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SIDIC Periodical VI - 1973/1
Liturgie juive, liturgie chrétienne (Pages 41 - 46)

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L'expérience religieuse d'Abraham Joshua Heschel
Victor M. Perez Valera S. J.

 

Abraham Joshua Heschel naquit à Varsovie en 1907, mais son berceau spirituel fut Mezbizh, un petit village de Podolie en Ukraine. Son imagination d'enfant ne le transportait pas dans la lune mais à Mezbizh. Là Israël Ben Eliezer (Baal Shem Tov), le fondateur du mouvement hassidique, avait vécu ses dernières années. Là fut enterré, à côté du Shem Tov, « Apter Rev », son grand'père, le dernier grand « rebe » de Mezbizh. Dès sa plus tendre enfance, Heschel entendit décrire par son père toutes les merveilles de Mezbizh. Il était resté fasciné par les légendes, par les rites et les traditions du plus pur hassidisme; pour lui, ce village lointain était un souvenir de gloire, un vieux nid d'aigles demeuré vide.

A neuf ans, Heschel connut Reb Menahem Mendi de Kotzk, « Le Kotzker », par l'entremise de deux de ses plus fidèles disciples. C'est ainsi que le chef austère et rigide du hassidisme frappa d'un éclair foudroyant la route de Heschel enfant. C'était une spiritualité très différente de celle du Baal Shem Tov. Plus tard, il reviendra à Heschel de faire la synthèse entre la lumière du Baal Shem Tov et l'éclat du « Kotzker »: « Son coeur était à Mezbizh, sa tête à Kotzk » (1).

Mais on ne peut pas toujours cultiver la vie en serre chaude. La culture occidentale présentait un risque et un défi qu'il fallait affronter. Ainsi Heschel, à vingt ans, quitte la Pologne pour s'inscrire à l'université de Berlin. A vingt six ans il obtient son doctorat avec une thèse brillante sur les prophètes. Martin Buber le choisit alors comme successeur à l'Organisation centrale juive pour l'éducation des adultes et à la Jiidische Lerhaus à Francfort (Francfort)-sur-le Main. A la fin de 1938 il est expulsé par les nazis et exilé en Pologne.

Après avoir enseigné à Varsovie durant huit mois il émigre en Angleterre. Très peu de temps après, en 1940, il accepte d'enseigner la philosophie et les sciences rabbiniques au « Hebrew Union College de Cincinnatti.

En 1945 il enseigne à New York comme professeur d'éthique et de mystique à la faculté du « Jewish Theological Seminary of America ». En 1965, il est « professeur invité » au « Union Theological Seminary » de New York. (2)

Durant ces dernières années son activité s'étend aussi au plan oecuménique, à celui des droits civils et à celui des problèmes de la jeunesse. L'importante audience que lui accorde Paul VI, le 13 septembre 1964, jour d'ouverture de la troisième session du Concile Vatican II, en témoigne, ainsi que ses conférences à la Maison Blanche sur les problèmes des jeunes, et ses méditations et écrits sur la guerre du Vietnam.

Heschel a écrit: «Quand la vie est une réponse, la mort est un retour à la maison. Précieuse aux yeux du Seigneur est la mort de ses saints ». (Ps. 116). C'est ce qui est arrivé un samedi, le 23 décembre 1972.

En glanant à travers ses livres et ses articles on découvre quelques traits plus personnels de son expérience religieuse.

Il est probable que c'est Heschel lui-même qui parle dans la bouche de l'enfant de sept ans qui raconte à la première personne une anecdote à la fin de son article, « The moral outrage of Vietnam ». L'enfant lit le passage de la Genèse qui raconte le sacrifice d'Isaac: ... « Mon coeur commença à battre de plus en plus vite; il fondait de pitié pour Isaac. Attention! Abraham a levé le couteau. Mon coeur se glaça de frayeur. Soudain, on entendit la voix de l'ange: 'Abraham, ne lève pas ta main sur le garçon, car maintenant, je sais que tu crains Dieu'. Alors j'éclatai en sanglots et pleurai à haute voix.

— Pourquoi pleures-tu?, demanda le Rabbin, tu sais qu'Isaac n'a pas été sacrifié.

Et je lui dis en pleurant toujours:

— C'est vrai, Rabbi, mais si l'ange était arrivé une minute trop tard?

