Gary Bretton-Granatoor et Andrea Weiss, Shalom/Salaam: A Resource for Jewish-Muslim Dialogue (New York: UAHC Press, 1993).
La présence juive en Inde depuis des temps anciens a fasciné de nombreux savants. Nathan Katz et Ellen S. Goldberg, The Last Jews of Cochin: Jewish Identity in Hindu India (Columbia: University S. Carolina Press, 1993) présentent une étude sur les B'nai Israel dans le Sud-Ouest de l'Inde. L'odyssée d'un individu est racontée par Roger Kamenetz, The Jew in the Lotus: A Poet's Rediscovery of Jewish Identity in Buddhist India (San Francisco: Harper 1994). Anthony Fernando a examiné le "Jewish-Christian Buddhist dialogue" dans Journal of Ecumenical Studies 23 (1986)p.659-666.
L'histoire des juifs en Chine, à partir du Haut Moyen Âge est racontée par William C. White, Chinese Jews: A Compilation of Matters Relating to the Jews of K'ai-feng Fu (University of Toronto Press, 1966); Donald D. Leslie, The Survival of the Chinese Jews: The Jewish Community of Kaifeng (Leiden: E.J. Brill, 1972); Michael Pollak, Mandarians, Jews, and Missionaries: The Jewish Experience in the Chinese Empire (Philadelphia: Jewish Publication Society, 1980), avec deux recueils d'articles rassemblés par Hyman Kublin, Jews of Old China: Some Western Views (New York: Paragon Reprint, 1971); Studies of the Chinese Jews: Selections from Journals East and West (Paragon Reprint, 1971). Sidney Shapiro a traduit et édité Jews in Old China: Studies by Chinese Scholars (New York: Hippocrene Books, 1984).
Depuis les années 1980, un groupe de professionnels a cultivé l'intérêt pour les relations avec la République du Peuple de Chine, sous les auspices du Sino-Judaic Institute, 232 Lexington Drive, Menlo Park, Ca. 94025. Les juifs d'Israël qui ont vécu en Chine ont une "Israel-China Friendship Society" au Ponve Center, 13 Grusenberg Street, Tel Aviv (P.O.Box 1601), Israël. Ils publient le "Israel-China Voice of Friendship" et un bulletin. Une histoire des relations Israël-Chine a été écrite par Yitzhak Shichor. Le Center of Israel and Jewish Studies, 1331 Fuxing Road (M) #32, Shanghai 200031, est dirigée par le Professeur Pan Guang. L'entrée récente en relations diplomatiques complètes d'Israël avec la République du Peuple Chinois va permettre à un tel travail de se développer. L'histoire du Japon et des juifs d'Europe de l'Est est étudiée par David Kranzler, Japanese, Nazis and Jews: The Jewish Refugee Community of Shanghai, 1938-1945 (Hoboken:Ktav, 1988), et elle est esquissée par Mary Swartz et Marvin Tokayer en "The Fugu Plan," The Jewish Directory and Almanac (ed. Ivan Tillem. New York: Pacific Press, 1984) p.245-249. La petite communauté juive du Japon a suscité autant d'admiration que de préjugés, comme Isaiah Ben-Dasan le montre dans The Japanese and the Jews (New York: Weatherhill, 1981), et aussi David Goodman et Masanori Miyazawa en Jews in the Japanese Mind: The History and Use of a Cultural Stereotype (New York: Free Press, 1995).
Conclusion
Cette brève étude éveille déjà l'attention du lecteur sur le progrès ainsi que sur les défis du dialogue interreligieux de ces dernières années. Evidemment, les savants doivent se spécialiser dans l'un ou l'autre domaine, et ceux qui sont actifs dans le dialogue se rendront compte de l'immensité et de la complexité des questions auxquelles ils doivent répondre. Comme le Pape Paul VI l'avait noté, la clé du vrai dialogue c'est d'"avoir des égards et de la considération pour les autres, de la compréhension et de la bonté" (Ecclesiam Suam #79). Les objectifs d'un tel dialogue incluent l'acceptation de passer de l'isolement et de la méfiance mutuelle au respect et à l'estime, d'affronter résolument les grandes vérités qui sont fondamentales à la vie humaine, et de coopérer à des activités pour faire grandir l'harmonie et la paix.10
* Lawrence E.Frizzell est prêtre de l'archidiocèse d'Edmonton, Canada. Il est docteur en philosophie, directeur de l'Institut des Etudes judéo-chrétiennes à Seton Hall University, New Jersey et membre du comité consultatif de la revue SIDIC.
