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SIDIC Periodical XXX - 1997/1
Le Séder pascal (Pages 07 - 11)

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La cène 'pascale' de Jésus
Giuseppe Ghiberti

 

Le dernier acte communautaire accompli par Jésus avant son arrestation à Gethsémani fut un repas du soir (une "cène") particulièrement solennel. Quelques uns en parlent comme d'une "cène" d'adieu", d'autres comme d'une "cène pascale", mais on se demande s'il ne serait pas juste de tenir ensemble les deux aspects et d'affirmer que la cène pascale, au moment de cette dernière rencontre, prit le caractère d'une cène d'adieu, ou bien que Jésus, pour cet adieu, voulut exprès utiliser une cène pascale. Il me semble que les témoignages un peu problématiques des Evangiles nous permettent d'arriver à cette conclusion.

La "Pâque" dans le Nouveau Testament
Le récit de la passion de Jésus a pour arrière plan, chez tous les Evangélistes [2] , celui de la célébration de la Pâque que ce soit pour expliquer la manière dont les grands prêtres et les scribes cherchaient à arrêter Jésus (Mc 14,1 et Lc 22,1: "C'était la Pâque... et les grands prêtres et les scribes cherchaient le moyen d'arrêter Jésus par ruse pour le mettre à mort"), ou pour suggérer les motifs de ce qui allait lui arriver (Mt 26,1 et particulièrement Jn 13,1: "Avant la fête de la Pâque, Jésus, sachant que son heure était venue de passer de ce monde au Père, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu'au bout"). La fête de la Pâque constitue sans aucun doute, par rapport à l'événement final de la vie de Jésus, le critère herméneutique le plus important. Cette vie ne pourrait se comprendre, et encore moins la passion, sans la Pâque dont celles-ci sont des éléments essentiels [3] .
L'usage que fait le Nouveau Testament du terme de "Pâque" en est une première démonstration. Ce terme, présent seulement dans le récit de la passion chez Matthieu et Marc, trouve une petite anticipation en Luc (2,41) en relation avec le pèlerinage à Jérusalem de Jésus, à l'âge de douze ans; chez Jean, par contre, il est un des moyens utilisés pour scander le temps. Les deux mentions faites au chap. 2 (Jn 2,13 et 23) font probablement référence à la même fête; 6,4 fait penser à l'année suivante, avec la multiplication des pains et le discours qui suit; de 11,55 à 19,14, il est toujours question de la même Pâque, celle qui vit se conclure la vie terrestre de Jésus. Dans le quatrième Evangile, on trouve deux fois l'expression "la Pâque des juifs" (2,13 et 11,55), mais il ne me semble par que celle ci s'explique par l'intention de l'opposer à la Pâque de Jésus - et encore moins - à celle des chrétiens: elle est une simple référence aux usages propres à la fête de la Pâque (en particulier au pèlerinage à Jérusalem) que Jésus observe comme l'ensemble de ses corréligionaires.
En Actes 12,4, il est encore fait référence aux festivités pascales traditionnelles, tout comme He 11,28 est un rappel de l'institution mosaïque de la Pâque, fruit de la foi de Moïse. Ce n'est qu'en 1 Co 5,7 que le terme est appliqué au Christ, "notre pâque" qui a été immolé. Mais il n'y a par-là non plus d'opposition entre "notre" pâque et une autre, seulement l'affirmation que le Christ a une relation unique avec la Pâque, dont il réalise au plus haut degré l'économie de salut [4] .
Dans ce climat de continuité organique, il est compréhensible que le moment suprême de la réalisation de la mission de Jésus soit décrit comme un moment pascal. Mais tout cela ne nous permet pas encore d'arriver à des conclusions précises en ce qui concerne la dernière cène [5] .

