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Présentation
Les editeurs
Le livre de Jonas n'est pas un livre comme les autres dans la Bible. Classé parmi les « petits » Prophètes, ou les « derniers » selon la Bible hébraïque, il ne contient ni oracles prophétiques, ni visions: il n'est qu'un récit, celui de la vie d'un "envoyé" qui, s'il est un prophète, ne prononce à peu près pas de paroles prophétiques, si ce n'est une phrase ou deux. Et ce récit est si extraordinaire que chacun de nous garde dans sa mémoire, depuis l'enfance, l'image d'un Jonas englouti par le monstre marin ou tristement assis à côté de son ricin desséché... et combien d'autres images encore qui ont inspiré tant de peintres et de sculpteurs depuis le temps de ces émouvantes fresques retrouvées sur les murs des catacombes! Oui, ce livre est riche en merveilleux. On le considère parfois comme une véritable fable mais, sous forme d'un humour très fin, il nous donne une leçon de psychologie humaine très réaliste: Dieu se joue de nos catégories! et sous le style de l'exagération, avec ses images et ses hyperboles, il veut nous faire saisir une réalité inouïe: Dieu est si grand que tout dépend de lui, si grand qu'il transcende infiniment las pensées des humains, tout religieux qu'ils soient... et en même temps il aime ses créatures, toutes ses créatures, même les animaux! Il prend plaisir à faire grâce. Aussi n'est-il pas étonnant qu'on lise Jonas à la synagogue le jour de Kippour (ou d'u Grand Pardon) et que, chez les chrétiens, le temps du Carême soit choisi traditionnellement pour la lecture de ce livre, surtout le 3e chapitre.
Témoin de la miséricorde de Dieu pour Israël et pour les Nations, Jonas a également été pour les Evangélistes et pour de nombreux Pères de l'Eglise une figure de Jésus: Si ces derniers ont vu, certes, dans les trois jours passés par Jonas dans le monstre marin comme une préfiguration des trois jours du Fils de l'homme dans le «sein» de la terre, peut-être, comme le suggère Dom Benoît Standaert, ont-ils été frappés surtout par le fait que Jésus, comme le prophète, a été moins un messager qu'un témoin, celui dont la vie même est le message.
Chacun de nous, en lisant les articles de cette revue, ceux de J. Magonet et de B. Standaert surtout, découvrira peut-être que les Ninivites ne sont pas seuls appelés à la conversion du coeur (Et Dieu sait combien nombreux sont les Ninivites d'aujourd'hui!), mais que Jonas aussi doit convertir et élargir son coeur, et qu'il y a en chacun de nous un Jonas, en dialogue ou en lutte avec Dieu, qui a besoin d'être touché, retourné par la découverte bouleversante de ce Dieu « miséricordieux, clément et riche en compassion ».