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Présentation
Les éditeurs
Dieu et sa Présence... voilà un sujet bien vaste dont nous n'évoquerons ici que quelques aspects. Un trait caractéristique de la tradition judéo-chrétienne est certainement la croyance en un Dieu personnel, continuellement présent au monde qu'il a créé, engagé dans l'histoire, venant rompre la solitude de l'homme par sa révélation et solliciter une réponse, ce « me voici! » (Hineni) qui atteste dans les récits bibliques, la réponse et la disponibilité.
Cette Présence de Dieu à sa création, à chacune de ses créatures, ne sImpose pas, elle se propose. Elle est discrète, elle est source de joie pour qui la découvre. Elle est comme une parabole dont il nous faut déchiffrer les signes. Elle est accessible, mais seulement à celui qui sait écouter, qui se laisse rejoindre par plus grand que lui-même. Elle se révèle aux petits, aux poètes, à ceux quî savent accueillir la vie comme un don, se laisser surprendre, s'émerveiller.
Elle est cachée et évidente en même temps. Elle se découvre parfois ou se laisse soupçonner, mais chaque fois sous un aspect différent, et jamais la créature humaine ne pourra l'embrasser, la nommer vraiment par son nom. C'est ce que signifie sans doute la réponse mystérieuse à Moïse, en Ex 3,14, traduite parfois par « Je suis qui je suis »; ou la répugnance du juif à prononcer le Nom divin - il emploie habituellement, par respect, des circonlocutions comme « le Nom », « 4e Lieu », « Adona'i »... ou encore le terme si évocateur de Shekhina (« Habitation » ou « Demeure »). Le musulman, de son côté, médite le mystère insondable de cette Présence en égrenant sur son chapelet les 99 Noms divins. Les chrétiens, eux, découvrent la Présence de Dieu plus proche dans la personne de Jésus; ils la commémorent et l'actua1isent en célébrant l'Eucharistie.
Présence privilégiée, selon la tradition judéo-chrétienne, dans la communauté des croyants « réunis en son nom » pour la prière ou pour l'étude de l'Ecriture, comme l'indique l'article de J. Sievers; Présence reconnue, célébrée au cours de la liturgie (voir l'article de Sr S. Burns); Présence dans des lieux sacrés comme Jérusalem, la Ville sainte, dont nous parle R. Pfisterer; Présence enfin qui comblera les Justes dans le monde à venir, lorsque ceux qui se « sont couchés avec leurs pères » jouiront enfin de la splendeur de Dieu.
Celui qui sait accueillir la Présence divine et l'accueillir, qui se fait présent lui aussi et s'ouvre au Mystère, découvre en lui-même et dans les autres des espaces inconnus; son coeur s'en trouve élargi; il devient capable de « voir le nouveau qui naît » chaque jour et, comme le dit Martin Buber (tch und Du), de « tout inclure, le monde entier dans le Tu... ne rien saisir hors de Dieu, mais tout saisir en Lui ».