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Présentation
La rédaction
Ce numéro du SIDIC voudrait apporter une contribution modeste mais originale à la discussion du moment sur la place et le rôle de la femme dans la société. Nous pensons que les juifs et les Chrétiens, en s'appuyant sur la Bible hébraïque et le Nouveau Testament, ont quelque chose de spécifique à dire sur la question. L'histoire humaine montre clairement que les relations entre personnes, et particulièrement entre l'homme et la femme, ont toujours été déterminées de façon décisive par les conditions sociales, dans lesquelles les convictions religieuses jouent aussi un rôle important. On peut même affirmer que la religion a souvent cautionné et fortifié les modèles sociaux.
Nous avons pris de nos jours une conscience aiguë des nombreuses injustices qu'il y a dans les relations humaines. L'un des domaines - le plus fondamental peut-être - où se manifestent bien des formes de discrimination est celui des relations entre l'homme et la femme. Les différences qui existent entre eux - biologiques, psychologiques et autres - ont souvent été comprises en termes de supériorité et d'infériorité; les conséquences discriminatoires sont, de ce fait, si profondément enracinées dans l'histoire que l'on a considéré cette situation comme « normale ».
Il est d'autant plus stupéfiant d'entendre le peuple d'Israël affirmer, il y a de cela trois mille ans, la conviction religieuse que l'homme et la femme sont égaux: « Dieu créa l'homme à son image, à l'image de Dieu il le créa, homme et femme il les créa » (Gn. 1, 27). Israël ne pouvait proclamer cela qu'en raison de son exceptionnelle ex périence de Dieu à qui íl était lié par l'Alliance et qu'il reconnaissait comme le seul Dieu unique. C'est le monothéisme biblique qui fournit une base religieuse à l'égalité de l'homme et de la femme. Juifs et Chrétiens partagent cette même vision de l'homme. Mais la vie quotidienne comporte autre chose que des sommets d'expérience religieuse et des manifestations sublimes de foi. Juifs et Chrétiens sont soumis également aux vicissitudes du développement historique. La réalisation de l'idéal reste toujours du domaine de l'avenir.
La discrimination historique contre les femmes est liée à une vue déformée de la personne humaine. L'intérêt accru pour la justice et la liberté, l'accent de plus en plus marqué mis sur le pluralisme sont, à n'en pas douter, une bonne base pour la lutte contre la discrimination. Mais l'égalité dans la diversité chez les êtres humains, spécialement entre l'homme et la femme, ne sera pas atteinte tant que la dignité et le mystère de la personne humaine n'auront pas été redécouverts et ne seront pas respectés.
Juifs et Chrétiens ont ici une responsabilité spéciale. Les sources de leur foi peuvent les aider à bâtir une société dans laquelle les innombrables différences entre hommes et femmes - en égalité absolue - refléteront les infinies richesses et la beauté du Dieu UN.