Donnés complémentaires dans les récits évangéliques [6]
Le repas qui représente le point culminant de l'expérience familière de Jésus avec ses disciples est programmé, selon le témoignage des Synoptiques, comme une cène pascale: "Où veux-tu que nous te préparions de quoi manger la Pâque?" (Mt 26, 17ss., parall. à Mc 14,12.14.16 et Lc 22,8.13.15) [7] . Aussi lorsque, dans son acte proprement "eucharistique", Jésus appellera le vin "mon sang, le sang de l'alliance" (Mt 26,28, parall. à Mc 14,24; un peu différent en Lc 22,20 et 1 Co 11,28), la pensée se portera certes vers le moment où fut établie l'alliance sinaïtique (Ex 24,8: "Ceci est le sang de l'alliance..."), mais elle se réfèrera également au sang de l'agneau pascal qui préserva les enfants d'Israël de l'extermination et qui devait devenir "le sacrifice de la Pâque du Seigneur" (Ex 12,22-27).
Dans un tel cadre, la bénédiction ou l'action de grâce à l'occasion de laquelle Jésus prononce les paroles du corps et du sang, soit le "mémorial" qu'il demande aux personnes présentes de faire en répétant l'acte qu'il a accompli (Mt 26,26ss, et parall.; Lc 22,19 parall. à 1Co 11,24) acquièrent une valeur pascale. La bénédiction, qui inclut l'action de grâce, a certainement une gamme très large de sens, mais elle se réfère en particulier à la prière que prononce la personne la plus honorable sur le pain azyme, puis sur le vin lors de la cène pascale. Le précepte de "faire (cela) en mémoire" récupère toute la conception de la Pâque en tant que "mémorial" de l'Exode, du grand événement par lequel Dieu s'était révélé comme libérateur et sauveur.
Beaucoup d'autres détails de la Cène, en tant que pascale, ne sont pas mentionnés, mais cela vient du fait que, fondamentalement, le récit est très sélectif là encore, comme d'habitude, les Evangélistes ne racontent que ce qui a rapport à leurs objectifs et ils renoncent systématiquement à la préoccupation d'avoir un fil continu qui soit exhaustif. La Cène synoptique met en relief ce qui a rapport au passé de Jésus et à l'avenir de Jésus et des croyants, négligeant de faire le récit complet de l'épisode; mais tout ce qui est raconté est bien à sa place dans le cadre de la thématique pascale. La perspective eschatologique ne fait pas exception (elle se trouve chez tous les Évangélistes et spécialement chez Luc): la Pâque de Jésus, en continuité avec celle de son peuple, célèbre un salut qui est cause et anticipation du salut final. "Le fait d'attendre de boire de nouveau du vin dans le royaume de Dieu est lié à l'idée d'un banquet d'accomplissement" [8] .
La situation change d'aspect quand l'attention se porte sur le récit johannique. Nous pouvons accepter l'idée que le quatrième Évangile ait connu un récit "long" de la passion, comprenant aussi les épisodes que celui-ci rapporte dans les chapitres 12 et 13. La macro-structure de cette séquence, qui narrativement se poursuit dans les chapitres 18 et suivants, est construite sur une référence à la Pâque, mais cette dernière est attendue seulement pour le "Grand sabbat" qui suivra la crucifixion. Le récit de la Cène commence donc par l'indication temporelle: "avant la fête de la Pâque" (13,1) et on ne parle jamais ni de préparer ni de manger la Pâque. On relève en outre deux détails significatifs: ceux qui conduisaient Jésus de la maison de Caïphe au prétoire "n'entrèrent par dans le prétoire pour ne pas se souiller et pouvoir ainsi manger la Pâque" (18,28); de plus, on parle de « parascève » (c'est-à-dire préparation) de la Pâque au moment où se conclut le procès devant Pilate ("vers la sixième heure": 19,14) et aussi au moment où est constatée la mort de Jésus (parascève du jour particulièrement solennel du Sabbat: 19,31). Donc, pour Jean, la Pâque ne commence que le soir du jour où Jésus a été crucifié, et c'est pourquoi la dernière Cène ne pouvait être une cène pascale.
Nous trouvons cependant aussi chez Jean certains détails qui ne semblent par en accord avec le cadre précédent, du moins aux yeux de nombreux commentateurs: les convives sont étendus pour le banquet (18,25), Jésus trempe une bouchée et la tend à Judas (18,26), les disciples pensent que ce dernier doit "donner quelque chose aux pauvres" (18,29). Il semble en effet que, seulement à Pâque, l'ordonnance du repas ait exigé un confort aussi festif et solennel; que la bouchée s'explique bien comme celle des herbes amères de la Pâque qui étaient trempées dans une sauce par le maître de table et offertes aux convives; et l'aumône est une des oeuvres que la piété juive recommande dans le contexte de la Pâque.
Pour ce qui est des aspects apparemment contradictoires, les Synoptiques eux-mêmes ne semblent pas y échapper totalement, car une quantité d'actes posés par les autorités religieuses juives semblent peu explicables et même interdites au moment de la Pâque: on voulait éviter le concours des foules du grand jour de la fête, et on tombe en plein dedans; on organise toute une action judiciaire, une exécution capitale suivie d'une déposition de la croix et d'une sépulture, à un moment sacré qui aurait exigé qu'on s'abstienne de tous ces actes.

