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SIDIC Periodical XXVI - 1993/2
Juifs, chrétiens et musulmans (Pages 01)

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Juifs, chrétiens et musulmans se réclament tous d'un même "Père": Abraham; ils sont en quelque sorte membres d'une même famille. Ils partagent une même foi, une même vision du monde et du rôle que l'humanité est appelée à y jouer. On s'attendrait donc à ce qu'ils entretiennent de bonnes relations, mais dans la plupart des régions du monde où des communautés juives, chrétiennes et musulmanes vivent actuellement côte à côte, les relations sont plutôt difficiles, cela du fait de l'ignorance ou d'une méfiance qui va parfois jusqu'à l'hostilité ou la violence. En cela se manifeste bien la face obscure de notre humanité.
La vocation d'Abraham, qui est aussi celle de tout juif, chrétien ou musulman, consiste à connaître et proclamer l'unicité de Dieu en un monde où règnent les adorateurs d'idoles. C'est ainsi que se réalisera la promesse de bénédiction faite au Patriarche en Genèse 12,3. Les relations mutuelles entre les trois religions abrahamiques devraient refléter leur foi commune en un Dieu unique, créateur, soutenant la vie de toutes ses créatures. De par leur vocation, elles devraient tendre à manifester leur parenté, et contribuer ainsi à l'unification de l'humanité. Il s'agit là d'un appel urgent de nos jours, de la seule voie de salut pour notre terre... Les enfants d'Abraham sauront-ils améliorer leurs relations mutuelles et répondre à une aussi belle vocation?
Il s'agit en fait d'une tâche immense, semée d'embûches, mais dans laquelle certains se sont déjà engagés. Nous citons dans cette revue quelques expériences réalisées, quelques exemples qui sont autant d'efforts concrets pour se rencontrer. Si les progrès paraissent lents, ils sont néanmoins réels. Les pre mières initiatives sont nées en Europe d'un projet de réconciliation entre des juifs et des chrétiens allemands, à la suite de la seconde Guerre mondiale. Elles ont été inspirées par la présence importante de musulmans (travailleurs turcs en Allemagne, communautés diverses installées en France et en Angleterre), mais aussi par le désir d'établir des relations qui soient différentes de celles existant au Moyen-Orient. En tant que SIDIC, nous ne pouvons que soutenir, encourager de telles initiatives, y voyant pour le monde une source de bénédiction.
De par son contenu, ce numéro de la revue reflète la situation actuelle du dialogue. Vous n'y trouverez pas d'article de fond développant l'aspect rationnel, les principes de ce dialogue. Il est encore difficile de le faire sans rester trop théorique. Vous y trouverez par contre quelques réflexions sur ce qui est à la base de ces rencontres, sur la manière dont St François a su dépasser les vues limitées de son temps en allant à la rencontre du Sultan; vous y trouverez surtout des compte rendus d'expériences de "trialogue" faites en diverses parties du monde. Peut-être cela suffira-t-il à éveiller l'intérêt, et le désir de s'engager dans cette voie du dialogue interreligieux.
Lors du dernier colloque de l'ICCJ à Haïfa, en juin dernier (cf. p. 24), le Président, Professeur Martin Stdhr, affirmait: « ... Nous savons qu'Abraham est notre père commun; mais nous savons aussi que les conflits, les expériences de violence et d'injustice, nous séparent souvent. Abraham, en tant que mo dèle et que prophète, a quelque problème avec nous. Et voici sa question: "Nos traditions religieuses tendent-elles à intensifier les conflits ou contribuent-elles au contraire à établir des ponts?" Le livre saint de l'Islam présente Abraham comme "indulgent et plein de compassion" (Coran, soura 11,75). Seronsnous des "Abraham" nous aussi?

 

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