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Présentation
Les Editeurs
Le Catéchisme de l'Eglise catholique, dans son texte original, a été écrit en français et approuvé par le Pape Jean Paul II le 25 juin 1992; il a été traduit rapidement en italien et en espagnol. C'est tout récemment par contre seulement, et après une longue controverse, qu'a paru l'édition anglaise. Dans tous les pays, le nombre des exemplaires vendus a été étonnant, et ce livre est devenu un « best-seller ». Il s'agit d'une oeuvre gigantesque (667 pages dans l'édition française), qui répond au désir exprimé par les évêques, lors du Synode de 1985, que soit préparé « un catéchisme et compendium de toute la doctrine catholique en ce qui regarde aussi bien la foi que la morale... ». Résultat d'un travail intense de plus de cinq années, le but de ce Catéchisme n'est pas d'être « l'unique catéchisme », mais d'être pour l'Eglise catholique « la base et le point de référence pour la préparation des catéchismes locaux (cf. DC n° 2055, p. 737), et de là vient son importance.
Notre but ici n'est pas de décrire le contenu de ce document ou de discuter de son autorité en tant qu'instrument de transmission des vérités essentielles de la foi catholique. Comme Centre SIDIC, c'est du point de vue du dialogue de l'Eglise avec le peuple juif que nous voulons considérer ce texte et nous demander, en écoutant parler des juifs et des chrétiens aux points de vue assez divers, dans quelle mesure celui-ci « sert » le nouveau regard voulu par le Concile Vatican II sur le peuple juif. Car c'est un fait: les trente dernières années ont marqué un tournant décisif en ce qui concerne l'attitude de l'Eglise envers le judaïsme, et cela l'a amenée à revoir notablement sa manière d'enseigner et de prêcher, à tous les niveaux. Le judaïsme touche de si près à l'identité de l'Eglise que la qualité de la relation de celle-ci au peuple juif a des répercussions dans à peu tous les domaines de sa vie: liturgie, morale, catéchèse, théologie, interprétation des Ecritures, Droit canon. En ce sens, on doit pouvoir découvrir dans ce manuel l'influence de la nouvelle vision de l'Eglise depuis Vatican II, une vision qui n'a fait que s'approfondir au cours de ces dernières années.
L'article d'Eugene Fisher montre comment le Catéchisme reflète bien le status quaestionis de l'enseignement catholique sur le judaïsme, avec ses acquis positifs et les points moins clairs sur lesquels la théologie catholique est encore en recherche. Rabbi Leon Klenicki nous offre, lui, une lecture juive du document (admirable par son honnêteté et son respect du christianisme), examinant dans quelle mesure celui-ci peut contrecarrer le traditionnel « enseignement du mépris » et favoriser le dialogue. Les précieuses remarques du Pasteur Daniele Garrone ajoutent une dimension oecuménique à notre réflexion. D'autres extraits d'articles donnent une idée des innombrables réactions, juives et chrétiennes, qu'a sucitées la parution du texte.
En tant qu'enseignement de la plus haute autorité de l'Eglise catholique, il importe que le Catéchisme soit « reçu » par les fidéles de notre temps, une réception qui n'est pas évidente car ce texte embrasse un longue tradition d'environ deux mille ans; il est souvent marqué par des situations historiques et des conceptions culturelles différentes des nôtres. Il est clair que les Eglises locales auront besoin d'autres manuels, adaptés à leur situation culturelle propre, et pour l'élaboration desquels ce Nouveau Catéchisme servira de référence. Nous espérons que les réflexions présentées ici apporteront quelque lumière et aideront ceux et celles qui sont engagés dans la catéchèse au niveau local ou qui préparent de nouveaux manuels; cela afin que l'enseignement catéchétique contribue toujours davantage à ce que le Cardinal Ratzinger a appelé (lors de la Rencontre de Jérusalem, le 2.2.1994) « la tâche fondamentale » des juifs et des chrétiens: « s'accepter mutuellement dans une réconciliation intime et profonde, non pas en rejetant ou en niant même certains aspects de leur foi, mais à partir de la profondeur de leur foi elle-même ».