1. Voir Gilles Kepel, La Revanche de Dieu. Chrétiens, Juifs et Musulmans à la reconquête du monde. Seuil, 1991.
2. Voir J. M. Oesterreicher, The New Encounter between Christians and Jews (New York: Philosophical Library, 1986); Commentary on the Documents of Vatican II (éd. Herbert Vorgrimler. New York: Herder and Herder 1989) Volume III p.1-136, avec des excursus sur l'hindouisme, le bouddhisme et l'islam (p.137-154). Une conférence théologique internationale à l'Université de Notre Dame, Indiana (mars 20-26, 1966) était l'occasion pour discuter les 16 documents du concile. Le compte-rendu a été édité par John H. Miller sous le titre Vatican II: An Interfaith Appraisal (University of Notre Dame Press, 1966) même si le seul contribuant non chrétien était Rabbi Marc H. Tanenbaum, qui répondait aux réflexions de Thomas F. Stransky sur la déclaration Nostra Aetate.
3. "Ecumenical movement," The Oxford Dictionary of the Christian Church (éd. F.L. Cross et E.A. Livingston. Oxford University Press, 1974) p. 443.
4. J'ai traité ces sujets brièvement dans "A Catholic theological reflection on mission," Journal of Dharma 6 (#2)1981) p.141-150. Voir Martin Marty et Frederick Greenspahn (éd), Pushing the Faith: Proselytism and Civility in a Pluralistic World (New York: Crossroad, 1988).
5. Voir Paul Loffler, "Proselytism," DEM p.829-830; John C. Murray (éd) Religious Liberty: An End and a Beginning (New York: Macmillan, 1966); Leonard J. Swidler (éd), Religious Liberty and Human Rights in Nations and Religions (Philadelphia: Ecumenical Press, 1986). Une perspective juive sur quelques-uns de ces thèmes se trouve dans Helga Croner and Leon Klenicki (éd) Issues in the Jewish-Christian Dialogue: Jewish Perspectives on Covenant, Mission and Witness (Ramsey: Paulist, 1979).
6. A propos des premiers siècles voir Wendy E. Helleman (éd), Hellenization Revisited: Shaping a Christian Response within the Greco-Roman World (Lanham: University Press of America, 1994), où je traite le thème "Spoils from Egypt" (Le butin d'Egypte) comme étant la façon dont Origène justifie le processus des chrétiens empruntant des "disciples du monde".
7. Voir Richard H. Seager (éd) The Dawn of Religious Pluralism: Voices from the World's Parliament of Religions, 1893 (La Salle: Open Court, 1993). Hans Küng et Karl-Josef Kuschel (éd), A Global Ethic: The Declaration of the Parliament of the World's Religions (New York: Continuum, 1993). See also Hans Küng and Karl-Josef Kuschel (éd) Weltfrieden durch Religionsfrieden (Munich: Piper, 1993).
8. Dans l'original anglais (voir SIDIC 2/1995 - English Edition) une trentaine de livres sont ici cités. Nous préférons remplacer cette liste par une bibliographie annexe, avec des livres de langues française et autres.
9. Voir Stuart Brown, "Muslim-Christian dialogue," D.E.M. p.705-706 pour une période de l'histoire récente. Des vues d'ensemble sont offertes par Byron Haines et Frank Colley (éd), Christians and Muslims Together: An Exploration by Presbyterians (Philadelphia: Geneva Press,1987) et Charles Kimball, Striving Together: A Way Forward in Christian-Muslim Relations (Maryknoll: Orbis, 1991). Voir aussi Robert Caspar, Pour un regard Chrétien sur l'Islam (Paris: Centurion, 1990); Simon Jargy, Islam et Chrétienté: Les fils d'Abraham entre la confrontation et le dialogue (Geneva: Labor et Fides, 1981); John Renard, In the Footsteps of Muhammad: Understanding the Islamic Experience (Mahwah: Paulist, 1992); Henri Sanson, Dialogue Interieur avec l'Islam (Paris: Centurion, 1990); Richard W. Rousseau (éd), Christianity and Islam: The Struggling Dialogue (University of Scranton, 1985); Hans Zirker, Christentum und Islam: Theologische Verwandtschaft und Konkurrenz (Dusseldorf: Patmos, 1989).
10. Voir "Le dialogue avec les non-croyants." Document publié par le Secrétariat pour les non-croyants établi par le Saint Siège en 1968. Le texte complet est dans La Documentation Catholique n° 1525 - 6 octobre 1968 - p.1665-1675.
Bibliographie supplémentaire
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Martin Buber. Deux types de foi. Foi juive et foi chrétienne. Cerf, Coll. Patrimoine du Judaïsme, 1991.
Ed. du Centre Orthodoxe du Patriarchat oecuménique. Les dialogues oecuméniques hier et aujourd'hui. Etudes théologiques 5. Chambéry, Genève 1985.
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