Le Rabbin me réconforta et me calma en disant qu'un ange ne peut pas arriver trop tard.
Un ange ne peut pas arriver trop tard —commente Heschel à propos de la guerre du Vietnam — mais l'homme, fait de chair et de sang, lui, peut arriver trop tard ». (13)

A vingt ans, le jeune Heschel se trouve à Berlin, subissant le choc de son expérience vitale confrontée à la froide spéculation religieuse.

« ...J'arrivai à l'Université de Berlin avec une grande faim de philosophie. Je cherchais un système de pensée, la profondeur de l'esprit,le sens de l'existence. Des savants érudits et profonds donnaient des cours de logique, d'épistémologie, d'éthique et de métaphysique... Mais, malgré leur capacité et leur honnêteté intellectuelles, dont je fus le témoin privilégié, je devenais de plus en plus conscient de l'abîme qui séparait mon point de vue de ceux que l'on soutenait à l'Université... Pour eux la religion était un sentiment,... Dieu, une idée, un postulat de la raison. Ils lui reconnaissaient le statut d'une possibilité logique, mais supposer qu'il existât eût été un crime épistémologique »... (4)

Ce que le jeune Heschel cherchait, c'était précisément une conceptualisation vitale d'un fait vital, l'expérience religieuse.

« Je ne vins pas à l'Université parce que je ne connaissais pas l'idée de bonté, mais pour apprendre pourquoi l'idée de bonté était valable pour expliquer l'existence et le sens des valeurs. Je découvris, cependant, que les valeurs, douces au goût, devenaient amères à l'analyse... La spéculation et l'existence doivent-elles ne jamais se rejoindre, comme deux lignes parallèles? Ou peut-être cette impossibilité de rencontre est-elle le résultat de ce que notre spéculation souffre d'une espèce de parallaxe astronomique, d'un déplacement apparent de l'objet dû au changement réel du point d'observation? »

Ce fut sans doute cette constatation qui poussa Heschel, dès cette période, à élaborer une théologie expérientielle qui aiderait à unir entre elles la spéculation et l'expérience, la réflexion et la vie.

De cette époque aussi date la solution expérientiale qu'il propose pour réduire l'opposition entre la prière spontanée et la prière de commande.

« Durant ces quelques mois de Berlin, je passai par des moments de profonde amertume. Je me sentais très seul avec mes anxiétés et problèmes personnels. Seul, je marchais, les après-midis, à travers les magnifiques rues de Berlin.

J'admirais la solidité de son architecture, l'étonnante impulsion et la puissance d'une civilisation dynamique. Il y avait des concerts, des théâtres, des conférences de savants fameux sur les dernières théories ou inventions. Je me demandais si je devais aller à la nouvelle oeuvre de MaY Reinhardt. ou à une conférence sur la théorie de la relativité.

Tout à coup je me rendis compte que le soleil déclinait et qu'il se faisait tard. A cette heure on devait réciter le eShema' (la prière du soir). J'avais oublié Dieu. J'avais oublié le Sinaï. J'avais oublié que le coucher du soleil me concernait, que ma tâche était de 'restaurer le monde pour le royaume du Seigneur'.

Je commençais alors à prononcer les paroles de la prière du soir: 'Béni sois-tu, Seigneur notre Dieu, Roi de l'Univers, toi qui par tes paroles te manifestes sur le soir...' Le fameux poème de Goethe résonna à mes oreilles: 'Lleber allen Gipfelnis Ruh' ', mort ou vide. Pour le juif il y a un sens au delà du mystère. Nous devons dire: sur tous les sommets se trouve la parole de Dieu. Le sens de la vie est de faire sa volonté...'

Combien je suis reconnaissant à Dieu que l'adoration soit un devoir, une loi qui rappelle à mon esprit distrait que c'est l'heure de penser à Dieu, que c'est l'heure d'oublier mon moi, au moins pour un instant. Un tel bonheur appartient à l'ordre de la volonté divine.

Je ne sens pas toujours le goût de prier... En réalité il existe quelque chose de plus grand que mon désir de prier: c'est Dieu qui veut que je prie. Il y a quelque chose de plus grand que ma volonté de croire: c'est Dieu qui veut que je croie...

