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1965 Concile Vatican Il: Déclaration sur l'attitude de l'Eglise à l'égard des religions non-chrétiennes, Nostra Aetate
Concile Vatican Il
Votée au cours de la dernière session du Concile oecuménique Vatican II par 2221 placet, 88 non placet, 2 placet juxta modum, 1 nul, la Déclaration fut promulguée par le Pape Paul VI, le 28 octobre 1965.
4. En scrutant le mystère de l'Eglise, le Concile se souvient du lien qui unit spirituellement le peuple du Nouveau Testament à la descendance d'Abraham.
En effet, l'Eglise du Christ reconnaît que les origines de sa foi et de son élection se trouvent, selon le dessein de salut de Dieu, chez les Patriarches, Moïse et les Prophètes. Elle affirme que tous les fidèles du Christ, fils d'Abraham selon la foi (cf. Ga 3, 7), sont inclus dans la vocation de ce Patriarche et que le salut de l'Eglise est mystérieusement préfiguré dans la sortie du peuple élu hors de la terre de servitude. L'Eglise ne peut oublier qu'elle a reçu la révélation de l'Ancien Testament par ce peuple avec lequel Dieu, dans son ineffable miséricorde, a daigné conclure l'antique Alliance, et qu'elle se nourrit de la racine de l'olivier franc sur lequel ont été greffés les rameaux de l'olivier sauvage que sont les gentils. (Cf. Rm 11, 17 s.) L'Eglise croit, en effet, que le Christ, notre Paix, a réconcilié les juifs et les gentils par sa croix et en Lui-même des deux a fait un seul. (Cf. Ep 2, 14s.)
L'Eglise a toujours également devant les yeux les paroles de l'apôtre Paul sur les siens « à qui appartiennent l'adoption filiale, la gloire, les alliances, la loi, le culte, les promesses, les patriarches, et de qui est né, selon la chair, le Christ » (Rm 9, 4-5), fils de la Vierge Marie. Elle se rappelle aussi que du peuple juif sont nés les apôtres, fondements et colonnes de l'Eglise, ainsi que le plus grand nombre des premiers disciples qui annoncèrent au monde l'Evangile du Christ.
Au témoignage de la Sainte Ecriture, Jérusalem n'a pas reconnu le temps où elle fut visitée (cf. Lc 19, 44), et les juifs en grande partie, n'ont pas accepté l'Evangile; nombreux même furent ceux qui s'opposèrent à sa diffusion. (Cf. Rm 11, 28.) Néanmoins, selon saint Paul, les juifs restent encore, à cause de leurs pères, très chers à Dieu dont les dons et l'appel sont sans repentance. (Cf. Rm 11, 28-29.) Avec les prophètes et ce même apôtre, l'Eglise attend le jour, connu de Dieu seul, où tous les peuples invoqueront le Seigneur d'une seule voix, et « le serviront d'un même coeur » (So 3, 9). (Cf. Is 66, 23; Ps 65, 4; Rm 11, 1 ls.)
En conséquence, puisque le patrimoine spirituel commun aux chrétiens et aux juifs est si grand, le Concile veut encourager et recommander entre eux la connaissance et l'estime mutuelles, qui naîtront surtout d'études bibliques et théologiques ainsi que de dialogues fraternels.
Bien que les chefs des juifs, avec leurs partisans, aient poussé à la mort du Christ (cf. Jn 19, 6), cependant ce qui a été commis durant sa Passion ne peut être imputé ni indistinctement à tous les juifs vivant alors, ni aux juifs de notre temps.
S'il est vrai que l'Eglise est le nouveau Peuple de Dieu, les juifs ne doivent pas, pour autant, être présentés comme réprouvés par Dieu ni maudits, comme si cela découlait de la Sainte Ecriture. Que tous aient donc soin, dans la catéchèse et la prédication de la Parole de Dieu, de ne rien enseigner qui ne soit conforme à la vérité de l'Evangile et à l'esprit du Christ.
En outre l'Eglise, qui réprouve toutes les persécutions contre qui que ce soit, se souvenant du patrimoine qu'elle a en commun avec les juifs, et poussée, non pas par des raisons politiques, mais par le motif religieux de la charité évangélique, déplore les haines, les persécutions et toutes les manifestations d'antisémitisme qui, quels que soient leur époque et leurs auteurs, ont été dirigées contre les juifs.