La discussion sur la date de la dernière cène [9]
Les termes de la question sont vite énoncés [10] : il n'y a pas de doute que la Pâque a été célébrée le 15 de Nisan; il n'y a pas de doute que Jésus est mort un vendredi et qu'il a été enseveli alors que l'arrivée du Sabbat était imminente, c'est-à-dire peu avant le coucher du soleil) de ce même jour. Mais quel jour était ce vendredi: le 15 ou le 14 de Nisan? Et quel jour a été mangée la Pâque qui conclut la vie familière de Jésus avec ses disciples: le mardi ou le jeudi? Si c'était le jeudi, était-ce à la fin du 13 ou du 14 de Nisan?
L'apparence des textes porterait à dire que, pour Jean comme pour les Synoptiques, Jésus a mangé la dernière Cène le jeudi, a été crucifié et enseveli le vendredi, est ressuscité le premier jour après le Sabbat. Mais pour Jean la Cène eut lieu le 13 (ou mieux, au début du 14 de Nisan et ne fut pas pascale, et c'est encore dans le temps prépascal que se situent tous les événements qui mirent fin à son existence terrestre; tandis que pour les Synoptiques la Cène fut pascale et la crucifixion eut lieu le 15 de Nisan. A quoi est due cette différence? A une différence de tradition ou à une tendance rédactionnelle diverse? Ces traditions diverses sont-elles incompatibles entre elles?
Un cadre synthétique (et simplifié) des réponses peut être présenté ainsi: a) Les Synoptiques anticipent la Pâque parce qu'ils veulent faire coïncider l'institution eucharistique, sceau de la nouvelle alliance, avec la fête de l'ancienne alliance. b) Jean repousse la date de la Pâque parce qu'il veut démontrer que Jésus meurt comme un nouvel agneau pascal, au moment où a lieu l'immolation des agneaux de son peuple [11] . Ces deux réponses ont recours avant tout à la "tendance" (et c'est, substantiellement la même tendance, même si l'aspect qui est interprété de manière "pascale" diffère); ce qui ne préjuge en rien de la valeur historiographique. En fait, la critique continue à se diviser entre deux orientations: l'une affirme que le Nouveau Testament se limite à attester la présence de deux lectures parallèles des circonstances de la Cène dans le cadre des derniers événements de la vie de Jésus, sans nous permettre une reconstruction précise de ces circonstances; l'autre soutient que, parmi les informations que veut nous donner le Nouveau Testament, ces circonstances se trouvent aussi comprises et que, par une recherche adéquate, il ne doit par être impossible de les découvrir. Cette seconde orientation se concrétise souvent dans la préférence accordée à la version synoptique (la Cène fut vraiment pascale). Mais il y a d'autres hypothèses possibles: c) ce qui est premier dans les récits évangéliques de la Cène, ce n'est par l'interprétation mais bien le fait auquel l'interprétation fait suite. Et alors le fait peut être vu ou dans l'une ou dans l'autre des deux versions, ou bien d) le fait est rapporté exactement dans l'une et l'autre des versions, car il est lu dans le cadre de deux calendriers différents.