Cet après-midi, dans les rues de Berlin, je n'avais pas le goût de prier. Mon coeur était dans le noir, mon âme triste. A partir des paroles élevées de la prière, il m'a été difficile d'écarter les nuages obscurs de ma vie intime ». (6)

Heschel fut invité au Congrès de Théologie catholique tenu à Toronto en août 1967. Sa conférence sur le Dieu d'Israël et le renouveau chrétien se termine par la lecture de quelques pages de son journal où il raconte ses impressions religieuses à Jérusalem. Il publie plus tard la description complète de ces expériences et de ces réflexions dans son livre: « Israel, an echo of Eternity ».

Je transcris seulement ici quelques traits parmi les plus saillants: « J'ai découvert une nouvelle terre. Israël n'est plus le même qu'avant. J'ai une grande surprise dans l'âme... il y a une nouvelle splendeur, un nouvel émerveillement. Je ne suis pas entré dans la ville mû par le désir de mon coeur. Des fleuves de désir, de confiance, de rêve, de marche, jour et nuit, durant des années, des décades, des siècles, des millénaires, des fleuves de larmes, de promesses et d'espérances, partant du monde entier et des coins de toute la terre, nous conduisent jusqu'à la muraille. Mes ancêtres n'ont pu que rêver de toi. Tu étais plus loin que la lune pour mon peuple à Auschwitz, mais je puis toucher tes pierres. En suis-je digne? Comment pourrai-je payer pour ces moments?...

Jérusalem, je cherche toujours à voir la force interne qui découle de toi, qui enveloppe et transcende tout ennui et toute fatigue... C'est la ville où naquit l'espérance de Dieu, où vint au monde l'anticipation de la paix perdurable! Jérusalem attend le prologue, le nouveau commencement.

Comment vivrons-nous avec Jérusalem? Elle est une reine exigeante. Qu'attend-elle de nous qui vivons, presque épuisés, dans un temps de déclin spirituel? Quelle lumière illuminera Sion?
Quel est le mystère de Jérusalem? Une promesse: la paix et la présence de Dieu... Jérusalem est un rappel, une attente pressante de l'espérance mise en elle par Dieu ». (7)

Ces traits lumineux de l'expérience religieuse de Heschel sont seulement un indice de la richesse qui fait le fonds de toute son oeuvre. On pourrait dire qu'il s'agit à la fois d'une théologie expérientelle et d'une anthropologie expérientielle à partir d'une méthode théologique qui lui est propre.

Une méthode théologique

En effet, il est trop facile, affirme Heschel, de mettre l'éclipse de la religion dans le monde moderne sur le compte des mouvements subversifs et des philosophies athées. Il faut reconnaître de notre part que, par manque de créativité et de sensibilité, nous avons fréquemment rendu la religion ennuyeuse et inadaptée, ou du moins créé un divorce entre la religion et la vie (8).

La foi, répète Heschel à plusieurs reprises, prend ses racines dans une situation préthéologique: la situation totale de l'homme et son attitude devant la vie et le monde. L'élaboration théologique postérieure ne doit pas désincarner la foi, mais bien la vitaliser. C'est précisément le but de sa « Théologie profonde ».

« La théologie profonde cherche à rencontrer la personne au moment où tout son être est engagé. C'est au moment où elle est affectée complétement qu'une personne sent, pense et agit. Elle (la théologie profonde) s'inspire de ce qui arrive à l'homme dans les moments de confrontation avec l'ultime réalité. En de tels moments surgissent les intuitions décisives » (9). Or, il est très fréquent que la captation de ces intuitions ne puisse pas être exprimée adéquatement. Cette affirmation répétée sous diverses formes par Heschel dans ses oeuvres a suscité contre lui de nombreuses préventions. On ne manque pas de l'accuser de subjectivisme existentialiste, de le dénoncer comme ennemi de la raison ( 1 0 ).

En réalité, Heschel dépasse les deux écueils, le rationalisme et le fidéisme. Il est conscient du fait que sans rigueur intellectuelle la foi tend à être subjective et floue, et que sans spontanéité la doctrine se pétrifie et s'ankylose.

Heschel se meut à trois niveaux: empirique, phénoménologique et philosophique. Les deux premiers, c'est obvie, relèvent de l'ambiance d'une expérience religieuse (11).

Heschel exploite les données empiriques à partir de deux sources: — la littérature classique juive (Bible, Talmud, récits hassidiques) — la vie réelle, par des descriptions vécues et évocatrices des évènements et des expériences religieuses. Ceci aide le lecteur dans sa propre expérience.