Par ailleurs, comme l'Eglise l'a toujours tenu et le tient toujours, c'est à cause des péchés de tous les hommes et volontairement que le Christ dans son immense amour s'est soumis à sa Passion et à sa mort pour que tous les hommes obtiennent le salut. Le devoir de l'Eglise dans sa prédication est donc d'annoncer la croix du Christ comme le signe de l'amour universel de Dieu et la source de toute grâce.
4. Mysterium Ecclesiae perscrutans, Sacra haec Synodus meminit vinculi, quo populus Novi Testamenti cum stirpe Abrahae spiritualiter coniunctus est.
Ecclesia enim Christi agnoscit fidei et electionis suae initia iam apud Patriarchas, Moysen et Prophetas, iuxta salutare Dei mysterium, inveniri. Confitetur omnes christifideles, Abrahae filios secundum f idem (cf. Gal. 3, 7), in eiusdem Pa triarchae vocatione includi et salutem Ecclesiae in populi electi exitu de terra servitutis mystice praesignari. Quare nequit Ecclesia oblivisci se per populum ilium, quocum Deus ex ineffabili misericordia sua Antiquum Foedus inire dignatus est, Revelationem Veteris Testamenti accepisse et nutriri radice bonae olivae, in quam inserti sunt rami oleastri Gentium. (Cf. Rom. 11, 17-24). Credit enim Ecclesia Christum, Pacem nostram, per crucem Iudaeos et Gentes reconciliasse et utraque in Semetipso fecisse unum. (Cf. Eph 2, 14-16).
Semper quoque prae oculis habet Ecclesia verba Apostoli Pauli de cognatis eius, « quorum adoptio est filiorum et gloria et testamentum et legislatio et obsequium et promissa, quorum patres et ex quibus est Christus secundum carnem » (Rom. 9, 4-5), Filius Mariae Virginis. Recordatur etiam ex populo iudaico natos esse Apostolos, Ecclesiae fundamenta et columnas, atque plurimos illos primos discipulos, qui Evangelium Christi mundo annuntiaverunt.
Teste Sacra Scriptura, Ierusalem tempus visitationis suae non cognovit (cf. Lc. 19, 44), atque Iudaei magna parte Evangelium non acceperunt, immo non pauci diffusioni eius se opposuerunt. (Cf. Rom. 11, 28.) Nihilominus, secundum Apostolum, Iudaei Deo, cuius dona et vocatio sine poenitentia sunt, adhuc carissimi manent propter patres. (Cf. Rom. 11, 28-29.) Una cum Prophetis eodemque Apostolo Ecclesia diem Deo soli notum expectat, quo populi omnes una voce Dominum invocabunt et « servient ei humero uno » (Soph. 3, 9). (Cf. Is. 66, 23; Ps. 65, 4; Rom. 11, 11-32.)
Cum igitur adeo magnum sit patrimonium spirituale Christianis et Iudaeis commune, Sacra haec Synodus mutuam utriusque cognitionem et aestimationem, quae praesertim studiis biblicis et theologicis atque fraternis colloquiis obtinetur, fovere vult et commendare.
Etsi auctoritates Iudaeorum cum suis asseclis mortem Christi urserunt (cf. Io. 19, 6), tamen ea quae in passione Eius perpetrata sunt nec omnibus indistincte Iudaeis tunc viventibus, nec Iudaeis hodiernis imputari possunt. Licet autem Ecclesia sit novus populus Dei, Iudaei tamen neque ut a Deo reprobati neque ut maledicti exhibeantur, quasi hoc ex Sacris Litteris sequatur. Ideo curent omnes ne in catechesi et in V erbi Dei praedicatione habenda quidquam doceant, quod cum veritate evangelica et spiritu Christi non congruat.
Praeterea, Ecclesia, quae omnes persecutiones in quosvis homines reprobat, memor communis cum Iudaeis patrimonii, nec rationibus politicis sed religiosa caritate evangelica impulsa, odia, persecutiones, antisemitismi manifestationes, quovis tempore et a quibusvis in Iudaeos habita deplorat.
Ceterum Christus, uti semper tenuit et tenet Ecclesia, propter peccata omnium hominum voluntarie passionem suam et mortem immensa caritate obiit, ut omnes salutem consequantur. Ecclesiae praedicantis ergo est annuntiare crucem Christi tamquam signum universalis Dei amoris et fontem omnis gratiae.