Suggestions finales
Ma lecture se situe de préférence dans cette série d'hypothèses, et je l'explique en cherchant à partir du point originaire des événements. Jésus et ses disciples ont vécu les événements de la dernière Cène en étant conscients du moment où cela se passait: tout près de la Pâque ou pendant la Pâque elle-même. La conscience de Jésus s'étendait au sens que les événements prenaient (et que lui-même leur attribuait) à ce moment précis; la conscience des disciples était assez limitée, mais elle s'accrut après coup dans la fréquentation des souvenirs. Il n'y a pas de raison de penser que, le temps passant, (un temps qui ne fut pas très long jusqu'à ce que se forment les traditions spécifiques) on ait gardé le souvenir seulement des interprétations et non plus celui de circonstances aussi importantes que celle de la date. Dans la différence qui existe entre le récit synoptique et celui de Jean, on ne peut voir des signes qui suffisent à faire penser à une altération des souvenirs en fonction d'une tendance interprétative de ceux-ci.
Si de telles prémisses sont justifiées, une lecture concordiste des textes n'est plus alors une solution de facilité, elle est une obligation [12] . La suggestion est faite aussi que le récit de Jean aurait suivi le calendrier des Sadducéens pour qui, en l'année de la mort de Jésus, la Pâque tombait un jour après celui du calendrier que suivaient les Pharisiens, et auquel se conforment les Synoptiques. Cela laisse ouvert le problème du calendrier suivi par Jésus lui-même: on entend dire le plus fréquemment que c'était celui des Pharisiens et que celui-ci a donc voulu véritablement insérer son acte "eucharistique" dans le rituel de la Pâque juive [13] . Cette lecture trouve une confirmation dans les détails propres à Jean qui s'expliquent Comme des restes de souvenirs de la fête pascale.
Dans un passé récent, la suggestion d'Annie Jaubert a rencontré un certain intérêt; celle-ci considérait la Cène de Jésus comme une Cène pascale, mais anticipée au mardi soir, selon les indications de l'ancien calendrier attesté par les documents de Qumran [14] : le premier mois de l'année commençait toujours au milieu de la semaine, le mercredi. En conséquence, les événements de la passion se seraient déroulés dans un laps de trois jours: le mercredi, il y aurait eu la première audience de Jésus devant le tribunal juif; le jeudi, la seconde audience et la condamnation (et peut-être le début du procès romain); le vendredi, la sentence prononcée par le tribunal romain et l'exécution capitale.

Cette dernière hypothèse aurait besoin d'approfondissements, vu la difficulté qu'on rencontre à la mettre en accord avec les schémas "concentrés" des narrations évangéliques (qui font certainement penser à un procédé "raccourci"); elle a été mise un peu à l'écart ces dernières années. L'hypothèse qui oppose les usages des Pharisiens à ceux des Sadducéens serait la plus simple, mais elle n'a pas de support documentaire solide, et elle n'explique pas comment ont pu être prises, à l'égard de Jésus, des initiatives interdites un jour de fête. Malgré cela, la valeur testimoniale du récit est concentrée de manière si univoque sur la Pâque que la mettre en doute n'aurait aucun sens. On devra reconnaître, plus simplement, qu'il nous échappe bien des détails qui sont sous-entendus dans ce récit.