La méthode phénoménologique peut se décrire brièvement comme une tentative de capter les choses (Zu den Sachen selbst!) et leur réalité dans toute sa pureté. Ceci se traduit en lecture et en description du monde de la vie (Lebenswelt) pour autant que ce monde se manifeste. La seule allusion explicite à cette méthode se trouve dans l'introduction de son livre « Les prophètes », mais je crois que l'on peut affirmer à juste titre, avec Rothschild, qu'elle imprègne toute son oeuvre.

Au delà de l'approximation phénoménologique se trouve le niveau philosophique qui cherche à exprimer en concepts clairs l'expérience captée aux niveaux antérieurs.

Sans jamais tomber dans la mièvrerie, les livres de Heschel dégagent une beauté brillante et persuasive. Arthur A. Cohen (12) appelle la théologie de Heschel « La rhéthorique de la foi ». Il note, cependant qu'il s'agit de la rhétorique dans son sens le plus classique, c'est-à-dire comme un art. Très loin donc, de la fausse rhétorique sophiste qui déguise la vérité, ou de la rhétorique à bon marché, pour la promotion et la propagande commerciales.

Dans un essai récent Heschel affirme que la théologie doit être une sorte de palimpseste que l'on doit souvent effacer et écrire de nouveau sous la poussée d'une réflexion disciplinée, greffée sur la prière (13).

Une anthropologie théologique existentielle

Heschel essaie d'offrir aux questions existentielles de l'homme moderne les réponses existentielles du judaïsme. L'intérêt de Dieu pour l'homme et l'aptitude de l'homme à dépasser ses propres intérêts pour répondre avec dévotion et amour à la demande divine sont les foyers de sa pensée théologique. « Le thème principal de la pensée biblique n'est, certes pas, la connaissance de Dieu par l'homme, mais bien plutôt la connaissance de l'homme par Dieu, le fait que l'homme soit objet de la connaissance et de l'attention divines. C'est pourquoi la grande énigme est: pourquoi Dieu, créateur du ciel et de la terre, doit-il se préoccuper de l'homme?... Dieu prend l'homme au sérieux. Il établit une relation directe avec l'homme, une alliance, dans laquelle non seulement l'homme s'engage mais également Dieu.

Maintenant Dieu a besoin de l'homme, parce qu'il l'a fait librement participant à son entreprise, « participant à l'oeuvre de la création... » La relation de l'homme avec Dieu n'est pas une confiance passive dans sa toute puissance, mais une collaboration active. « Les impies s'appuient sur leurs dieux... les justes sont l'appui de Dieu » (14).

Les innombrables et louangeuses recensions que les livres de Hescher ont méritées du côté catholique ou juif font souvent référence à cet aspect expérientiel.

Ainsi s'exprime par exemple Ernest Fraenkel: « Heschel consacre plusieurs chapitres à la tâche de nous introduire dans le monde sabbatique dont l'essence ne saurait être expliquée par la seule force du raisonnement. Il faut mobiliser toutes les ressources de l'intuition et de l'imagination pour y pénétrer. Pour vraiment savoir ce que c'est que le sabbat, il faut en posséder une expérience vécue » (15) « Le sabbat vient comme une caresse, balayant la peur, la tristesse et les sombres souvenirs. La nuit est déjà presque tombée lorsque commence la joie; une âme belle s'insinue dans nos corps mortels et s'y attarde! » (16).

A propos de « Man's Quest for God », Edward A. Synan écrit: « Si vraiment les paroles révèlent quelque chose de celui qui parle, non seulement Heschel parle de la prière, mais il est homme de prière » (17).

La prière

La brièveté de cet essai me force à !-racer seulement une esquisse de « Man's Quest for God », le précieux petit ouvrage de Heschel sur la prière et le symbolisme. Heschel parle, dès le début, de la nécessité ontologique de la prière. La dimension transcendante est la plus importante des dimensions humaines.

