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Enseignement et éducation - Enracines dans une tradition
Mary Travers
Il y a quelques années, nous avons pu voir à la TV plusieurs éposides du livre bien connu: « Racines », et ce spectacle a fait une grande impression dans les pays de langue anglaise. L'auteur de ce récit, un Noir américain, fait l'arbre généalogique de sa famille et, suivant les ramifications des diverses branches, retrouve les racines, en Afrique au 18e siècle. Je travaillais, ces dernières années, dans une école fréquentée par des enfants de races diverses, dans le Sud de Londres. Ce spectacle eut des effets presque dramatiques sur les élèves indiens de l'Ouest, qui virent leurs horizons s'élargir tout à coup, par delà Brixton (2e génération) et les Caraïbes (milieu culturel de la Ire géné¬ration) jusqu'à l'Afrique, à l'autre bout du monde! Je découvris ce désir, cette soif que nous avons de savoir d'où nous venons, et je me dis que cela devrait caractériser surtout les chrétiens qui sont « enracinés et fondés dans l'amour », comme le dit Ephés. 3,17; enracinés donc en Jésus né du peuple juif et héritier d'une tradition religieuse vivante depuis déjà plus de 20 siècles.
La prière et l'Eucharistie, par lesquelles nous célébrons la Présence divine, sont au coeur de notre foi chrétienne. Si nous les coupons de leurs racines juives, nous ne pourrons ni les comprendre ni les vivre pleinement, et ce sera dommage pour nous et pour les autres. En tant qu'éducateurs, il nous faut mieux connaître nos racines afin d'aider les autres à faire la même découverte.
« Là où 2 ou 3... » Tout chrétien connaît bien ce verset de Matthieu (18,20), mais au cours de ces dernières années, avec l'extraordinaire développement des groupes de prière, (nés généralement en dehors des structures officielles de l'Eglise), ce verset a été très en vogue, plus peut-être qu'en toute autre période de l'histoire. Les chrétiens réalisent-ils cependant tout ce que représentait cette promesse aux yeux de Jésus lui-même? L'article de J. Sievers pourrait aider la réflexion ou la méditation de certains de ces groupes de prière dont l'existence même est fondée sur ce verset de Mt 18,20.
Comme le dit Sharon Burns: « Les psaumes juifs sont les prières les plus anciennes, les plus habituelles des chrétiens ». Bon nombre de ces derniers sont rebutés par les soi-disant « psaumes de malédiction » ou par le lan¬gage anthropomorphique qu'on y rencontre quand ils sont parmi les plus anciens; cela parce que ces chrétiens n'ont jamais eu l'occasion de situer ces psaumes dans la tradition où ils sont nés et de réaliser que Jésus lui-même les a repris pour prier le Père. L'article de Sh. Burns pourra aider ceux qui commencent à découvrir cet héritage com¬mun. Aux petits enfants, on peut apprendre quelques versets d'un psaume et leur dire que c'est « la prière que faisait aussi Jésus ». Les groupes de jeunes et d'adultes auront profit à étudier sérieusement les psaumes, en sa¬chant qu'ils sont la prière des juifs aussi bien que des chrétiens. J'ai eu moi-même la chance de donner un cours sur les Psaumes à un groupe oecuménique dans une région rurale où la population est en grande partie Méthodiste. Ce fut une expérience extraordinaire de constater avec quelle surprise, avec quelle joie, beaucoup d'entre eux dé¬couvraient ce riche trésor de prières (la liturgie traditionnelle méthodiste ne comporte, en effet, ni lecture ni chant des psaumes).
Pour l'Eucharistie surtout, les chrétiens ont intérêt à bien connaître la prière juive de bénédiction (la Berakha), prière de louange et d'action de grâce pour les dons reçus. L'intérêt porté actuellement au Repas pascal (Seder) per¬met de mieux saisir les racines juives du christianisme, mais cet intérêt ne doit pas se limiter à la dernière Cène (qu'on ne peut d'ailleurs affirmer avoir été un repas pascal), il doit inclure le désir de connaître les fêtes juives pour ce qu'elles sont. Au cours de sa vie, Jésus a sans doute célébré chaque année la Pâque; petit garçon, il a sans doute posé lui aussi les questions traditionnelles; mais ce n'est qu'une fois, à la fin de sa vie, qu'il a donné aux élé¬ments traditionnels du pain azyme et du vin un sens tout différent! Cette fête annuelle est célébrée de nos jours par les juifs du monde entier à peu près comme elle a été célébrés par Jésus, à part certains changements liés à la destruction du Temple en 70 apr. J.C. L'article de R. Pfisterer nous aide à mieux comprendre le souhait final de cette célébration: « L'an prochain à Jérusalem! »