Notes
[1] Don Giuseppe Ghiberti est membre de la Commission Biblique Pontificale et président de la section de Turin de la faculté de Théologie d'Italie du Nord où il enseigne également l'Exégèse du Nouveau Testament. Il est aussi professeur de la Philologie Néo-testamentaire à l'Université Catholique "A. Gemelli" à Milan. Parmi ses publications: La sepoltura di Gesù, ed. Piemme 1982; La risurrezione di Gesù, ed. Paideia 1982; Spirito e vita in Giovanni, ed. Paideia 1989. Ce texte est traduit de l'italien. Pour une vue d'ensemble de la discussion, cf. H. Feld: Das Verständnis des Abendmahls (Erträge der Forschung, 50), Wissenschaftliche Buchgesellschaft, Darmstadt 1976. Je renvoie aussi à tous les textes cités dans cet instrument de travail.
[2] II est superflu de dire que, tous les commentaires traitent plus ou moins de cette problématique.
[3] Est éclairante aussi l’œuvre de N. Fuglister, Il valore salvifico della pasqua (Suppl. GLNT, 2), Paideia, Brescia 1976 (traduit de l'Allemand Die Heilsbedeutung des Pascha, Kösel, München, 1963).
[4] On peut trouver une démonstration en ce sens dans A. Schenker, Das Abendmahl Jesu als Brennpunkt des Alten Testamenls. Begegnung Zwischen den beiden Testamenten - eine bibeltheologische Skizze (Biblische Beiträge 13), Schweizerisches Katholisches Bibelwerk, Freiburg 1977.
[5] Un peu diverse me paraît être la position de X. Léon-Dufour dans: Le partage du pain eucharistique selon le Nouveau Testament, Seuil, Paris 1982, qui insiste sur la tendance qu'ont les auteurs néotestamentaires, particulièrement les Synoptiques, à montrer que les ultimes événements de la vie de Jésus "mettent en scène la Pâque de Jésus" et que, donc, on passe "des rites à la personne, du rituel au personnel". On en voit la confirmation dans l’absence d'allusions à l'agneau pascal, aux herbes amères et à d'autres détails propres à la cène pascale juive. Il me semble cependant que cette lecture éclairante par ailleurs - ne respecte par suffisamment la continuité intentionnelle des actes de Jésus avec ceux du rite juif.
[6] L'argumentation et la documentation les plus abondantes nous sont offertes par J. Jeremias: Die Abendmahlasworte Jesu, Vandenhoeck et Ruprecht, Göttingen 1967. Voir aussi E. Ruckstuhl: Die Chronologie des Letzten Mahles une des Leidens Jesu (Schweizerische Katholische Bibelbewegung, 4) Benziger, Einsielden 1963. Dans cette exposition, nous partons de la conviction que "la tradition d'une cène faite par Jésus avec ses disciples le soir qui a précédé la passion a une valeur historique". La chose est moins évidente qu'un ne pourrait le penser, vu la discussion de X. Léon-Dufour que nous avons rapportée.
[7] Pour Luc en particulier, cf. les 3 vol. du grand ouvrage de H. Schürmann sur le récit de la Cène en Lc 22,7-38 (Münster 1952, 1955, 1957); W. Bösen: Jesusmahl Eucharistisches Mahl, Endzeitmahl. Ein Beitrag zur Theologie des Lukas (Stuttgarter Bibelstudien, 97), Katholisches Bibelwerk, Stuttgart 1980 (spécialement 26-29).
[8] R. Pesch: Das Markusevangelium, II. Teil, Herder, Freiburg 1980.
[9] X. Léon-Dufour, o.c., résume l'histoire de la discussion (à partir de 1720) et les orientations des écoles exégétiques actuelles, avec une exposition synthétique des argumentations de J.Jeremias et ses réserves par rapport à celles-ci.
[10] La question est traitée seulement par rapport au jour, du mois. Par contre, je n'aborde par la question de l'année, qui ne touche par directement au problème de la Pâque, même s'il ne devrait par être impossible, au Gas où l'on pourrait établir avec exactitude l'année de la mort de Jésus, de retrouver à partir de là le jour de la semaine où tombaient les 14 et 15 de Nisan. C'est de cette question que s'occupent J. Jeremias, o.c., et J. Blinzler: Der Prozess Jesu, Pustet, Regensburg 1960. Selon Jeremias, les 14 et 15 de Nisan ne pouvaient certainement pas tomber un vendredi dans les années 28, 29 et 32 (que l'on ne peut donc considérer comme celles de la mort de Jésus), tandis que les années 30 et 31 semblent plus favorables à la chronologie johannique (le vendredi 7 ou 27 curi) tombait le 14 de Nisan), même si on n'exclut par complètement la chronologie synoptique (que ce vendredi aurait été alors le 15). Jeremias conclut de ce fait: "La chronologie astronomique ne conduit cependant à aucun résultat sûr". Blinzler penche pour le 14 de Nisan.
[11] Cf. A.J.B. Higgins: The Lord's Supper in the New Testament (Studies in Biblical Theology), SCM Press, London 1964, 12-23. Celui-ci affirme que, tandis que le 4ème Evangéliste, pour des raisons théologiques avance sa chronologie de 24 heures, il dépend d'une tradition (ou de traditions) qui concorde avec les Synoptiques pour considérer la dernière Cène comme une Pâque et pour situer la crucifixion au 15 de Nisan (p. 22-23).
[12] On trouvera une explication simple et bien orientée de toute cette problématique dans E. Galbiati: L'Eucharistia nella Bibbia, I. P. L., Milano 1982, 46-48. Il y joint l'hypothèse que Jésus aurait anticipé la cène pascale, suivant les traditions du rite ancien, mais en excluant cependant le rite de l'immolation de l'agneau au Temple... qu'il aurait agi de sa propre autorité, substituant à l'agneau l'eucharistie (p.147). Il admet cependant que nous n'avons pas de témoignages sûrs de cas de célébration de la Pâque sans agneau, à cette époque.
[13] La présence de plusieurs calendriers est attestée par les écrits retrouvés à Qumran. Mais on ne sait pan très bien comment ces calendriers se distinguaient les uns des autres: on s'en rendra compte dans la thèse de A. Jaubert.
[14] La date de la Cène, Gabalda, Paria 1957; A. Giglioli: ll giorno dell'ultima Cena e l'anno della morte di Gesù, in RBibIt 10 (19629 156-181; E. Ruckstuhl: o.c.; A. Moda: La date de la Cène: sur la thèse de Melle Annie Jaubert , in Nicolaus 3 (1975) 53-116.

 

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