« Avoir des connaissances, la santé, des talents, ne constitue pas la dignité de l'homme... Notre respect pour l'homme jaillit de quelque chose qui est au delà de ce qu'il est lui-même, ou de ce qu'il peut atteindre par lui-même, quelque chose dont personne ne peut le priver. C'est son droit à la prière, sa capacité d'adoration, son cri susceptible d'atteindre Dieu... » (18)

La prière est la réponse à l'interpellation de Dieu, c'est le retour de notre être à l'Etre. C'est aussi notre réponse au mystère de l'être, jaillie du mystère de l'être, car par notre prière les créatures trouvent une voix pour louer leur Créateur et le remercier de leur existence. « La prière surgit du plus profond de la nature humaine elle-même, exprime la vraie réalité qu'est l'homme » (19). Dieu et l'homme sont les partenaires de l'action qu'est la prière, mais « ni les lèvres ni le cerveau ne sont les limites de la scène en ceux que la prière habite ». (20) Par la prière l'homme s'ouvre à une présence qu'il ne peut éluder, mais qu'il ne peut, à lui tout seul, introduire en lui-même. Le foyer de la prière ne doit pas être le moi, il ne s'agit pas d'une introspection, mais d'une ouverture à ce qui est Suprême.

Quant à l'alternative prière ou action, Heschel vise à un « contemplativus in actione ». La prière, affirme-t-il, n'est pas un substitut de l'action, mais sans la prière l'action serait un fruit pourri. Cette cohérence entre la prière et la vie est illustrée magistralement par Heschel qui cite le Zohar dans un long article sur les élément mystiques du Judaïsme. Les commandements de la Torah sont conçus comme une source vivante d'inspiration. « La Torah laisse échapper une parole, elle sort pour un moment de sa cachette pour se cacher de nouveau. Mais elle le fait seulement pour ceux qui la comprennent et lui obéissent. Elle est comme une belle et noble demoiselle, qui est cachée dans une chambre retirée du palais, et qui a un amant que personne ne connaît sinon elle seule. Poussé par son amour il passe constamment devant sa porte et jette ses regards partout pour la rencontrer. Sachant qu'il fait le tour du palais, que fait-elle elle-même? Elle ouvre une petite porte du palais secret et découvre pour un moment son visage à l'amant, puis suavement, le cache de nouveau. Personne ne capte cette révélation, sinon lui seul. Son coeur et son âme, tout son être, sont captivés par elle. Il sait qu'elle s'est révélée pour un moment parce qu'elle l'aime. Ainsi en est-il de la Torah, qui révèle ses secrets intimes à ceux qui l'aiment » (21).

Ces révélations fugitives sur l'amour à ceux qui aiment la Torah sont là pour maintenir toujours vivant en eux un amour toujours nouveau pour les hommes et pour Dieu.



(1) Heschel's Last Words, JerPostMag. 29-X-1972, p. 13.
(2) Pour les données bibliographiques, voir principalement: Heschel, dans l'Encyclopedia Judaica, vol. 8, Jérusalem 1971 et « Modem Theologians, Christians and Jews », Univ. of Notre Dame, 1967, pp. 169-182.
(3) Vietnam: Crisis of Conscience (ch. II) Herder & Herder, New York, 1967, pp. 51 et 52.
(4) Man's quest for God, by A. J. Heschel, Charles Scribner's Sons, New York, 1954, p. 94.
(5) Ibid., p. 95.
(6) Ibid., p. 96, 97.
(7) Israel: an Echo of Eternity, by A. J. Heschel, New York, 1967, pp. 5-8 et 52-33.
(8) God in Search of Man, by A. J. Heschel, New York, 1966, p. 3.
(9) The Insecurity of Freedom, by A. J. Heschel, The Noonday Press, New York, 1967, p. 119.
(10) Cfr. « Faith as the leap of action » by J. J. Petochowski, Commentary XXV (May, 1958) pp. 390-97.
(11) The Religious Thought of A. J. Heschel, by F. A. Rothschild, Conservative Judaism (23), 1968, p. 21.
(12) The Natural and the Supernatural Jew; by Arthur A. Cohen, Vallentine; Mitchell; London lç-è pp. 234-59.
(13) « On Prayer » by A. J. Heschel; Conservative Judaism Vol: XXV (1970 p é 2.
(14) El concepto del hombre. Ed. by Radha Krishnan and Raju, Fondo de Cultura Economica, México, 1966, pp. 150, 152.
(15) Table Ronde 123, Mars 1958, pp. 160-162.
(16) Ibid.
(17) « A. J. Heschel and Prayer » by E. A. Synan, The Bridge, Vo.1 I (1955) p. 263.
(18) Man's Quest for God, p. 18.
(19) Ibid. p. 78.
(20) Ibid. p. 13.
(21) The Jews, Their Religion and Culture, Vol. II, Ed. by Louis Finkelstein (4th Ed.) New York 1971, p. 166.

 

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